Affaire des otages algériens au Mali : le mea culpa de Medelci
A l'issue de sa brève visite en Espagne, le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, a déclaré aux médias ibériques, au sujet de l'assassinat du vice-consul algérien Tahar Touati par le Mujao que l'Algérie "n'a pas achevé ses investigations et qu'"il n'est pas facile de les faire", justifiant cela par la sous estimation de la menace terroriste dans la région...
Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, qui vient d'achever une brève visite en Espagne a déclaré aux médias ibériques, dont El Pais, a déclaré au sujet de l'assassinat du vice-consul algérien, Tahar Touati, annoncé pour mort par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) que l'Algérie n'avait pas "achevé ses investigations sur l'assassinat" près d'une quinzaine de jours après avoir été annoncé par ses ravisseurs, le Mujao : "Nous n'avons pas achevé nos investigations sur l'assassinat. Il n'est pas facile de les faire." Pourtant, 24 h après l'annonce de l'exécution de Tahar Touati par le Mujao, son département avait affirmé que les liens n'étaient pas rompus avec les ravisseurs avec lesquels l'Algérie avait longuement négocié pour la libération de trois otages.
Sans expliquer les raisons des difficultés ainsi évoquées, Mourad Medelci n'a pas eu un mot à l'adresse des familles des otages qui viennent d'interpeller le chef de l'Etat sur le danger de la situation que vivent leurs proches, détenus depuis le 5 avril dernier. Il semble même justifier ces "difficultés", sans en faire le lien, par une sous-estimation de l'Algérie de la menace terroriste dans la région du Sahel et au nord du Mali, avouant que "la menace terroriste nous a débordés puisque nous l'avons évaluée à 10, alors qu'elle était de 100. Nous ne sommes pas responsables de l'erreur. Cela résulte des effets collatéraux de la crise libyenne" a-t-il dit au sujet de l'incapacité des pays de la région à juguler la menace terroriste, en dépit de la création du Comité d'état-major opérationnel conjoint (Cémoc) à Tamanrasset (sud d'Algérie).
Selon ses propos, le sort des otages algériens du Mujao n'est pas indépendant de cet échec politique de l'Algérie dans la région, laissant même entendre que les services de renseignement algériens n'y peuvent rien, seuls : "Nous avons demandé à nos partenaires africains et européens de renforcer la coopération dans trois secteurs : le renseignement, la formation antiterroriste et l'approvisionnement en matériel spécial" et que la situation dans laquelle se trouvent les otages du Mujao déborde les seules prérogatives de l'Algérie qui, pourtant, a-t-il affirmé, "se trouve aux premières lignes de la lutte anditerroriste". A ce titre, le pouvoir algérien n'a rien à se reprocher dans la conduite de l'affaire des otages : "Personne ne peut tirer profit du développement du terrorisme. L'Espagne, qui se trouve relativement éloignée du fief terroriste du Sahel, l'a compris. Ceux qui sont encore plus près, le comprendront mieux", estime Mourad Medelci.
Au sujet de l' assassinat de l'ambassadeur américain et trois autres fonctionnaires en Libye, M. Medelci a déclaré qu'il était difficile, en Libye, de "se mettre à l'abri d'une attaque terroriste", relevant que dans ce pays, les armes circulaient "avec facilité". Sur les attaques contre les représentations diplomatiques des Etats-Unis dans les pays arabes et du Maghreb, M. Medelci a estimé que le film anti-islam était "une initiative, une de plus qui porte atteinte à une religion" en proposant un cadre mondial "adéquat" et "nécessaire" pour mettre fin au blasphème.
L. M.
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