Abdelmalek Sellal : l’épouvantail ?
C'est tout de même étrange qu'un Abdelmalek Sellal réputé pour ses diatribes, son franc-parler, ses coups de gueule, se taise là même où il aurait pu décupler sa verve. Depuis sa nomination au poste de Premier ministre, les membres du gouvernement et sa famille politique lui fauchent l'herbe sous les pieds.
Après avoir fait durer le suspens en accordant des prolongations estivales au gouvernement d'Ahmed Ouyahia, Bouteflika semble être avoir accouché d'une souris. Un gouvernement incolore et inodore, qui joue la carte de "technocrate" alors que le pays vit une crise politique sans précédent dans l'histoire de son demi-siècle d'indépendance. Institutions délabrées, crédibilité de l'Etat avachie et vie partisane mise au prorata des agréments d'un ministère de l'intérieur qui arrive à compter dans la pouponnière de ses nouveaux partis agrées, mais incapable d'évaluer le nombre de terroristes d'Al Qaïda au Maghreb islamique; un Président absent de la scène politique dont les activités se limitent au protocolaire. Abdelmalek Sellal, ancien directeur de campagnes présidentielles de Bouteflika, n'a pas beaucoup parlé depuis sa nomination. Il avait donné le "la" dès son installation en orientant le gouvernement ainsi remanié, sur les réformes de Bouteflika. Depuis, hormis quelques sorties protocolaires, le Premier ministre est resté en retrait et parait même ligoté par sa nomination même.
Abdelaziz Bouteflika vient tout juste de l'autoriser à réunir les ministres qu'il a nommés et sur lesquels Sellal n'a pas grande autorité, du moins influence. Certains de "ses" ministres lui fauchent l'herbe sous les pieds. Bouabdellah Ghlamallah qui, depuis son maintien au gouvernement, a le vent en poupe, réclame de Bouteflika l'installation d'un clergé islamique qui serait le seul habilité à accorder des autorisations aux associations religieuse et à régenter la religion; une manière de donner le ton à la révision constitutionnelle. A cette sortie politico-idéologique, le Premier ministre n'a pas réagi. Mais Abdelmalek Sellal n'en est pas à sa première déconvenue. Sa nomination au poste de Premier ministre et la désignation des membres du gouvernement par le chef de l'Etat coïncide avec l'assassinat du vice-consul, Tahar Touati, par ses ravisseurs du groupe terroriste, le Mujao, jetant un grave discrédit aux autorités algériennes. Mourad Medelci qui a été reconduit à son poste de ministre des Affaires étrangères, a, lui aussi, piétiné les plates bandes du Premier ministre en annonçant la date butoir de la réforme constitutionnelle et en engageant la responsabilité du nouveau gouvernement de Sellal dans les "erreurs" entassées dans la sous estimation du danger d'Al Qaïda au Maghreb islamique sur le sol national et dans la région subsaharienne, ainsi qu'il vient de l'annoncer lors de sa courte visite en Espagne, n'hésitant pas à contredire, dans la forme et le fond les déclarations du ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia qui avait affirmé que la situation sécuritaire était maîtrisée. A cette cacophonie des membres du gouvernement, s'ajoute la fronde d'un Abdelaziz Belkhadem qui, dans ses déclarations, suggère que le gouvernement Sellal n'est fait que pour le saute-mouton vers la révision constitutionnelle et les présidentielles de 2014.
Sellal est-il l'émanation d'une fin de règne de Bouteflika ou au contraire, un moyen peu couteux pour aller plus vite et sans encombre, vers une autre mandature? C'est ce que laisse suggérer le patron du FLN qui se dépêtre dans les coups fourrés ou avérés des redresseurs qui veulent le destituer de son poste de premier secrétaire du parti tout en ne prêtant pas allégeance à la formation de Sellal. De quelque côté qu'il se tourne, au sein même du gouvernement, du côté de la Présidence de la République dont il attend le feu vert pour réunir ses ministres, du FLN ancien modèle des soutiens massifs de Bouteflika, Sellal voit les portes se fermer. C'est tout de même étrange qu'un homme réputé pour ses diatribes, son franc-parler, ses coups de gueule, se taise là même où il aurait pu décupler sa verve.
R.N
Commentaires (7) | Réagir ?
Tant que l' Algérie sera sous la merci du " Fantôme " d ' El Mouradia , rien ne marchera, et nul homme ne pourra la sauver. Notre triste destin est malheureusement lié au bon vouloir d'un homme et de son clan mafieux, décidés a f... la pagaille jus-qu' au bout Quant a Mr Sellal , en acceptant d'appliquer un programme présidentiel vide, sans pouvoir décider de quoi que ce soit, il sait qu'il sert d' alibi, pour un pseudo changement, dont personne ni croit.
que le public commence à balayer devant sa porte !!! (au sens propre du mot!!) car les algeriens ont l'esprit anarchique et desordonne, (pas tous heureusement) mais les parents n'eduquent pas leurs enfants avec le bon sens, ne pas cracher par terre n ne pas salir, ne pas gaspiller, respecter, etc..
à partir de là les bidonvilles disparaitront, (et les trottoirs d'alger seront moins sales!!)
l'etat a bon dos !!!