Gaz de schiste : deux pétitions dénoncent le gouvernement algérien
Dans l’interstice du réaménagement gouvernemental, l’Algérie a franchi un sérieux pas dans la mise en exploitation des gaz de Schistes.
Les gaz contenus dans les roches mères ne diffèrent pas de ceux emprisonnés dans de grands réservoirs. Mais la nature du milieu dans lequel ils sont emprisonnés implique l’utilisation de techniques aux retombées désastreuses sur l’environnement. Les risques sont non seulement sismiques, hydriques et environnementaux ; mais ils sont aussi économiques, et géopolitiques.
La fracturation des roches mères peut induire, comme cela est le cas dans le nord de l’Angleterre, une activité sismique anormale. Les produits chimiques, des milliers, qui rentre dans la technique de fracturation hydraulique des roches font naitre un risque anthropique de contamination – définitive ? – des réserves fossiles de l’Albien – un océan d’eau douce qui court toute la moitié supérieur de l’Afrique. L’exploitation de ces gaz va nécessiter des dizaines de milliers de puits, et chaque puits génère un risque de fuite de gaz dans l’atmosphère, donc une plus grande concentration de méthane – le plus nocif des gaz à effet de serre (GES) – ce qui contribuera à accélérer le réchauffement anthropique du climat.
Les pays exportateurs de gaz, pour assurer la rentabilité de leurs investissements, et aussi le financement de la prospection et le développement de nouvelles ressources, ont assuré leurs intérêts en favorisant la conclusion de contrats à long terme, et en établissant l’indexation des prix du gaz sur ceux du pétrole. La mise en exploitation des gaz de schiste, dans un pays comme l’Algérie, bat en brèche cette stratégie. Non seulement elle contribue à précipiter les prix du gaz vers le bas, mais elle rompt la digue qui contenait jusque-là l’exploitation des gaz de schistes en Amérique du Nord. Le front anti-gaz de schiste, en Europe, subit là un grave contre coup, ses positions vont être peu à peu affaiblies à mesure que s’amplifiera l’exploitation des gaz de schiste en Afrique. La démarche est clairement celle de la mise à mort de la poule aux eux d’or !
Devant l’expectative générale, deux pétitions sont lancées sur internet, même si elles ne connaissent pas un grand engouement, elles ont le mérite d’être une expression publique contre une décision gouvernementale en contrebande, initiée et mise en œuvre dans la plus grande opacité. Nous donnons ici les liens vers ces deux pétitions. Au vu des éléments de débat que les arguments des signataires introduisent nous reproduisons aussi le texte et les commentaires de celles-ci.
Première pétition
Pétition contre le lancement du premier forage de gaz de schiste dans le bassin de l'Ahnet (Algérie) : Pétition contre le lancement du premier forage de gaz de schiste dans le bassin de l'Ahnet (Algérie)
Faisant fi aux déontologies et recommandations des instances internationales qui travaillent Pour la sauvegarde et la protection de l'environnement, l'Algérie vient d'accomplir, par le biais de la Sonatrach, un virage irresponsable en procédant au forage du premier puits de gaz de schiste.
Donc, un appel est adressé à toute ou tout jaloux de l'environnement et de l'écologie à dire non à l'exploitation du gaz de schiste, et ce au vu de ce que nous possédons comme réserves d'énergies (pétrole, gaz etc) fossiles dans notre Sahara, dans notre littoral et aussi en offshore (est, centre et ouest).
Nous devons leur dire aussi, cessons de faire plaire aux américains en optant continuellement au copié-collé, pour rendre service uniquement aux sociétés multinationales qui ne cessent de nous agacer et détruire notre économie.
D'autant plus, il s'agit de le noter que l'actuelle loi de l'énergie n'autorise point le forage du gaz de schiste, c'est pourquoi les services ministériels s'emploient ces derniers temps à changer toutes les lois qui se rapportent aux énergies et aux mines.
Dr Kacem Moussa
Seconde pétition
Non au gaz de schiste !!
Le gouvernement algérien veut avaliser l’exploitation des gaz de schiste par le truchement d’un simple amendement technique de la loi sur les hydrocarbures.
Selon ses déclarations, le gouvernement a déjà effectué des travaux de prospection et a procédé à l’évaluation du potentiel gazier non conventionnel du sud du pays. Le gouvernement dit s’être déjà engagé avec des entreprises états-uniennes activant dans l’exploitation des gaz de schistes.
