Dans les pays du Maghreb, les formations islamistes au pouvoir en Tunisie (Ennahda) et au Maroc (PJD) ont également appelé à manifester. Dans l'après-midi, dans plusieurs villes en Tunisie, des imams de mosquées ont  appelé à un grand rassemblement dans l'après-midi de ce vendredi devant l'ambassade des Etats-Unis, située à 1 kilomètre au nord de Tunis où, en fin d'après-midi des islamistes se sont acharnées contre l'ambassade US dans laquelle ils ont mis le feu. Les policiers qui sont intervenus sur le tard, ont fait usage de gaz lacrymogènes. Selon les dernières informations, il y aurait eu un mort et plusieurs manifestants blessés. A l'heure où nous mettons sous presse, les manifestants continuent de harceler l'ambassade US à Tunis.

A Alger, les prêches du vendredi ont été virulents contre les "ennemis de l'islam". Des mouvements de protestation ont été circonscrits par des cordons policiers. Rappelons que l'Algérie qui n'a pas condamné l'attentat de mardi contre le consulat américain à Benghazi tout en se disant "fortement indignée" par la vidéo qui a mis le feu aux poudres dans le monde musulman, se voit inscrite à nouveau par la Maison blanche sur sa liste rouge des pays à risques. Hier, jeudi, le département a demandé aux citoyens américains devant voyager en Algérie de “considérer avec prudence les risques posés à leur sécurité personnelle”, ajoutant qu'il y a “un risque élevé de terrorisme et d’enlèvements en Algérie”. Dans ce communiqué, le département d’Etat américain a également désigné le groupe Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l’Unité et le Jihad en Afrique occidentale (Mujao) comme "deux groupes opérant en Algérie, susceptibles de commettre des attentats à la bombe et des enlèvements dans la région", précisant que “La majorité des attaques terroristes, dont les attentats à la bombe, les faux barrages routiers, les embuscades et les enlèvements ont lieu dans l’est et le sud d’Alger”.

Dans les payas arabes, les autorités ont appelé à des "rassemblements pacifiques" qui ont dégénéré après la prière. Ce vendredi matin, au Caire, des heurts entre forces de l'ordre et manifestants sont déjà signalés aux abords de l'ambassade des Etats-Unis où la police a usé de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants en majorité des islamistes des Frères musulmans et de la mouvance salafiste. La place Tahrir, située à proximité, épicentre des manifestations du début 2011 qui ont abouti à la chute du régime de Hosni Moubarek, est devenue une zone de repli des manifestants. Tôt ce matin, les Frères musulmans, la première force politique du pays dont est issu le président Mohamed Morsi, ont appelé à des "rassemblements pacifiques" à travers le pays après la grande prière du vendredi pour protester contre le film.

A Kaboul, où l'armée afghane est déjà sur le pied de guerre suite à la série d'attentats perpétrés par les Talibans au coeur de la capitale ces dernières semaines, la plupart des ambassades occidentales ont accru les mesures de sécurité pour protéger leur personnel et envoyé des messages à leurs ressortissants. Dans un "message d'urgence" diffusé sur son site internet, l'ambassade américaine à Kaboul "a souhaité rappeler aux citoyens américains que les dernières manifestations en Afghanistan se sont transformées en violentes attaques contre des cibles étrangères" et leur a demandé "d'éviter les possibles zones de manifestations". Le président afghan, Hamid Karzaï a du reporter un voyage officiel en Norvège à cause "des événements graves dans certains pays arabes lors des dernières vingt-quatre heures", selon Oslo. Kaboul a annoncé jeudi avoir ordonné le blocage du site de visionnage de vidéos YouTube pour éviter la diffusion du film Innocence of Muslims. L'ambassade de France à Kaboul également enjoint ses ressortissants de "suspendre tout déplacement".

Au Soudan, le conseil des oulémas de Khartoum a lancé un appel à manifester pacifiquement après les prières de vendredi contre le film, et un mouvement islamiste a menacé d'attaquer l'ambassade des Etats-Unis. Le ministère des Affaires étrangères soudanais n'a pas hésité à reprocher, en signe de ripostes, aux autorités allemandes d'avoir autorisé le mois dernier une manifestation pendant laquelle des caricatures de Mahomet ont été brandies. Il a également regretté que la chancelière Angela Merkel ait remis en 2010 une distinction à l'auteur danois de ces dessins, qui ont donné lieu cinq ans plus tôt à de violentes manifestations dans le monde arabo-musulman.

A Sanaâ au Yémen, quatre personnes ont été tuées jeudi lors de heurts entre la police et des manifestants protestant près de l'ambassade des Etats-Unis contre le film américain. Le président Abd Rabbo Mansour Hadi s'est déclaré "extrêmement navré" par cette attaque et a présenté ses "excuses au président américain Barack Obama ainsi qu'au peuple américain".

Quelque 86 personnes ont été arrêtées à la suite d’une attaque contre le consulat américain de Madras, dans le sud-est de l’Inde, pour protester contre le film anti-islam. Un rassemblement a été organisé à Madras à l’appel du mouvement de la province du Tamil Nadu - dont Madras est la capitale - contre le film dénigrant l’islam. Selon un officier de police, les manifestants ont "lancé des pierres et fait voler en éclats les fenêtres du consulat, s’en sont pris aux caméras de surveillance et tenté de franchir le mur d’enceinte du bâtiment avant d’être dispersés". Quelque 86 personnes ont été arrêtées lors de ces incidents, a précisé la police.

Comment expliquer qu'une simple vidéo sur Youtube ait pu enflammer les pays musulmans et notamment ceux à l'heure des "Révolutions arabes" quand on sait que les caricatures danoises de septembre 2005, n'ont pas eu le terrain fertile que représente, aujourd'hui, l'islamisme politique qui a pris le pouvoir à la faveur des "Révolutions arabes", pour faire de cette vidéo l'origine de la contagion que compte bien exploiter Al Qaïda dans le contexte du 11ème anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 et la mort de Ben Laden, le 1er mai 2011.

L.M/agences