Moulay Driss Chentouf répond aux dissidents du FFS

La mobilisation de tous est urgente.
La mobilisation de tous est urgente.

Moulay Driss Chentouf, coordinateur national du Parti pour la Laïcité et la Démocratie (PLD), répond dans ce long entretien à l’initiative lancée par les cadres dissidents du FFS pour une conférence nationale sur une alternative politique démocratique en Algérie.*

Lematindz : Vous sentez-vous concerné par l’initiative prise par les cadres dissidents du FFS, qui sont actuellement en train d’écrire une charte ou une plate-forme ou peu importe comment on l’appellera, pour un projet de conférence nationale sur une alternative politique démocratique en Algérie, autour de laquelle ils veulent réunir tous les militants qui sont engagés dans une double rupture, aussi bien avec le système de pouvoir qu’avec l’islamisme radical. Une initiative qui selon eux a pour objectif de créer un contre-pouvoir pour exercer une pression sur lui et le contraindre pacifiquement à s’engager dans un véritable changement du système politique ?

C’est déjà pas mal qu’ils en arrivent à la double rupture. Ils ont mis du temps pour comprendre la nécessité de cette double rupture. On verra quand la charte sera prête, quand on l’aura sous les yeux, pour pouvoir se prononcer, mais pour nous il faut qu’ils comprennent qu’une charte se fait en commun. Il faut se mettre autour d’une table. La question n’est pas que quelqu’un vienne avec une charte et il essaie de l’imposer. Est-ce que ce n’est pas déjà important qu’il y ait eu ce premier pas ? Il est important que l’on se mette autour d’une table et chacun vient avec ses propositions. Pour nous, il faut qu’ils comprennent qu’une charte se fait en commun, il faut se mettre autour d’une table et il n’est pas question que quelqu’un vienne imposer ses propositions.

Oui, mais la charte qu’ils envisagent de proposer reste ouverte à la discussion.

J’insiste, il faut que l’on se mette autour d’une table et que chacun vienne avec ses propositions. Puisqu’ils disent que la charte qu’ils proposent sera ouverte à la discussion durant la conférence nationale, à ce moment-là leur charte à eux sera considérée comme leur propre proposition, et donc c’est à vous de venir à la conférence avec vos propres propositions, on aura déjà gagné du temps, parce que vous avez déjà eu en main leur charte, ce qui permet au débat d’être déjà en avance ! Oui, entendu comme ça, il n’y a pas de problème, on peut le faire, on se met autour de cette table et on discute, il faut que l’on accepte ce principe, pour éviter d’agir comme le système lui-même, que l’on discute entre nous, entre démocrates, d’une charte, ou de ceci ou de cela, le principal est d’éviter de vouloir l’imposer aux autres.

Si je comprends bien ! vous donnez votre accord sur le principe de participer à cette initiative ?

Absolument. À condition que l’on accepte le principe de discuter autour d’une table. Le problème, il est là, c’est ce qui a fait que la CNCD a échoué. À un moment, on était autour de la table, et puis tout s’est arrêté et on a voulu se retirer. C’est malheureux quand même de faire ce constat ! que l’opposition ne sait pas encore discuter démocratiquement autour d’une table. Oui, on a tendance toujours à rompre la discussion pour un oui ou pour un non.

Et à l’intérieur du PLD, comment ça se prend les décisions ?

Au PLD, on prend les décisions de façon collégiale, tout en respectant la parité hommes femmes. On n’est pas un grand parti, on n’a pas beaucoup de décisions à prendre. Pour les élections, notre décision est prise depuis longtemps, on n’ira pas aux élections avec ces gens-là. On ne discute pas du rapport du religieux avec le politique, on est un parti laïc et la laïcité est affichée sur le fronton du parti, ceux qui ne sont pas d’accord, ils changent de parti. Notre parti se rajeunit de plus en plus, on a de plus en plus des jeunes qui militent pour la laïcité et qui nous rejoignent, particulièrement de Constantine et d’Alger. Ce qui nous fait croire qu’il y a partout des jeunes qui adhèrent à un projet de société laïque. Moi-même je ne suis ni le président ni le secrétaire général du parti, notre rôle consiste beaucoup plus aujourd’hui à accompagner les jeunes. On n’abandonnera pas notre responsabilité comme ça en laissant les jeunes tous seuls.