Marquée par un total manque de transparence, la démarche du gouvernement fait peser un réel danger sur les ressources hydriques non renouvelables des aquifères albiens du Sahara. La facture de cette exploitation, si elle venait à se concrétiser, sera imputée sur les futures générations d’Algériens. Elle sera réglée par nos petits-enfants et nos arrières petits-enfants. Il nous appartient, il nous incombe de défendre leurs intérêts !
L’exploitation de ces gaz, quelles que soient les revenus qu’elle générera, coutera aux générations futures une ressource vitale à leur existence : l’eau. L’eau qui sera la plus grande richesse des nations.
Nous n’avons nul besoin d’exploiter les gaz de schiste. Nous ne voulons pas compromettre le devenir des générations d’Algériens qui nous succèderont !
Lien pétition :http://www.change.org/fr/p%C3%A9titions/abdelmalek-sellal-abandonner-le-projet-d-exploitation-des-gaz-de-schistes
Non à l’exploitation des gaz de schistes!
Commentaires de signataires
• Je signe car l'eau utilisée pour extraire ce gaz est et reste précieuse. On doit la préserver pour les générations futures. On a pas besoin de l'argent qui nous vient de ce la vente de ce gaz, nous pouvons développer l’économie sans l'exploitation de ce gaz.
• Détruire la terre sans savoir comment la réparer est une faute grave vis à vis de l'humanité
• Je ne suis pas d'accord
• Non projet d'exploitation des gaz de schiste.
• Non au gaz de schiste. Oui à l’énergie solaire
• Pour une planète vivable
• Arrêtons de faire n'importe quoi. Pensons à l'environnement
• Je suis un enfant et je veux vivre dans un monde propre
• Non à l'exploitation du gaz de schiste
• Convaincu de votre thèse étant donné que je suis ingénieur hydraulicien
• Car il est important de préserver les générations futures!
• Contre l'exploitation non rationnelle et non stratégique des ressources minérales de l'Algérie.
• L'avenir de nos enfants est en jeu. Nous avons suffisamment de gaz et de pétrole pour maintenait et l'avenir lointain.
• Pour que les catastrophes soient évitées (voir les USA) et que les vraies solutions soient utilisées - et que les lobbies soient muselés
• Il faut arrêter le massacre. l’Algérie est autosuffisant en matière de gaz, et déficitaire sur le plan hydrique. Alors pourquoi détruire pour l'éternité des nappes phréatiques. La Pologne premier pays européen à avoir couru à cette technique vient de rétropédaler et les sociétés américaines sont renvoyées chez elles. D'ailleurs même en Amériques (Ohio) y'a une prise de conscience de la population.
• Encore une fois, ils prennent les algériens et algériennes comme des ignorants totalement immatures sur des réflexions qui engagent l'avenir du pays et de sa société. Nos décideurs politiques ont-ils pris conscience des conséquences des choix qui engagent la santé et l'indépendance technologique de la région ? Les Etats-Unis ont besoin de faire leurs expériences dangereuses hors de leurs sols afin de ne pas compromettre leur sécurité. L'Algérie n'a pas besoin de ce type de ressource énergétique, puisqu'elle possède gratuitement et de façon éternelle le solaire, et a moyen terme le gaz et le pétrole. A charge aux citoyens du pays de se réveiller et de se former sur la conscience écologique et de modérer leur consommation de choses futiles inutiles. L'Algérien de 2012 n’est pas celui de 1962. Notre Sahara risque vraiment d’être un vrai désert de mort et de laideur. Le monde entier rêve de visiter des espaces propres et naturel que sont les déserts, et nous avons un des plus de ces espaces respectons le pour l’humanité de demain.
• Vous avez assez saccagé et spolié nos ressources naturelles, vous êtes tenus responsables de cette catastrophe écologique qui s'annonce, le peuple en a assez de vous laisser détruire d'avantage le pays, n'avez-vous aucune conscience ? aucune dignité, aucun scrupule?
• Le procédé utilisé est la fracturation hydraulique, cela va engendrer un grave problème sur la santé publique. due à la pollution de l’air par le méthane et par les produits toxiques utilisés dans ce procédé. En plus l'Algérie a un grand retard à rattraper, sur le plan de l'environnement. Alors laisser tomber svp.
