Un dossier Algérie-France publié par "Hommes et migrations"
La revue "hommes et migrations" que publiée la Cité nationale de l’histoire de l’immigration a publié au printemps dernier un intéressant dossier intitulé Algérie-France : une communauté de destin.
"L’immigration algérienne a connu une histoire paradoxale en France, analyse dans son édito Marie Poinsot. Au lendemain de l’indépendance algérienne, les immigrés algériens qui avaient combattu pour l’indépendance de leur pays depuis la métropole ne rentrent pas. Paradoxe à la fois politique, lié aux aléas des luttes indépendantistes et économique, puisque la concomitance de la guerre d’Algérie et de la croissance des Trente Glorieuses provoque un appel continu de main-d’œuvre vers la France industrielle".
Mohand Khellil, spécialiste de l’émigration, a sondé l’exil planifié de l’émigration algérienne en France. A ses débuts, l’émigration était saisonnière. "Ce qui détermine les individus à s’exiler, c’est d’abord la faim. Mais aussi le désir de liberté et parfois la fuite de l’oppression, qu’elle soit politique ou socioculturelle", écrit le sociologue qui ajoute que depuis longtemps "même lorsqu’ils ne sont pas nomades, les Algériens ont une propension à l’émigration qui semble à jamais inscrite dans leur emploi du temps". Les premiers émigrés algériens en France se sont établis à la fin du XIXe siècle, ils travaillaient dans les savonneries de Marseille. Avant 1910, 9600 Kabyles devaient s’être aventurés en France, écrit Mustapha Harzoune.
En fait, dès les lendemains des mouvements de résistance du XIXe, ils ont commencé à prendre le chemin de l’exil pour échapper au régime oppressif de la colonisation et à la misère qu’il a produit et organisée. Selon Pierre Bourdieu cela s’est traduit par "l’émigration des prolétaires sans ressources et sans racines vers les villes, la destruction de l’unité économique de la famille, l’affaiblissement des solidarités anciennes et des contraintes collectives protectrices de l’ordre agraire, l’essor de l’individualisme économique qui fait éclater les cadres communautaires". Depuis, les flux migratoires se sont fortement accentués ces dernières années. Des émigrés algériens on en trouve aux quatre coins du globe. C’est un autre temps, celui des harraga prêts à laisser leur vie en mer pour rejoindre la rive nord de la Méditerranée.
Le dossier de couverture traite des couples mixtes. "Le nombre de couples mixtes en dit long sur la capacité d'une société à favoriser les contacts entre les différentes populations qui la composent", écrivent en exergue Beate Collet et Emmanuelle Santelli (sociologues) ; elles précisent que "les unions mixtes sont un bon indicateur pour étudier comment une population immigrée s'établit progressivement dans un pays et intègre la population majoritaire".
Le sociologue Abdelhafid Hammouche, lui, s’est penché dans ce numéro spécial sur l’articulation des mémoires franco-algériennes. D’emblée, le sociologue estime que la présence des associations liées à l’immigration est "révélatrice de la structuration de la relation que les migrants entretiennent avec les deux pays depuis les années 1960". L’auteur cite l’exemple de l’Amicale des Algériens en Europe. Ses membres qui se revendiquent comme les représentants des migrants "font parfois l’objet d’une relation ambivalente, voire d’une suspicion lorsqu’ils sont vécus ou agissent comme des gardiens de l’orthodoxie consulaire et politique". L’engagement ou la prise de parole publique est une affirmation pour une participation à l’espace public.
Retenons aussi cette analyse sur l’histoire du fait colonial dans l’enseignement du secondaire de Laurent Wirth. Celui-ci estime : "N’en déplaise «aux nostalgiques du temps de la marine à voile et des lampes à huiles», l’enseignement de l’histoire ne doit pas rester figé dans une immuable glorification nationale. L’honneur d’une démocratie comme la nôtre est de savoir regarder son passé en face, non dans une démarche de repentance qui n’est ni celle de l’histoire, ni celle de son enseignement, mais dans un souci de vérité, d’intelligence et de savoir".
Il est intéressant de rappeler que l’histoire de cette revue est née avec l’immigration algérienne, la première en importance à rejoindre la France.
Hommes et migrations publiera en ce mois de septembre un deuxième dossier assez fourni sur les conséquences de l’émigration sur la société algérienne.
Kassia G.-A.
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