Pour revenir à la question de la conférence nationale, si les initiateurs de ce mouvement ne tranchent pas la question de la séparation du politique et du religieux, est-ce que vous êtes disposé à y participer quand même ?

Pour nous, il n’est pas question de participer à un mouvement qui ne tranche pas sur cette question de la séparation du religieux et du politique. C’est comme le système aujourd’hui, ils sont pour la séparation du religieux et du politique, mais dans les faits ça ne se concrétise pas. Parce qu’il y a l’article 2 de la Constitution qui dit que l’islam est la religion de l’État. Cette question doit être tranchée, il ne faut pas rester au niveau des déclarations d’intention, il faut passer aux actes, ils disent que le peuple aujourd’hui ne comprend pas, mais lorsque l’on sera passé aux actes, il comprendra.

Chez les initiateurs de ce mouvement, ils considèrent que poser la condition de cette séparation pour réunir l’opposition qui est en rupture avec le système, relève d’une question théorique et intellectuelle et non d’un ordre politique.

Ils iront tous seuls à ce moment-là.

Je vais tenter de vous poser la question d’une façon un peu biaisée. En Tunisie et en Égypte les partis islamistes ont participé au processus démocratique, en rassurant la population, qu’ils n’appliqueront pas la charia, s’ils sont amenés à être élus, on connaît la suite. Est-ce que vous, vous serez disponible à vous asseoir à la table où il y aura des islamistes qui vous promettront la même chose ?

De toute façon, ça c’est absurde, il n’y a pas de partis islamistes qui seront pour la laïcité. Chez nous, même Amar Ghoul dit qu’il n’est pas un parti islamiste. Maintenant s’ils disent que l’on est pour la laïcité, et bien qu’ils soient les bienvenus. Si les gens sont pour la laïcité, il faut qu’ils passent à son application. Et à ce moment-là ! il faut retirer l’article 2 de la Constitution. Nous, dans ces conditions, on peut participer à cette conférence, mais si le terme laïcité vient bloquer l’avancement du débat, on pourra négocier, mais à condition de retirer l’article 2 de la Constitution, opter pour la séparation de la religion et du politique, et passer à l’application. Dire que le peuple algérien est à majorité musulmane, ne doit pas être une justification pour remettre en question ce principe de séparation du religieux et du politique et de retirer l’article 2 de la future Constitution. Pour protéger les minorités et les athées, parce qu’il y a des athées en Algérie, et il y en a beaucoup, dont il faut tenir compte.

Et, donc, la question de l’école va être au centre de ces discussions, parce qu’il faut la libérer du poids des principes du créationnisme !

Oui, il faudra mettre de l’ordre là-dedans, l’école, il faut qu’elle soit fondée sur des principes universels. Il faut introduire à l’école la morale laïque.

Est-ce que l’on a une idée d’un point de vue comptable sur les forces réellement laïques en Algérie ?

Pour ça, il y a un centre de recherche basé à Doha qui a fait des études statistiques, qui travaille sur le monde arabe, selon les résultats de leurs recherches, ils disent qu’il y a 38% de laïcs en Algérie. Dans l’interprétation de ces résultats, ils disent que s’il y a des élections propres en Algérie, les islamistes sortiront vainqueurs. Mais nous, ce qui nous intéresse, ce sont les 38% de laïcs, qui est un pourcentage non négligeable et en plus dans les conditions actuelles de l’école, des médias, du système politique, etc. Beaucoup de cadres de partis démocrates sont acquis à la laïcité, mais ils ne le disent pas, parce que les conditions aujourd’hui ne le permettent pas. Une priorité aujourd’hui qui s’impose, c’est, d’aller à cette conférence nationale, structurer un contre-pouvoir, en finir avec le système, et ne pas perdre de vue la question de la laïcité. Ce qui est urgent, c’est de sauver le pays, parce que le pays est en danger, ce n’est pas de la rigolade, on veut couper le pays, aujourd’hui il faut penser à tout dissoudre et tout refaire. Concernant cette conférence, ce n’est pas une affaire de quelques personnes, il faudra que chacun apporte sa contribution, et persévérer dans le long terme, il y va de l’intérêt supérieur du pays. Il faut sortir des méthodes d’Aït Ahmed et de Saïd Sadi, parce que l’on ne réussira pas avec ces méthodes-là, qu’est-ce que ça coûte d’appeler et dire que l’on est en train de s’organiser, qu’il faut s’organiser, ils font comme si le problème était déjà réglé d’avance. S’ils veulent que l’on vienne autour d’une table, il faudra à ce moment-là qu’ils invitent les gens à venir chacun avec sa propre charte, et on voit quelle est la meilleure charte, et voir s’il faut que l’on change quelque chose par-ci, par-là, et on fait une synthèse.

