Alger : un sit-in des familles de disparus réprimé
Le sit-in observé par les familles de disparus samedi à Alger et soutenu par plusieurs associations de militants des droits de l'homme a été réprimé par la police pour avoir dénoncé les mensonges de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Plusieurs manifestants ont été interpellés.
Les forces de police ont réprimé un sit-in des familles de disparus ce samedi 29 septembre sur l'esplanade de la Grande poste à Alger pour dénoncer la Charte pour la paix et la réconciliation nationale qui, ont-elles clamé "n’a rien apporter aux victimes" et exiger "une commission d’enquête indépendante". Membre fondateur de SOS Disparus et frère d’un disparu, Hacene Ferhati a déclaré à la presse qu'aucune mesure n'a prise et pour les familles des disparus qui continuent à être réprimées, réduites au silence et qu'aucune enquête n'a été enterprise sur les disparus durant la décennie noire, contrairement à ce qu'affirment les autorités algériennes.
Les services de sécurité, venus en force, ont pris en tenaille la soixantenaire de membres de SOS disparus et de militants des droits de l’Homme venus soutenir les membres des familles de disparus.
Plusieurs participants au sit-in ont été interpellés par les services de sécurité. Parmi les militants interpellés : Kader Afak et Douaib Laadjal du Réseau de Défense des Libertés et de la Dignité (RDLD) et le jeune blogueur Tarik Mammeri. La police les a conduits au commissariat de Cavaignac pour les libérer au cours de la même journée, aux environs de 14h.
Dans un communiqué de presse rendu public ce samedi 29 septembre à l’occasion du 7ème anniversaire de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, les familles des disparus ont lancé un appel aux autorités algériennes les exhortant à "agir de bonne foi en ratifiant la Convention internationale contre les disparitions forcées, signée le 06 février 2007". Elles signifient aux autorités qu'elles ne pourront accepter "aucun compromis qui porte entrave à leur droit à la Justice et à leur droit à la vérité sur les conditions de disparition des milliers d’algériens; un compromis qui aura comme seul objectif d’occulter et retarder la vérité, ce qui serait insupportable pour les générations futures."
La semaine écoulée, Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH) avait déclaré que la question des disparus était définitivement réglée et que le dossier était clos. Suite à la demande d'une commission d'enquête d'experts internationaux urgente et sans conditions sur la question des disparitions forcées ou volontaires durant la décennie noire par le Haut-commissaire des Nations Unies pour les droits de l'homme, Navi Pillay, en visite à Alger, Farouk Ksentini est monté au créneau en affirmant que l'Algérie n'avait rien à cacher sur ce sujet épineux. Le Président de l'APN, Mohamed Larbi Ould Khelifa, s'est même permis cette boutade: "L’Algérie n’a pas besoin de guide intérieur qui use parfois de la démocratie et des droits de l’homme à des fins de pression et de chantage".
Rappelons que les sit-in hebdomadaires observés par les familles de disparus devant l'Observatoire, place Adis-Abéba, ont été interdits. Quelques familles, irréductibles, tiennent encore les photos de leurs porches dont ils sont sans nouvelles depuis une vingtaine d'années à proximité des lieux.
La répression de ce sit-in de la Grande poste, à Alger, vient encore une fois montrer, si besoin est, que les réformes d'Abdelaziz Bouteflika ne sont qu'une parodie de démocratie et que le "nettoyage" promis par le "plan d'action" du gouvernement Sellal ne signifie rien d'autre que ce nettoyage par l'intimidation, la matraque et la terreur.
R.N/Agences
Commentaires (1) | Réagir ?
Réprimer des familles qui ont perdu un fils ou un père et dont ils ne savent même pas où ils sont enterrés. Même le colon Français n'a pas fait ça