Chadli Bendjedid s'est éteint : deuil de huit jours
Chadli Bendjedid, président de l'Algérie de 1979 à 1992, est décédé samedi à Alger à l'âge de 83 ans des suites d'un cancer, a annoncé l'agence algérienne APS. Un deuil national de huit jours a été décrété, selon un communiqué présidentiel diffusé dans la soirée. Son enterrement est prévu lundi 8 octobre.
Cette même source a indiqué que l'ex-président serait enterré lundi à Alger, dans le carré des martyrs du cimetière d'el-Alia. "Afin de permettre aux membres des corps constitués et à la population de se recueillir à la mémoire du regretté défunt, la dépouille de celui-ci sera exposée au Palais du Peuple, le dimanche 7 octobre 2012, à compter de midi", indique un communiqué de la présidence de la République. L’enterrement aura lieu le lundi 8 octobre 2012, après la prière du Dohr au Carré des Martyrs, au cimetière d’El Alia. En cette douloureuse circonstance, le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a décrété un deuil national de huit jours sur l’ensemble du territoire national à compter de ce jour (samedi), ajoute le communiqué de la présidence.
En France, le ministère des Affaires étrangères a salué samedi la mémoire de l'ancien président algérien. "C'est avec tristesse que nous avons appris le décès, annoncé aujourd'hui, de l'ancien président, M. Chadli Bendjedid. La France salue la mémoire de celui qui a dirigé, pendant treize années, la République algérienne démocratique et populaire et qui, à ce titre, a instauré le multipartisme dans son pays", a déclaré dans un communiqué le porte-parole du ministère, Philippe Lalliot.
Chadli libère Ben Bella et réprime le MCB
Chadli Bendjedid, troisième chef d'Etat algérien, avait été admis, il y a plus d'une semaine, à l'hôpital militaire d'Aïn Naâdja à Alger, selon l'APS. Il avait rejoint le maquis constantinois dès le début de la guerre de libération nationale de 132 ans de colonialisme français, du 1er novembre 1954 à l'indépendance du pays en 1962. Elu une première fois à la présidence en 1979, son parcours est en clair-obscur. Car il fait certes libérer après 14 ans de prison et d'avanie le premier président de l'Algérie indépendante Ahmed Ben Bella, renversé en juin 1965 par Boumediene, Bouteflika, et leur clan, et autorise le retour des opposants historiques Hocine Aït Ahmed et Bachir Boumazza. Mais pas seulement, à partir des années 1980, le régime, sous son autorité, a laissé faire voire encouragé la montée des islamistes dans les universites pour contrer les militants berbéristes et les communistes, qui y étaient puissamment implantés. Parallèlement, il réprime violemment les manifestations pour la reconnaissance de l'identité amazighe menées par le Mouvement culturel berbère (MCB). nombre de ses militants comme Ferhat M'henni, Saïd Sadi, Abboute Arezki, Aït Larbi Mokrane et bien d'autres seront jeté en prison. En 1985, les militants des droits de l'homme dont Ali Yahia Abdenour, Saïd Sadi, Aït Larbi et bon nombre d'autres sont accusés d'atteinte à la surete de l'Etat. Leur tord ? Avoir créé la première ligue des droits de l'homme. Dans sa volonté d'intimidation et de répression de toute expression libre, même l'immense poète pacifiste Lounis Aït Menguellet est arrêté et jeté en prison pour "trafic d'armes", avait-on argué à l'époque.
Son mandat présidentiel est renouvelé en décembre 1988, après les sanglantes émeutes d'octobre contre la vie chère et pour la démocratie. Bendjedid a été ensuite à l'origine de la démocratisation des institutions, notamment par la promulgation d'une constitution pluraliste en février 1989 et la renonciation à la présidence de l'ancien parti unique, le Front de libération nationale (FLN), en juillet 1991.
Fin 1991, les islamistes du Front islamique du salut (FIS-dissous) remportent le premier tour des élections législatives. Ils avaient déjà demandé des présidentielles anticipées, dès leur premier raz-de-marée électoral aux municipales de juin 1990. Mais l'armée interrompt le processus électoral et le pays plonge dans une guerre civile qui a fait 200.000 morts. Le 11 janvier 1992, Bendjedid est forcé à la démission par l'armée, et comble de l'ironie d'un ancien tout-puissant chef de l'Etat, il se retrouve assigné à résidence à Oran par le Haut comité de l'Etat. Il retrouve la liberté après l'élection d'Abdelaziz Bouteflika à la présidence en 1999. Celui-là même qu'il a éliminé de la course à la présidentielle en 1979 avec le soutien de Kasdi Merbah. chadli Bendjedid ne se montrait que rarement au public, et ne faisait que très rarement de déclaration. Il avait participé à une rencontre sur Chaabani notamment.
En janvier dernier, il avait été hospitalisé au Val-de-Grâce à Paris pour un cancer, puis brièvement hospitalisé de nouveau en mai et en octobre. Ses mémoires doivent être publiées le 1er novembre, date anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale en 1954.
Hamid A./AFP/APS