Benyounès a déclaré tout récemment qu’il va y avoir dans deux mois un grand changement en Algérie, que la population va être très agréablement surprise, vous pensez qu’il est crédible ?

Il y a beaucoup de gens du système qui font circuler ce genre de rumeurs, pour dire à la population restez tranquilles, ne bougez pas, ça va changer.

Une stratégie en quelque sorte pour gagner du temps et faire durer indéfiniment le statu quo.

En perspective des prochaines élections, pour encore dissuader la société de ne pas faire comme aux législatives d’organiser le boycott. Aujourd’hui Benyounès fait partie des rouages du système, c’est dommage, voilà un démocrate qui a réintégré le système et qui se fait des illusions, parce que l’on lui a donné un poste de ministre, il va uniquement renforcer son parti, je suis convaincu que ce parti disparaîtra comme tous les autres le jour où l’on mettra de l’ordre en Algérie. Qu’est-ce que ce parti a comme programme qui le différencie de celui de Bouteflika ?

Ils se servent de gens comme Benyounès, qui passent pour être des démocrates pour rendre crédible la rumeur…

Voilà ! oui, c’est une stratégie dirigée contre les gens qui essaient de réfléchir, de s’organiser, pour les bloquer. Faire en sorte que ça ne bouge pas dans la société, ils ont peur que ça bouge au niveau de la société. Il y encore la rentrée sociale, ça risque de bouger aussi, et s’il y a une jonction entre le côté social et le côté politique, il peut y avoir un changement. Parce que les syndicats bougent, les syndicats autonomes bougent, tous les travailleurs de tous les secteurs bougent. Malheureusement, de ce côté-là ! il n’y a jamais eu de jonction, déjà entre eux, il n’y a jamais eu de jonction, y compris entre les politiques eux-mêmes il n’y a pas de jonction, pour l’instant le système a de beaux jours devant lui. d’autant plus qu’il est soutenu par les Occidentaux qui les maintiennent. C’est un peu le cas des démocrates aujourd’hui. Se décider comme vient de le faire les cadres contestataires du FFS, dont l’initiative a ce défaut, de se lancer dans l’organisation d’une conférence nationale qui passera pour une initiative à eux, alors ! qu’elle serait plus efficace, si on se mettait autour d’une table tous pour décider collectivement. Tu organises une conférence, tu invites des gens, tu proposes une charte et l’on doit être d’accord avec toi. À mon avis, il serait plus efficace si on se mettait autour d’une table et on essaie de proposer quelque chose.

Que représente le nouveau changement du gouvernement pour vous ?

