Algérie : guerre des clergés en vue !

Bouabellah Ghlamallah et Ali Benhadj
Bouabellah Ghlamallah et Ali Benhadj

La problématique de l’immixtion du religieux dans l’espace public revient cette fois-ci par le biais de la création d’un Conseil national autonome des imams et des personnels du secteur des Affaires religieuses. Structure syndicale revendicative selon ses promoteurs.

Le quotidien arabophone Al Khabar rapporte sur son site que le ministre des Affaires religieuses a donné son accord de principe à la création de ce syndicat autonome des imams. Pour rappel, le ministre avait préparé, à l’intention du gouvernement, un décret exécutif pour fixer le mode de gestion et de contrôle des associations religieuses. Mais il semble que l’examen de ce décret exécutif n’a pas été inscrit à la réunion du conseil des ministres du 17 septembre 2012. Revers ou report pour Bouabdellah Ghoulamallah ?

Il n’en demeure pas moins que depuis de nombreux mois, une lutte sourde et intense anime les tréfonds de l’islam politique algérien. Les milieux officiels tentent de consolider leur mainmise sur les mosquées et ce qui les environnent. Ces milieux agissent par le biais du ministère et de ses nidharates, se place dans l’optique de la création d’une Maison de la fetwa avec nomination d’un Mufti de la République". Du côté de l’islamisme contestataire c’est l’idée alternative de création d’une association nationale des imams, un des premiers jalons vers le Khalifa, qui est avancée de façon récurrente. Les deux convergent pour battre en brèche la souveraineté populaire et tentent, chacun de son côté, de la mettre sous leur tutelle.

La construction de la "Mosquée Bouteflika" agit comme un catalyseur sur ces luttes souterraines. C’est ce qui explique l’intensification de ces luttes. Les différents camps s’agitent pour tenter d’en forcer l’issue.

L’enjeu de la détention de l’outil de contrôle idéologique sur la société déteint jusque sur le ministre des Affaires étrangères. S’exprimant à Madrid, Mourad Medelci, appelle de ses vœux l’instauration d’un délit planétaire de "blasphème". Surprenante, lorsque cela vient du chef d’une diplomatie qui se refuse obstinément de souscrire au statut de Rome, et à l’institution d’une Cour pénale internationale. Comment, sans être dans une théocratie, exiger de la communauté internationale qu’elle instaure "un délit universel de «blasphème»" et dans le même temps lui dénier légitimité à se doter d’instruments de coercition à l’endroit des auteurs d’atteintes aux droits de l’Homme ? Question sans réponse.

L’instrumentalisation de la religion est l’enjeu majeur des luttes politiques et de pouvoir en Algérie. Si l’islam politique officiel semble bien avancé dans la mise en place de son clergé, ce n’est pas pour autant qu’il faut vendre la peau de son vis-à-vis. Il ne faut pas s’attendre à ce que dernier, contestataire et tout autant que l’autre avide de pouvoir, se soumette et s’avoue vaincu.

Une guerre des clergés s’annonce à l’horizon. Que faut-il rêver de mieux pour finir d’achever la République ?

Mohand Bakir

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Commentaires (4) | Réagir ?

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khelaf hellal

A mon avis, le délit de blasphème est en soi une forme d'inquisition, une tentatation d'en imposer à l'autre sa propre façon de voir les choses, de le forcer à accepter ce qu'il n'est pas obligé d'accepter comme tel . C'est une maniére d'instaurer des tabous et des interdictions à l'échelle internationale qui vont à l'encontre des droits de l'homme et de la liberté de conscience des êtres humains.

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Aghioul Amchoum

Ce n'est un secret que pour les moutons: La seule raison d'existence des religions est l'argent.

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