• Pour dire non à ceux qui, ayant pour crédo secret "après nous le déluge" et s'accrochant éperdument à la pérennité de la rente, leur rente, ne se soucieront jamais du devenir de l'Algérie et encore moins de celui des générations futures.
• Il est prouvé que les méfaits de cette technique ont été bien établis pour la nappe phréatique et l'environnement Elle est d’ailleurs, interdite en Europe et aux Etats-Unis (Le congrès s’y oppose fermement) Le pompage du gaz de façon abusive ne suffit-il pas à satisfaire les appétits ?
• Afin d'éviter une catastrophe écologique dans mon pays. Il y a le vent, le soleil etc … pas besoin de gaz de schistes sinon on aura du gaz mais on mourra de soif et de maladies. Y’en a marre à la course à l’argent à n’importe quel prix au détriment de la santé des gens. L’eau c’est la vie. Je préfère avoir de l’eau et éclairer à la bougie.
• Pour éviter le plus grand désastre écologique que l'Afrique aura à connaitre.
• L’exploitation des gaz de schiste est une cabale diabolique à caractère spéculatif comparable aux Hedge funds. C’est un traquenard économique, financier et politique où les compagnies pétrolières veulent entrainer notre pays avec la complicité de hauts responsables nationaux prêts à brader la souveraineté nationale, à saccager le sol et le sous-sol saharien, à polluer la nappe Albienne richesse commune du Grand Maghreb et à priver les algériens d’une ressource en eau de plus en plus rare décisive pour la sécurité alimentaire et la santé! "
• Protection des ressources des futures générations algériennes.
• Non à l'exploitation des gaz de schistes
• Pour la protection de nos enfants et petits-enfants contre la nocivité des gaz de schistes; Contre les multinationales et leur impérialisme! Pour l'indépendance économique de l'Algérie face à la manipulation de l'impérialisme et à ses pressions!
• Pour un monde meilleur, et la protection de nos enfants et petits-enfants.
• Je ne veux pas que l'avenir de nos petits-enfants soit compromis.
Commentaires (4) | Réagir ?
" Mr, l'activité sismique est nulle au Sahara, etc... " Vous avez mal compris Mr. Mohand Bakir qui faisait référence à la multitude des fracturations hydrauliques qui engendreraient une sorte d'activité sismique; car il dit bien "... l'activité sismique que cette exploitation pourrait générer ".
Moi je vois que vous êtes pour la fracturation hydrauliques des puits de forage quitte à nous polluer notre Albien.
Nul doute que les réserves en gaz et en pétrole sont potentiellement élevées : Nous ne possédons pas d’organisme spécialisé pour évaluer nos réserves en gaz de schiste. A la Sonatrach, les potentialités humaines n’ont jamais constituées un souci des décideurs. Cependant, l’Agence Internationale de l’Energie estime à cinq mille milliards de m3 les réserves en gaz de schiste, soit 90 ans de consommation mondiale annuelle, tandis que l’Institut Français du Pétrole estime à environ sept milliards de m3 les ressources en pétrole de roche-mère du Bassin Parisien.
Certes, et tous les géologues le savent bien, des réserves potentielles ne sont pas forcément des réserves avérées : la recherche et l’exploration aboutissent parfois à des mauvaises surprises, comme elles peuvent également déboucher sur de bonnes. Quel risque prendrait-on à autoriser la recherche et l’évaluation des réserves disponibles, notamment dans les bassins sahariens où la géologie est déjà connue en raison d’une histoire pétrolière de plus de 55 ans ? S’il s’avérait que les ressources effectivement présentes dans notre sous-sol n’étaient pas aussi importantes que prévues, au moins serions-nous fixés !
La question de l’exploitation se pose différemment. Elle exige en effet un débat et une analyse scientifique des techniques disponibles, au premier rang desquels la désormais contreversée fracturation hydraulique, utilisée dans l’industrie pétrolière depuis plus de 30 ans ! Ne fermons pas la porte à cette technique sous la pression de certains lobbies alors même qu’il a été démontré que les accidents industriels liés à l’exploitation des gaz de schiste aux Etats-Unis n’étaient pas dus à l’utilisation de cette technique, mais bien à une mauvaise cimentation des puits et à des fuites de conteneurs en surface.
