La Journée de l'enseignant, entre ingratitude et reconnaissance
Ce récit est inspiré d’une tentative de redorer le blason d’un directeur nouvellement sorti en retraite, un responsable qui, malgré ses magouilles instinctuelles, a réussi à se maquiller en une personne gentille, serviable, tout en usant du machiavélisme pour semer la division et le favoritisme au sein d’un même collectif.
J’assume entièrement mon refus de contribuer à une collecte destinée à primer le responsable en question, parce que, n’étant plus celui qui applaudi traitreusement l’inconduite, je resterai Fidel à ma position d’un homme qui dénoncera tout ce qui est pervers, médiocre et hypocrite. Quand on assiste à une destruction massive des esprits et qu'on se contente de revendiquer notre pain journalier, le cataclysme est à redouter. La cible privilégiée des pouvoirs totalitaires reste toujours l'Ecole pour former ainsi des handicapés moraux qui ne peuvent qu'accentuer la gangrène culturelle et occasionner l'amputation sociale.
Mis à part le côté morbide des programmes enseignés qui génèrent l'apparition de comportements qui expliquent la bêtise préméditée au sein de la plus noble institution de tous les pays, l'état précaire de l'enseignant algérien demeure le problème majeur le moins pris en charge par les décideurs qui savent pertinemment que la mise à l'aise de l'instituteur sur le plan financier ne fera qu'élever notre dignité culturelle au sommet de la gloire, chose qui dérange éminemment ceux qui planifient la chute du savoir dans ce pays, les preuves en sont très criantes. Notre étudiant sortant de l'université nationale est incapable de rédiger une missive correctement ni sur le plan sémantique ni sur le plan orthographique.
Nos jeunes, munis d'attestations de licence, sont dans l'impossibilité de raisonner ni de critiquer objectivement, devenant des sujets conditionnés par les théories pédagogiques plutôt obscurantistes inoculées dès son entrée à l'école. Devant cet état de fait, malgré sa dangerosité, l'enseignant algérien vivote, sans réaction aucune la pauvreté émaille son quotidien, la précarité menace son avenir de phare de la nation, et ses représentants à qui est incombée la tâche de défendre ses intérêts socioprofessionnels, à savoir le fameux syndicat national, en l'occurrence, l'UGTA, sont vendus, troquant tous les avantages des fonctionnaires contre les intérêts personnels des dirigeants, un syndicat qui s'est mis volontairement au diapason du pouvoir sus aux travailleurs de tous les secteurs. En ce 5 octobre, l'enseignant algérien fêtera sa journée mondiale dans une Algérie qui geint encore sous les fouettements d'une oligarchie polyvalente dans sa tyrannie.
Chekri Rachid, enseignant et écrivain, Akbou
Commentaires (2) | Réagir ?
Je me demande. Et si cette intélligence et cette énergie que les decideurs ont mis au service de la construction au lieu de détruire. Ce travail de fond qui consiste à aveugler toute la société en usant de l'école ne constitue-t-il un dérrapge profond? quel interêt aurait ce detenteur du pouvoir à regarder ses administrés dans un désordre qui dit et qui tait son nom. La faune souffre de même que la flore de l'esbroufe citoyenne.
Un bel échantillon du naufrage de l'enseignement. J'imagine que ce même texte déclamé par son auteur en arabe hedjazien vous fait pousser une barbe illico presto.