Le nouveau gouvernement est un changement dans la continuité. Sellal est un cadre de l’État depuis une vingtaine d’années, il est dans les rouages et ce n’est pas lui qui va changer quoi que ce soit. Les gens se trompent à son sujet, car, ce n’est pas parce qu’il était chef de compagne de bouteflika que c’est un homme à lui. Sellal est un homme du système, qui est mis en place pour préparer une éventuelle transition, que ça soit bouteflika ou un autre. L’argument, qui consiste à dire qu’il a été mis en place pour mettre en place un programme pour les jeunes, est un leurre. Sellal ne peut apporter aucun changement ni pour les jeunes, ni un quelconque changement. Il y a des ministres qui ont étaient nommés soi-disant qu’ils sont tous nouveaux, mais en réalité ils sont dans les rouages depuis toujours, ce sont des nouveaux anciens. Prenant comme exemple le ministre de la formation professionnelle, Monsieur Mébarki, il est dans les rouages de l’État depuis 30 ans. Pendant qu’il était en train de faire sa thèse en France en 1985, l’ancien ministre de l’enseignement supérieur l’avait appelé, pour reprendre le rectorat et pour le préparer à un poste de ministre. Il a attendu son tour, et avant cela, il était directeur de cabinet du président du sénat, Monsieur Bensalah. C’est toujours les mêmes, ils sont là depuis toujours, il n’y aura aucun changement, c’est toujours la même feuille de route. Le pire, c’est ! qu’aucun ministre ne gère son secteur, ce n’est pas lui le décideur, il y a des forces occultes qui dirigent, qui se situent à la présidence, dans l’armée, un peut partout. Benbouzid hier ne décidait de rien et Mébarki aujourd’hui ne décidera de rien non plus. Aucun ministre n’est responsable de son secteur, aucun, c’est faux de dire le contraire. Le plus ancien des ministres, il est ministre depuis le 5 octobre ’88, Benbouzid était ministre déjà depuis 1994, et Rahmani est toujours là dans les tablettes. Rahmani a toujours été dans le temple du système. Il faut bien qu’ils aient un homme sous la main, en cas où il y a un accident en cours de route, c’est ça le temple du système. C’est Rahmani, c’est Ouyahia, c’est Belkhadem, c’est ça, ça tourne autour de ces gens-là. C’est comme ça que le système se maintient. Sellal, c’est quelqu’un d’agréable, c’est un bon technocrate, mais ce n’est pas avec Sellal qu’il y aura du changement.

Comment expliquez-vous cette spectaculaire poussée de partis politiques ?

Quel est l’objectif d’avoir une centaine de partis politiques, c’est pour diviser, c’est pour affaiblir l’opposition, avant ils étaient contre la création des partis, et tout d’un coup ils en ont légalisé un nombre important, cela prouve qu’ils ont reçu une directive de quelque part. Qu’est-ce que c’est qu’un parti politique qui affiche dans ses locaux le portrait de Bouteflika, c’est quoi un parti politique qui n’a pas de programme et qui défend le programme de Bouteflika, que même s’il demande un autre programme, il défend Bouteflika ? c’est comme pour Louisa Hannoun, tout le monde est mauvais sauf Bouteflika. Ce n’est pas ça la politique, c’est pour cela que les citoyens en ont marre, ils mettent tout le monde dans le même sac, y compris nous-mêmes. Nous on paye les frais de ce fonctionnement de la politique, ou la population nous met dans le même sac parce que l’on ne nous écoute pas, parce que l’on n’a pas un accès aux médias, on est seulement écouté dans une certaine élite. On subit ce traitement parce que nous on ne veut pas de la politique du strapontin, on nous a appelés pour nous légaliser, on nous a appelés pour participer aux réformes, et nous on ne veut pas figurer sur cette façade démocratique. C’est avec cette stratégie de la participation qu’ils ont réussie à venir à bout du MDS et aujourd’hui ils ont fait la même chose avec le FFS. Le MDS, ils l’ont utilisé pour diviser le parti, on était relativement un parti très structuré, ils les ont fait participer aux élections législatives de 2008, ils ont eu une place de député, (ils leur ont donné un strapontin), et c’est pour cela que l’on s’est séparés d’eux.

On dit çà et là que Bouteflika a cédé une partie de son pouvoir à Sellal, que ce n’est plus lui qui va présider le Conseil des ministres, comment peut-on comprendre ça, est-ce qu’il y a réellement un transfert de pouvoir ?

Il n’y a pas de transfert de pouvoir, la succession n’est pas encore réglée au niveau du pouvoir. Il faut tenir compte de son état physique, il n’est même pas capable de diriger les réunions, il arrive à peine à gérer les interventions mondaines, à recevoir du monde, il fait des par-ci par-là ; je fais la comparaison avec Aït Ahmed, qui n’est plus à même d’intervenir dans la crise du FFS. Donc Bouteflika n’est plus à même de diriger des réunions depuis longtemps déjà. Entre Sellal et Bouteflika ce n’est pas important qui préside au conseil des ministres, car le pouvoir réel réside ailleurs, tout dépend du rapport de forces qu’il va y avoir demain, il y a actuellement une lutte acharnée au pouvoir pour la succession de Bouteflika.