Symptomatique de notre situation économique et industrielle, cette interdiction témoigne aussi du nouveau rapport au risque que nous entretenons. On entend les ‘’écologistes’’ (plutôt les populistes) affirmer leur opposition à la fracturation hydraulique au motif que « nulle part au monde il n’a été prouvé qu’elle était sans risque pour l’environnement ». Mais quelle activité industrielle – et même humaine, tout simplement – peut se targuer d’être absolument inoffensive ? Doit-on par exemple interdire la finance parce que certaines pratiques entraînent des risques pour l’économie réelle, comme l’a prouvée la crise des sub primes de 2008 ? Évidemment non, car tout est question de contrôle et de régulation. C’est le chemin choisi par l’Afrique du Sud qui vient récemment de remettre en cause l’interdiction de la fracturation hydraulique et de créer un « comité de contrôle » qui sera chargé de superviser les opérations de forage.
Il ne s’agit pas de sacrifier l’environnement sur l’autel de l’économie et de la croissance, mais bien de concilier les deux exigences.
En Algérie, le problème se pose autrement : il n’y a tout simplement pas de rigueur dans le contrôle et la régulation, et dans tous les domaines. A cela, il faut ajouter l’épineuse corruption qui gangrène tous les niveaux de prise de décisions. En un mot, le tiers-mondisme d’esprit domine chez nous. Comment alors penser environnement ou développement dans ces conditions ? L’ambition quand elle se manifeste, elle est en relation directe avec les gains faciles et les pragmatismes affichés ne sont que de façade.
Bref, on peut cependant, au plus, accepter d’autoriser cette aventure pour une évaluation des réserves. La production restera une autre paire de manche qui sera liée à la culture des algériens qui doit changer et à la justice d’émerger pour mettre fin aux dilapidations et aux pratiques honteuses des décideurs.
On espère l’émergence d’un débat important ainsi que la sagesse et la science pour réfléchir à l’avenir de notre industrie et à l’avenir tout court.
"Ne fermons pas la porte à cette technique sous la pression de certains lobbies alors même qu’il a été démontré que les accidents industriels liés à l’exploitation des gaz de schiste aux Etats-Unis n’étaient pas dus à l’utilisation de cette technique, mais bien à une mauvaise cimentation des puits et à des fuites de conteneurs en surface. "
Je relève que vous évitez soigneusement de parler de deux éléments essentiels :
1) L'importance et l'étendue du Système aquifère du Sahara Septentrionale (SASS) Plus de mille ans de remplissage de Bouharoune !!
2) L'Exploitation des 180 000 Km² sur lesquels s'étend la zone d'exploitation des Gaz de Schistes induit la réalisation de centaines de milliers de puits.
En conséquence si des incident de cimentage intervienent sur 1/1000 nous aurons des centaines de puits qui vont polluer uen nappe qui s'étend sur un million de KM² !!!
Sans compter les dégazages en Méthane et autres GES.
Cerise sur le gâteau, les remontées d'eau et l'activité sismique que cette exploitation pourrait générer vont finir d'achever la catastrophe !!
Moi, ce qui m'inquiète le plus c'est bien l'esprit tiers-mondiste des Algériens et la culture ambiante faite de dénies de soi et de populisme qui sont voués à l'échec et à la descente dans les dédales du sous développement.
La technique dite 'Fracturation hydraulique' est utilisé depuis longtemps (environ 30 ans) même en Algérie quand il s'agit d'augmenter les propriètés pétrophysiques des roches réservoirs. Cela dit, l'approche que vous faites, avec un accent prononcé sur les effets écologiques, manque de savoirs professionnels et penche plus vers le côté populiste ambiant chez les Algériens. Donc, quand vous parlez de l'acquifère du Sud, je suppose que vous faites allusion à l'Albien (?). Or, l'exploration des 'Shale gas' a pour objectifs les roches mères du Gothlandien et du Dévonien, plus profondes. Une mauvaise cimentation peut effectivement arriver à contaminer l'Albien mais l'usage de la technique elle-même est loin d'être une menace pour cette nappe acquifère qui est l'Albien. Mr, l'activité sismique est nulle au Sahara, c'est une plate forme (Stade final d'une orogenèse). Documentez-vous avant de vous étaler sur le net!
En Algérie, le seul danger réside dans l'incompétence des hommes et dans l'inculture avec ce développement de la culture de la terre brûlée qui a vu le jour à la fin des années 70 et continue à nous empoisonner l'existence. Le reste n'est que populisme et l'Algérie ira beaucoup mieux quand on cessera d'être plus arabes que les vrais. Tout est liè à cette culture regressive.