Ghlamallah met la religion à l'heure des éboueurs
Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs veut lever les fonds de la "Zakat" pour endiguer le chômage des jeunes : une opération de charme au "plan d'action" de son Premier ministre.
Le plan d'action du gouvernement Sellal, apparemment décanté de toute idéologie, incolore et inodore, semble déjà introduire des fractures au sein même de ces actions qui se veulent strictement socioéconomiques, sans base politique qui est la chasse garée d'Abdelaziz Bouteflika. Autant le "programme de Bouteflika" revendiqué par la quasi-totalité des députés de la nouvelle APN se légitime par la "Charte pour la paix et la réconciliation nationale", la révision de la Constitution, les perspectives de la présidentielle de 2014, autant le "plan d'action" qui n'est pas, en ce que cette expression compte comme connotations d'agir sur des "situations urgentes" limitées dans le temps, un programme, mais un simple outil de ce dernier. En s'accaparant ainsi du territoire politico-idéologique, le chef de l'Etat fait de son Premier ministre, et des ministres qu'il a nommés, une équipe de secours chargée de répondre dans les plus brefs délais aux attentes des citoyens alors que son programme du chef de l'Etat se veut un projet de ses mandatures entamé depuis 2009 et qui se projette sur 2014.
Mais cette séparation entre "le pouvoir politique" et "l'urgence publique" affecte la composante ministérielle d'un gouvernement dans lequel l'importance des portefeuilles subit bien de retournements. Ainsi, si le Premier ministre lui-même s'attelle à la chose publique, c'est le ministère mis au bas de la liste par le "plan d'action" qui trouve audience et puissance dans le "programme de Bouteflika": il s'agit de Bouabdellah Ghlammallah, ministre des Affaires religieuses et des Wakfs qui se sent pousser des ailes depuis le remaniement du gouvernement.
Il multiplie sorties, déclarations et, surtout, décisions qui ne relèvent point du plan d'action d'Abdelmalek Sellal. De son agitation, trois mesures ont été déjà prises alors que le gouvernement Sellal n'en est qu'aux déclarations de bonnes intentions.
Ghlamallah initie un projet de décret sur l' indépendance des imams, la mise sous la coupe de son ministère de tout ce qui relève de la vie des associations religieuses et demande que son ministère qui relève pour le moment du gouvernement s'érige en Institution cléricale indépendante, garante de l'article 2 de la constitution. Il lance également un campagne de recensement des biens Wakfs, justifiant cette opération par les apports économiques qu'elle représente pour l'économie nationale en laissant même le soin à son Premier ministre d'en annoncer la mesure. Le ministre des Affaires religieuses et du Wakf avait annoncé il y a quelques jours que les biens Wakfs, constitués en grande partie de logements, de locaux commerciaux, de terres agricoles et de vergers, estimés à quelque 8.000 environ et, pour nombre d’entre eux, loués à des prix symboliques, doivent être rentabilisés pour une "contribution efficace à l’économie nationale" avec toutes les inférences de l'idéologie islamique que ces biens ainsi mis à contribution au "plan d'action" recèlent.
L'autre campagne de Ghlamallah, la plus récente, concerne cette fois les revenus de la "zakat" dont une Fondation a été créée jeudi dernier en attendant qu'elle soit agréée par le ministère de l'Intérieur pour être opérationnelle.
Le ministre entend désormais que le fonds de la zakat soit géré "de manière économique" eu égard aux acquis réalisés à l’instar de la création de 4400 petites entreprises et la contribution au développement dans le cadre du crédit sans intérêt, envisageant la création d’"une banque de la zakat". Il a même indiqué que les fonds de bienfaiteurs collectés par les Algériens pour la construction de mosquées en 2011 ayant atteint les 30 milliards de dinars étaient le double du budget de son ministère qui "ne dépasse pas les 18 milliards de dinars". Sur ces fonds, il se garde de toute déclaration sur l'autorité gestionnaire et leur utilisation. Sur ce point, rappelons que le département de Ghlamallh a été éclaboussé par des affaires d'opacité, voire de détournements de ces fonds de la "zakat".
Exploitant à outrance l'indignation internationale suscitée par le film anti-islam, le Haut conseil islamique (HCI) a réitéré son appel à la promulgation d’une loi "interdisant le blasphème" contre les religions. Le conseil du Fiqh islamique (jurisprudence) pour sa part a demandé, dans sa dernière réunion tenue à Oran en septembre dernier, qu’il soit "mis fin" aux atteinte contre les "symboles" de l’islam par une loi internationale en ce sens.
La parade de Ghlamallah pour faire de son ministère un clergé est de se lover dans le plan d'action du gouvernement en venant à la rescousse par les biens "Wakfs"et les fonds de la Zakat" qui selon lui peuvent contribuer à juguler le chômage des jeunes. En tentant d'avoir un pied dans le "programme" idéologique du chef de l'Etat et un autre dans le "plan d'action" de Sellal, il met la religion à l'heure des éboueurs et de la ferveur de la concorde nationale.
R.N
Commentaires (7) | Réagir ?
à la musique et à la chanson interdite, je vous substitue le chant, mon chant, celui d'Abdassamad Abdel Bassat et assimilés.
Pour votre faim, on vous promet la nourriture de l'au delà
Pour votre soif, on vous promet les 4 rivières de l'au delà
Pour votre libido, on vous libèrera dans l'au delà par 2 sirènes au minimum sinon 72 si vous êtes consacrez plus de temps à chanter mes poèmes dans la grande mosquée d'Alger.
Ne dit-on pas que " l'enfer est pavé de bonnes intentions ", et ghoulamallah nous dessert une bonne partie.