Turquie : des obus syriens tuent cinq civils

La population turque est remontée devant les attaques répétées.
La population turque est remontée devant les attaques répétées.

La tension entre les deux pays augmente de nouveau.

Cinq civils turcs ont été tués et plusieurs ont été blessés mercredi dans une localité frontalière de Turquie par des obus tirés de Syrie, l'incident le plus grave entre les deux pays depuis la destruction d'un avion militaire turc par un missile syrien en juin. Ces tirs, dont l'origine restait à déterminer, ont frappé le village d'Akçakale, juste en face du poste-frontière syrien de Tall al-Abyad qui a récemment été le théâtre d'intenses combats entre l'armée fidèle au président syrien Bachar el-Assad et les rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL). Selon le maire de la localité Abdülhakim Ayhan cité par les télévisions turques, ce bombardement a provoqué la mort de cinq personnes, "une mère et ses quatre enfants", et a fait neuf blessés, également des civils.

Mares de sang

Les images diffusées sur les chaînes de télévision turques montraient mercredi des policiers au chevet de personnes gisant dans des mares de sang. "Une femme a été déchiquetée par l'explosion sous mes yeux", a raconté à l'AFP un habitant d'Akçakale. Il s'agit d'un "incident très grave qui dépasse les bornes", a immédiatement réagi le vice-Premier ministre turc, Besir Atalay. Le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, en a immédiatement informé le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et a convoqué dans la foulée une réunion d'urgence à son ministère. Le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a lui aussi réuni ses conseillers pour, selon une source informée, se tenir informé de la situation et étudier une éventuelle riposte. L'incident est le plus grave survenu entre la Turquie et la Syrie voisine depuis juin dernier, lorsque la défense antiaérienne syrienne a abattu un avion de combat turc, provoquant la mort de ses deux pilotes.

Balles perdues

Les Syriens avaient alors affirmé avoir ouvert le feu sur le chasseur turc parce qu'il avait violé leur espace aérien, ce qu'Ankara a toujours nié. Après plusieurs jours d'escalade verbale entre les deux capitales et des menaces de riposte turque restées sans suite, le président Assad avait finalement confié dans la presse turque regretter l'incident et la tension était retombée.

Longtemps proche du régime syrien, la Turquie, qui accueille aujourd'hui près de 100 000 réfugiés syriens sur son sol, soutient ouvertement depuis des mois les rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL) et a appelé à de nombreuses reprises à la chute de Bachar el-Assad. Depuis la mi-septembre, la localité turque d'Akçakale a été à plusieurs reprises victime des combats qui ont opposé, juste de l'autre côté de la frontière, les troupes fidèles au régime syrien aux rebelles. Les écoles du secteur sont fermées côté turc depuis plusieurs semaines pour des raisons de sécurité.

Le petit poste-frontière de Tall al-Abyad est finalement tombé aux mains de l'ASL mi-septembre, mais des combats sporadiques s'y sont poursuivis depuis. Plusieurs civils turcs ont été blessés par des balles perdues et un premier obus tiré côté syrien y avait même endommagé un bâtiment la semaine dernière. Après le précédent incident, Ankara avait mis en garde Damas et, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, menacé son voisin de représailles en cas de nouveaux tirs sur Akçakale. L'armée turque avait aussi déployé des renforts dans le secteur, notamment de l'artillerie. "Il y a de la colère dans notre localité envers la Syrie et les autorités locales", a souligné mercredi soir le maire d'Akçakale, rappelant la longue liste des incidents.

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