Vous pensez donc que les initiatives prises au niveau de la direction du FFS ne viennent pas d’Aït Ahmed ? Et pensez-vous que la direction du FFS jouit d’une autonomie vis-à-vis du pouvoir ?

Non. Il y a un groupe à la direction du FFS qui était proche d’Aït Ahmed, qui négocie avec un clan du pouvoir. Donc c’est le clan d’Aït Hamed qui négocie avec un clan du pouvoir. Attention ! le FFS est un parti qui a beaucoup de moyens, Aït Ahmed a beaucoup de moyens, je dis le FFS, mais c’est Aït Ahmed qui a beaucoup de moyens, il a beaucoup de relations, il s’est fait beaucoup de relations depuis l’indépendance jusqu’à aujourd’hui. Il est en train de monter une fondation, et c’est son fils qui s’en occupe.

Pour revenir à Amar Ghoul, il semble en train de jouer un jeu trouble…

Il est en train de se positionner pour dire qu’il est la solution.

Il est sorti dernièrement avec une aberration qui a pris de court tout le monde en disant que son parti est sans idéologie.

Lui, il peut dire ce qu’il veut, mais nous, on sait que c’est un parti islamiste. À partir du moment où pendant qu’il fasse son congrès tout le monde se lève pour faire la prière, à l’heure de la prière, tout cela est significatif.

Et quel est l’objectif que vise ce parti ?

Il veut être l’Erdogan algérien. Amar Ghoul a comme objectif de prendre le pouvoir, il a la caution des Turcs, de l’Arabie Saoudite et du Qatar, il veut être cette solution. Il roule pour un clan au pouvoir. Je ne pense pas que certaines forces du pouvoir vont le laisser faire.

Quelle est son entrée au niveau du pouvoir ?

Il a une entrée avec Bouteflika.

Qui a pris en charge alors le financement du parti ?

C’est évident que c’est le Qatar. Au moment où il a ouvert le compte bancaire au nom du parti, le compte était déjà plein. Un parti qui n’existait pas, et du jour au lendemain il tient des congrès dans des hôtels de luxe, d’où vient cet argent. La question du financement des partis, c’est fondamental. Les partis il faut les contrôler sinon c’est la catastrophe. Sinon c’est celui qui a plus d’argent qui viendra diriger et aujourd’hui ce sont les islamistes qui ont beaucoup d’argent, parce qu’ils sont financés par le Qatar, l’Arabie Saoudite, c’est même pas le système, ce sont les islamistes. C’est pour cela qu’il est grand temps que tous ces partis soient dissous et de partir sur une autre base, et que le financement des partis soit contrôlé. Il n’est plus question d’accepter le parti d’Amar Ghoul, qui tombe comme ça du ciel. Ce n’est pas évident. La situation politique en Algérie est très compliquée, on est dans une situation explosive, il n’y a que la rue appuyée par une démarche comme celle que les dissidents du FFS sont en train d’initier ou une intervention étrangère qui peut la dénouer.
Une dernière question. Que pensez-vous de la démarche de la pétition pour demander l’arrêt de la construction de la nouvelle grande mosquée d’Alger ?
Aujourd’hui il ne faut plus demander au système de faire ceci ou cela, cela fait cinquante ans que l’on demande, à un certain moment, il faut arrêter. Il ne faut plus considérer le système comme un interlocuteur, parce qu’il n’écoute personne, il décide de tout et ses décisions sont toutes orientées pour son seul intérêt, et son principal intérêt est de se maintenir au pouvoir et de neutraliser toute opposition. Lui demander, c’est implicitement le légitimer. Alors s’il faut aujourd’hui lui demander quelque chose, c’est de s’en aller.

Youcef Benzatat

* Baptisé "Mouvement National pour une Alternative Démocratique", la dénomination MNA, qui lui a été attribuée dans un récent article, ne doit en aucun cas être confondue avec le MNA historique.

