Oran et les visiteurs du soir
Quand en fin de semaine, dans la journée, il y a comme de l’électricité dans l’air, le grand salon de réception du 16ème étage de l’imposant siège de la wilaya d’Oran est aéré, décoré, nettoyé à grande eau.
Quand il y a une bousculade monstre dans le bureau du wali avec un incessant va et vient des pontes, des rois : le directeur de l’OPGI, celui des domaines, le DRAG, le directeur de l’agence foncière. Quand le chef de cabinet est dans tous ses états et se bousculent dans son bureau, les acheteurs, les factotums, les cuisiniers, tous venus se faire signer des bons de commande trois étoiles : du jus et limonade d’import, des cacahuètes et pistaches grillées par kilos, des fleurs fraiches et un joli cadeau de valeur à offrir.
Quand tard le soir, après 23 heures, quand la ville dort, le wali ne quitte pas son bureau, les bâtiments du siège de la wilaya d’Oran restent éclairés a giorno, le portail de la façade arrière grand ouvert, les plantons tirés à quatre épingles, c’est qu’il va y avoir des invités, des VIP, des Manitous, des visiteurs du soir. Ils vont venir incognito, toujours un à la fois. Ils viennent régler quelques affaires personnelles. Importantes. Qui ne peuvent l’être par téléphone. Dans l’ordre d’importance, ce sera ou bien, Ould Kablia, Guendil ou Zerhouni (Un ancien habitué Chekib Khelil friand des petits pieds à terre situés sur le boulevard front de mer a disparu).
Le lendemain, il y aura à coup sûr le siège d’un service public évacué. Une grande villa coloniale vidée. Un logement colonial luxueux du centre-ville retiré du patrimoine public et transféré vers un prête-nom, pour être affecté au privé. Un siège de colonies de vacances d’une société nationale ou locale sur la corniche récupéré par d’autres, un grand terrain public privatisé. Les bureaux d’un service public déplacés. Chaque fois, l’opération fait tomber 10, 20, 30 milliards de centimes dans la poche d’un des visiteurs du soir !
La procédure est simple, elle ne demandera pas grand-chose. Juste un petit arrêté d’affectation à signer. Quelques grandes gueules vont déblatérer ici et là mais que peuvent-ils faire ? Est-ce que dans notre histoire récente, est-ce que depuis 1962, un ministre, un gros ponte a été inquiété une seule fois par la justice.
Et puis dans quelques jours tout sera oublié. Après avoir croqué les pistaches, dans la ville déserte, le wali accompagné de son visiteur feront une visite rapide, en voiture banalisée sur le lieu du crime puis iront se détendre quelque part.
Kadda Zrégo
Commentaires (1) | Réagir ?
Oran et les vampires du soir c'est mieux car tous ces monstres sucent nos cadavres avant de disparaitre. Tous ces biens, ils vont les vendre les convertir en euros et les placer ailleurs. On le voit tous les jours ces villas luxueuses ces grands commerces ces terrains bien situés changer de mains. Meme si le FBI venait enqueter il deviendra maboul, ils ont tout prévu c'est le crime parfait,