Nord-Mali : l'intervention militaire de la Cédéao n'est pas pour demain
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a souligné mardi dans un entretien à l'AFP que toute intervention militaire africaine au Mali nécessitait au préalable des négociations politiques, suggérant ainsi qu'une opération ouest-africaine n'était pas pour demain.
Interrogé sur le calendrier d'une telle intervention - réclamée officiellement par Bamako et programmée par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) - Ban Ki-moon n'a donné aucune échéance, renvoyant à la décision des Etats membres du Conseil de sécurité. "Tous les besoins doivent être clarifiés. Quels sont les buts et le mandat ? Le Conseil de sécurité doit être d'accord à ce sujet", a-t-il fait valoir.
Dans la matinée, lors de sa conférence de presse à l'Elysée avec le président français François Hollande, ce dernier avait pourtant souligné que l'objectif était clair: "éradiquer le terrorisme" qui menace la stabilité dans cette région du monde. François Hollande avait même ajouté qu'aucun des grands pays membres du Conseil de sécurité ne s'opposerait à une opération demandée par Bamako et la Cédéao. Mais manifestement ce n'est pas gagné. Puisque les choses traînent, les déclarations réservées de Ban Ki-moon pourraient doucher l'enthousiame français quant à une intervention militaire avant la fin de l'année.
"Le déploiement de forces doit être sérieusement étudié", a poursuivi Ban Ki-moon. "Ma position comme secrétaire général est, qu'avant toute opération militaire, il y ait des négociations politiques et un dialogue", a-t-il insisté. Une déclaration qui va inévitablement conforter Alger qui rejette l'idée d'une intervention militaire.
Pourtant récemment, le responsable de l'ONU en Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit, avait laissé entendre que la "préparation" d'un déploiement militaire au Mali contre les groupes islamistes armés qui occupent la moitié nord du pays devait se dérouler parallèlement à un "dialogue" avec certains d'entre eux. Histoire de maintenir les portes du dialogue ouvertes tout en mettant la pression. Une réunion de représentants de la communauté internationale le 19 octobre à Bamako devrait être "l'occasion de se mettre d'accord sur une stratégie avec les Maliens, avec les pays de la région, pour qu'il y ait une convergence de vues, sur comment agir vite et efficacement pour le Mali et le Sahel", avait précisé Saïd Djinnit. Le président du Burkina Faso a déjà reçu des membres du MNLA et d'Ansar dine dans le cadre de ce dialogue. Deux groupes qu'Alger veut voir éloignés d'Aqmi et du Mujao.
Le Conseil réclame des plans détaillés
"Dans la partie nord du Mali, la situation est très difficile", a abondé Ban Ki-moon. "La plupart des zones sont maintenant occupées par des islamistes extrémistes qui imposent les règles de la charia", a-t-il dit dans une allusion à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). "Nous devons discuter de toutes ces questions d'une manière plus cohérente", a cependant demandé le secrétaire général de l'ONU.
Interrogé sur la solution militaire, il s'est montré à nouveau très prudent. "Il faut être très clair, (avoir) des plans concrets et des modalités" d'application, a-t-il dit. Savoir "ce que seront les conséquences dans la région d'un déploiement de forces militaires" au Mali. A la question de savoir si un tel déploiement de troupes pourrait intervenir avant la fin de l'année ou au printemps, il n'a pas souhaité se prononcer. "Les membres du Conseil de sécurité sont d'accord pour discuter du sujet mais la rapidité d'une décision revient aux Etats membres", a-t-il fait valoir. "Je ne peux pas dire qu'il n'y a pas de consensus. Ils (les membres du Conseil) ont réclamé des planifications, davantage de plans et propositions détaillées. Ils attendent des réponses des dirigeants africains", a-t-il conclu.
Avec AFP
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