Gouvernement Sellal : MSP, FFS et le PT, les dindons de la farce ?
Bouguerra Soltani, Ali Laskri et Louisa Hannoune voient leur formation politique grignotée par le gouvernement Sellal (MSP) laminée de l'intérieur par les législatives (FFS) ou mise sur le banc de touche (PT) en dépit des soutiens aux réformes de Bouteflika.
Les trois partis qui ont refusé dès avant les résulats des législatives de faire partie du gouvernement, le MSP de Bouguerra Soltani, le FFS de Hocine Aït Ahmed, tous les deux minés par des luttes intestines, et le PT de Louisa Hanoune, ont-ils été les dindons de la farce d'Abdelaziz Bouteflika ? Ils ont diversement réagi à la formation du gouvernement Sellal désigné par le chef de l'Etat.
Bouguerra Soltani qui vient d'appeler à l'amendement de la loi électorale qui a permis à Bouteflika de désigner un gouvernement hors de la nouvelle composante des législatives, estime que le nouveau gouvernement constitue une sanction infligée au Front de libération nationale par le président lui-même. Lors d’une conférence de presse tenue le 7 septembre à Alger, il s'est naïvement interrogé : "Comment expliquer que le parti majoritaire n’ait pas été associé à la composition de la nouvelle équipe gouvernementale sans omettre le fait que ce même parti a perdu des portefeuilles ministériels et que la chefferie du gouvernement a été accordée à un technocrate ?"
Après avoir quitté l'alliance présidentielle dans le contexte des Révolutions arabes, persuadé que le vent "islamiste" était en sa faveur, il s'est retrouvé sur le banc de touche au sein même de l'alliance verte au moment où Bouteflika maintenait le suspens sur la formation d'un nouveau gouvernement. Grand perdant, il considère que ce remaniement ministériel est l'illustration de plusieurs sanctions prises par Bouteflika à l'encontre de ceux qui ont voulu déformer et vider de leur substance ses réformes politiques en perspective de la présidentielle de 2014 et encore de ceux qui ne partagent pas sa vision du changement, en évitant de se situer parmi ceux-là et, surtout, en taisant, les transfuges du MSP au sein du gouvernement Sellal.
Deux sortes de transfuges
Amar Ghoul qui n'a pas résisté à la tentation d'un poste ministériel au sein de la nouvelle équipe quitte avec fracas la formation de Soltani, crée son parti le Tadj vite agréé. Ministre des Travaux publics, Amar Ghoul a pourri l'été de Bouguerra Soltani. Pour rappel, lors de l’installation de la nouvelle APN, le 26 mai, Amar Ghoul avait refusé de boycotter la plénière, contrairement à ses collègues de l’Alliance de l’Algérie verte. "Un député a un mandat national. Le Parlement est un espace d’expression libre. Je n’adhère pas à une action qui ne va pas dans ce sens", avait-il déclaré ajoutant : "Je suis un commis de l’État. Je reste au service de mon pays et j’œuvre à sa stabilité". La saga d'Amar Ghoul au sein du MSP a été suivie par un autre coup fourré au sein de la formation du MSP: Mustapha Benbada, toujours membre du Majliss Echoura du MSP, se retrouve dans le gouvernement de Sellal où il a été maintenu au ministère du commerce. Bachir Messaitfa, que l’on dit proche du MSP, candidat sous ses couleurs en 2002, le rejoint dans la fonction de Secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, chargé de la Prospective et des Statistiques. Ainsi, au retournement de veste d'Amar Ghoul s'ajoute l’infidélité de Benbada, l'actuel ministre du commerce. Ce qui a fait dire au député du MSP Abderazak Makri qu'il s'agit là de "gangs politiques qui ne connaissent pas le sens de la culture de l’Etat et de l’éthique civilisationnelle du pluralisme politique." Face à ces "trahisons", le MSP de Bouguerra Soltani voit sa position "de principe" de parti resté dans l'opposition muée en une attraction gouvernementale de ses cadres dirigeants.
