Algérie-France : vers un réchauffement des relations ?
Alors que le gouvernement français est confronté à l’une des crises majeures de ces dix dernières années, avec obligation de réaliser des coupes budgétaires sévères, la ministre du Commerce française délivre un discours tout en promesses de lendemains meilleurs à Alger.
Beaucoup de bruit pour la venue de la ministre française du Commerce extérieur Nicole Bricq en Algérie. Pourtant, pour le moment hormis la promesse de la venue du président François Hollande en décembre à Alger, il n’y a pas de décisions majeures. La méfiance qui a pourri les relations des deux pays sous Nicolas Sarkozy fait qu'aujourd'hui la présence d'un simple ministre est présentée comme une avancée notable à Alger. Pourtant de nombreux dossiers de coopération sont en suspens depuis des années. Le plus emblématique est celui de l'usine Renault dont la signature de la constitution de la société mixte est repoussé sine die.
Depuis une décennie malgré des échanges commerciaux importants, les entreprises n’ont pu décrocher de marchés majeurs dans le cadre des grands chantiers lancés ces dernières années. Que cela soit dans l’autoroute ou les chemins de fer.
Ce que confirme Nicole Bricq qui a déclaré son pays perdait des marchés en Algérie, soulignant que les investissements étaient prioritaires pour la France. Elle est la deuxième ministre a venir en Algérie en l’espace d’un mois. "Nous sommes encore excédentaires avec l'Algérie mais nous perdons des marchés. Il faut que l'on redresse" la barre, a déclaré Mme Bricq lors d'une conférence de presse.
La France est le premier investisseur étranger en Algérie et son quatrième client, "mais nous pouvons et nous devons faire mieux", a souligné la ministre. Comment quand on sait que les entreprises françaises sont confrontées à une forte concurrence sur les marchés, mais pas seulement. La France est en crise, et la priorité pour le président Hollande est de relancer une économie en panne. En dépit une économie nationale dépendante à plus de 90% des hydrocarbures, la ministre française tresse des lauriers aux Algériens. En qualifiant l'Algérie de "puissance émergente intermédiaire". Un néologisme difficile à saisir.
Il est clair cependant que l’Algérie pourrait être un marché porteur pour les Français. A condition qu’il y ait une volonté politique de changement en matière de management localement mais aussi une envie sérieuse d'investir de la part des sociétés françaises dans un cadre de concurrence loyale. A ce titre, et pour d'autres raisons (culturelle, langue et proximité) le marché algérien serait très intéressant pour les Français. "Pour nous, ces investissements comme ces accompagnements d'entreprises sont prioritaires", estime Mme Bricq arrivée lundi à Alger afin de préparer le volet économique de la visite d'Etat du président François Hollande prévue début décembre.
"Le Président souhaite rétablir une relation politique de confiance à la hauteur des ambitions de nos deux peuples et tournée vers l'avenir", peut-on lire dans une déclaration écrite de Mme Bricq distribuée à la presse.
L'Algérie a la particularité d'être à la fois un marché et en même temps un lieu essentiel d'investissements, a indiqué aux journalistes la ministre qui reconnaît que "rien n'est facile". La ministre a insisté sur le volet investissement avec raison, car les Algériens ne veulent plus être un marché dans lequel on vient déverser la marchandise. Ils veulent la mise en place d'un tissu économique avec des sociétés localement.
A la faveur de l'embellie financière de l'Algérie grâce à l'or noir, la France n'est pas seule à convoiter le marché algérien. "Nous ne sommes pas seuls, nous avons des concurrents qui sont accrocheurs", a-t-elle souligné, précisant que la concurrence se trouvait notamment dans la "vieille Europe touchée par la crise". De concurrents, il y a la Chine de plus en plus agressive en matière d’investissement économique, le Qatar qui a mis la main à la poche pour la construction d’un méga-complexe de sidérurgie à Jijel. La présidence algérienne a choisi Doha au détriment du groupe privé Cévital de Issad Rabrab. Les Allemands sont aussi intéressés par l’Algérie. D’abord dans les énergies renouvelables (Désertec) mais aussi dans le secteur de la construction automobile. Alors que le projet de l’usine Renault en Algérie battait de l’aile, Wolkwagen avait il y a quelques mois émis le souhait de construire une usine en Algérie. Une déclaration qui avait fait sortir le PDG de Renault de son mutisme. Depuis, on sait que la marque à losange fait des pieds et des mains pour empêcher le géant allemand de s’installer en Algérie.
Hamid A.
Commentaires (3) | Réagir ?
L’Algérie est toujours sous la tutelle de la France, ce n'est pas Medelci qui va me démentir ;lui qui a lu le projet de révision de la constitution algérienne devant l'assemblée française avant qu'aucun algérien ne l'aie vu ni entendu!c'est la coutume pour nos mercenaires qui nous ont pris en otage, des que la France, a la moindre crise ou probleme, nos mercenaires font tout pour satisfaire leurs faiseurs!
la révolution de 1954 n'est pas achevée!
Tout a fait raison - Faire de l'apologie dans des negotiations, c'est se mettre a genoux... Mais, il a peut-etre raison ! Je dis bien "peut-etre" - Il ne serait pas las a dialoguer a leur place autrement, non?