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Commentaires (4) | Réagir ?

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Nachabe Madih

Les dissidents du FFS appellent tous les démocrates au changement. Le PLD fait de même. Le RCD, dans son dernier communiqué, annonce: "il convient de rompre avec les auteurs et les causes de l’impasse nationale. Le débat et rapprochement s’imposent aux forces politiques et sociales acquises à cette perspective. " !?

La bonne intention est bien là. Mais comme les islamistes de toutes tendances, il semblent eux aussi comme des "Acharites de la démocratie". Chacun appelle mais personne ne fait le premier pas pour être l'invité de l'autre. De plus, ils appellent vaguement sans inviter nommément, et même si, ils cherchent tous le statut de leadership, d'organisateur de l'initiative et refusent celui de simple invité. C'est comme si si l'un va vers l'autre, il reconnait ses faiblesses et se renie de fait. Que faire pour réussir à les faire asseoir tous autour d'une table?

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youcef benzatat

@Nachab Madih. Le peu d'expérience que j'ai pu acquérir au contact de l'impasse politiques me laisse froid. Je ne peut qu'avouer mon profond péssimisme. Le salut ne peut venir, à mon avis, que d'un réveil massif des élites qui ont été maintenus à ce jours hors du système, et qui ne sont jamais mouillés dans aucune organisation politique, qu'elle soit organique autour du système ou dans l'opposition, y compris ceux qui se prétendent en rupture avec le système. Une nouvelle révolution nous attends, qui doit faire table rase de tout ce qui a existé à ce jour. Voila ma conviction. Et ce n'est pas avec des mouvements de jeunes comme le MJIC, qui cache son jeu de compromission avec les islamistes ou d'autres mouvements de ce type que l'Algérie de demain se construira. C'est à nous d'inventer une nouvelle forme d'organisation politique pour faire face à ce défi.

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atuelpa yupanqui

Les démocrates autoproclamés ne se considèrent pas comme "auteurs et causes" de l'impasse nationale. Pourtant leurs refus de construire une alternative laïque au système FLN et à l'islamisme participe autant des status quo. Les légitimités historiques se sont reconstruites à l'identique avec ses luttes de clans et de personnes. En fait de tous les courants politiques algériens, les démocrates laïcs se sont montrés en deçà de tout. Superficiels, arrogants, irascibles, ils ont plus desservis leurs idées qu'autre chose. Prenons par exemple le cas d'un K. Tabou qui s'en va créé un parti parce qu'il a existé politiquement par la grâce de ces pis aller qui caractérise le fonctionnement des partis politiques algériens. Comment les amener à se mettre autour d'une table? Je crois que c'est peine perdue. Ils sont irrémédiablement pervertis... Par ailleurs ils ne représentent pratiquement plus rien. Les partis sont des coquilles vides. "Les "38%" cherchent d'autres cadres mieux à même de les représenter.

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Maria Cristina Feruglio

"Ghlamallah initie un projet de décret sur l' indépendance des imams, la mise sous la coupe de son ministère de tout ce qui relève de la vie des associations religieuses et demande que son ministère qui relève pour le moment du gouvernement s'érige en Institution cléricale indépendante, garante de l'article 2 de la constitution. Il lance également un campagne de recensement des biens Wakfs, justifiant cette opération par les apports économiques qu'elle représente pour l'économie nationale en laissant même le soin à son Premier ministre d'en annoncer la mesure. Le ministre des Affaires religieuses et du Wakf avait annoncé il y a quelques jours que les biens Wakfs, constitués en grande partie de logements, de locaux commerciaux, de terres agricoles et de vergers, estimés à quelque 8. 000 environ et, pour nombre d’entre eux, loués à des prix symboliques, doivent être rentabilisés pour une "contribution efficace à l’économie nationale" avec toutes les inférences de l'idéologie islamique que ces biens ainsi mis à contribution au "plan d'action" recèlent. " (extrait de l'article "Ghlamallah met la religion à l'heure des éboueurs", Le Matin, 29. 09)

Décidément, l'organisation de l'opposition à l'islam politique sera une rude bataille pour les laïcs algériens !