Dramatique est la situation du FFS qui a vendu son âme au diable pour foncer avec pertes et fracas, tête baissée, dans les législatives qui l'ont frappé de plein fouet. Il perd près d'une soixantaine de cadres dirigeants et continue d'enregistrer des défections dans ses rangs. Traversant une crise interne sans précédent dans l'histoire du parti, le FFS d'Ali Laskri peut-il représenter, dès lors, une force d'opposition au nouveau gouvernement Sellal ? Dès après les législatives desquelles il a obtenu 21 sièges au parlement, le FFS, par la voix de son secrétaire général, avait maintenu le suspense sur sa participation ou non dans une équipe gouvernementale. Mais lui aussi a été pris à revers par les prolongations estivales accordées par Bouteflika à l'équipe d'Ahmed Ouyahia; longue période durant laquelle le parti, laminé de l'intérieur, s'est occupé à recoller les débris, laissant la question étrangement pendante. Lors de l'université du parti (du 4 au 6 septembre derniers), Ali Laskri s'est refusé à toute appréciation sur la nouvelle formation gouvernementale d'Abdelmalek Sellal "Je n'ai aucun commentaire à faire" avait-il répondu sur la nomination de Sellal au poste de Premier ministre. Minimisant les dissensions internes qui fracturent l'ossature militante de son parti, l'homme de Hocine Aït Ahmed, accélère la cadence pour être au rendez-vous des communales.
Le PT de Louisa Hanoune qui avait déclaré avant la tenue des législatives "L’entrée de notre parti au gouvernement n’est nullement prévue […] le partage du pouvoir doit être basé sur les résultats des élections législatives, sans quoi il serait une infraction à la démocratie" reste béat. En dépit de ses nombreux soutiens aux réformes de Bouteflka, le parti des travailleurs qui a obtenu 17sièges au parlement n'a aucun de ses cadres au sein du gouvernement Sellal. Après avoir crié à la fraude lors du scrutin législatif dont elle demandé la tenue anticipée, Louisa Hannoune a, de dépit, exprimé sa totale confiance dans la désignation du premier ministre Sellal "connu pour avoir soutenu le secteur public" estimant que "Cette fois-ci, la composition du gouvernement n'a pas été imposée de l'extérieur, et ce contrairement à celle de 1999 où il y avait la nomination de ministres dans des secteurs stratégiques qui avaient servi plus l'intérêt des multinationales que celui des sociétés nationales".
Le trio déparé de ceux qui ont dit "non" du bout des lèvres à leur entrée au gouvernement en paient sans doute les frais non par principe d'opposition partisane mais par calcul politicien. Ils ne s'attendaient guère, pour le MSP et le FFS, à devoir être réduit à faire le ménage dans leurs propres rangs.
R.N
Commentaires (2) | Réagir ?
Ait ahmed en préférant une partie de la rente pétroliére versée généreusement au ffs comme parti aura "et la guerre et le déshonneur".. Sir churchill comme vous aviez raison!
Quant à la retournée lala louisa, autant en emporte le vent.... !
Sellal balaiera tout çà sans broncher et avec le sourire d'un éxécuteur d'ordre, tous les ordres!
Il ne croyait pas si bien dire lorsque voyant tous les jours l'état de salété dans lequel l'ex sinistre de l'environnement, khouna eldjelfaoui, yek ehbibi! à plongé le pays, a décidé de prendre du BALAI pour nettoyer cette pauvre algérie de tous ces immondices et déchets qui la salissent mais aussi pour nettoyer tous ces sangsues parasites qui sous couvert de pluralisme démocratique ont contribué à détruire l'algérie algérienne.
Du balai, oui mr sellal, raana mâak !
Contrairement à votre opinion R. N, je suis convaincu que Bouteflika n'a aucunement chercher à prendre de travers, comme vous l'affirmez, le FFS dans sa volonté supposée de participer à son gouvernement. Je suis tout aussi sûr que ce parti a reçu une proposition franche d'occuper quelques ministères. Seule la peur de l'implosion du FFS, traduite déjà par une démission collective de ses cadres et d'autres dissensions encore plus graves à venir, a retenu l'élan de l'instance dirigeante du parti d'entrer au gouvernement de Bouteflika. Bouteflika ne cherche que cela pour donner plus de crédibilité à l'illusion démocratique qu'il veux nous vendre. Alors, dire que ce parti est le dindon de la farce serait ignorer totalement son dessein à changer complètement de cape. Le FFS cherche à se substituer au RCD dans tout son échec passé à avoir tenter vainement de changer le système de l'intérieur. Alors, aujourd'hui, il est pris dans sa propre logique du passé, une logique d'opposition extrême appuyée par une base militante et sympathisante élevée dans le seul Qui-tue-qui et de laquelle il lui est quasi impossible de se défaire sans risquer de faire imploser irrémédiablement le plus vieux parti d'opposition.