Guerre totale à Alep entre insurgés et armée de Bachar Al Assad
Des combats d'une ampleur sans précédent depuis le début de la révolte en Syrie en mars 2011 secouaient vendredi matin Alep, la grande métropole du nord, au lendemain de l'annonce par les rebelles du lancement d'une attaque "décisive".
Dans le même temps, les troupes gouvernementales ont lancé un assaut contre des quartiers rebelles dans le nord de Damas, détruisant des maisons et menant des arrestations, rapportent l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et des militants.
Comme tous les vendredis, des manifestations contre le régime de Bachar al-Assad étaient par ailleurs prévues à travers le pays, avec comme mot d'ordre "l'unification des brigades de l'Armée syrienne libre", en référence aux rivalités internes minant la rébellion et à l'émergence de groupuscules radicaux autonomes. Les violents affrontements à Alep, une ville peu touchée par le mouvement de contestation jusqu'au 20 juillet, ont débuté jeudi soir après l'annonce par un commandant rebelle du lancement d'une attaque "décisive".
"Les combats sont sans précédent et ne se sont pas arrêtés depuis jeudi. Avant, les affrontements se déroulaient dans une ou deux rues d'un secteur, maintenant c'est sur plusieurs fronts", a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Dans des quartiers du centre-ville contrôlés par le régime et jusqu'à présent épargnés par les violences, comme Souleimaniyé et Sayyed Ali, les habitants ont également rapporté à l'AFP des tirs "sans précédent". "Les affrontements et les tirs ne se sont pas arrêtés, tout le monde était terrorisé. Je n'ai jamais entendu quelque chose comme ça avant", a affirmé Ziad, 30 ans, qui réside à Souleimaniyé. Selon l'OSDH et des habitants, ces quartiers ont été la cible de tirs au mortier d'une intensité inédite de la part des rebelles.
"Première fois que je vois ça"
"C'est la première fois que je vois ça à Sayyed Ali. D'habitude, on entend deux ou trois tirs, mais cette nuit, c'était sans précédent", indique un résident sous couvert de l'anonymat. Par ailleurs, les quartiers tenus par les rebelles, notamment dans l'est, étaient bombardés de manière incessante depuis jeudi par l'armée, selon le correspondant de l'AFP.
Les bombardements sont suivis de tirs d'armes automatiques presque sans interruption dans ces zones, a constaté en matinée le journaliste. Une épaisse fumée blanche, causée par les bombardements et les affrontements, recouvrait dans la matinée cette métropole du nord du pays, a constaté le correspondant de l'AFP.
Dans une vidéo mise en ligne jeudi sur YouTube au nom de la Brigade al-Tawhid, la plus importante d'Alep, un homme en civil muni d'un talkie-walkie déclarait : "Aujourd'hui, l'attaque contre l'armée d'Assad a commencé sur tous les fronts. (...) La bataille d'Alep sera décisive". Depuis une importante percée effectuée fin juillet, les rebelles n'avaient plus mené d'offensive d'envergure, arguant notamment d'un manque d'armes et de munitions. L'OSDH avait fait état jeudi soir de "centaines de combattants" insurgés participant à l'attaque.
Parallèlement, dans la capitale, "les forces régulières ont lancé un assaut contre les quartiers de Barzé, Qaboun et Jobar (...) Elles ont coupé les routes menant aux quartiers, arrêté des citoyens lors de perquisitions et détruit des maisons", indique l'OSDH, qui se base sur large réseau de militants.
La Commission générale de la révolution syrienne, un réseau de militants anti-régime, a également rapporté une "campagne sécuritaire et militaire d'envergure" dans ces quartiers. "Des maisons et des commerces ont été détruits et vandalisés", a notamment indiqué cette commission. Le régime a soutenu à plusieurs reprises avoir "purifié" Damas des "terroristes", appellation donnée aux rebelles, mais les combats entre soldats et insurgés n'ont pas cessé malgré la supériorité des troupes gouvernementales.
"Férocité..."
En marge de l'Assemblée générale de l'ONU, les Etats-Unis ont demandé jeudi au Conseil de sécurité de "tenter une nouvelle fois" de trouver un accord pour mettre fin au conflit qui a fait plus de 30.000 morts en 18 mois selon l'OSDH. Selon un porte-parole de l'ONU, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, le médiateur Lakhdar Brahimi et M. Arabi ont déploré "la férocité des violations des droits de l'homme commises par le gouvernement et l'opposition" et ont demandé que les donateurs contribuent davantage aux opérations humanitaires en Syrie et en faveur des réfugiés dans les pays voisins.
L'ONU a estimé à plus de 700.000 le nombre de Syriens réfugiés dans les pays voisins fin 2012, révisant à la hausse ses besoins, à 487,9 millions de dollars. Selon le Haut commissariat pour les réfugiés (HCR), plus de 500.000 Syriens ont déjà fui leur pays, dont 75% sont des femmes et des enfants.
AFP
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