Modibo Goïta, expert militaire malien à El Watan : "L'Algérie a abandonné ses diplomates aux mains du Mujao !"

Modibo Goïta
Modibo Goïta

Dans un entretien accordé au quotidien El Watan, hier mercredi, M.Modibo Goïta, conseiller à la direction des écoles de formation de l' armée malienne, s'est exprimé sur les points sensibles de la situation qui prévaut au Nord du Mali, notamment sur le rôle joué par l'Algérie et l'affaire des de ses diplomates, otages du Mujao.

A une question sur l'identité du groupe terroriste le Mujao (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'ouest) dont les menaces sur Alger se multiplient, le spécialiste estime qu'il "a émergé comme groupe terroriste, en 2012, par sa prise d’otages dans le Sahara. Il se caractérise par sa composition (des ressortissants d’Afrique de l’Ouest). Sous l’aspect d’un groupe autonome, il constitue, en fait, la légion étrangère d’AQMI et a pour mission la pénétration et l’expansion en Afrique de l’Ouest d’AQMI. Il opère à travers un vaste réseau ayant des ramifications et des connexions avec le milieu du trafic de drogue, d’armes et des kidnappings et disposerait de solides complicités dans les milieux politique et militaire de certains Etats de la région. Enfin, il maintiendrait en hibernation des taupes, des cellules dormantes et des planques sûres grâce à l’argent récolté des rançons et du trafic de drogue." Pourtant, il ne considère pas que l'Algérie intéresse tant ce groupe terroriste : "L’Algérie n’est pas, à mon avis, la cible principale du Mujao, qui est le Mali. Pour preuve, il occupe  la ville de Gao et a soumis la population aux pires  exactions. Le Mujao n’a rien à gagner à dresser le géant algérien contre lui." Pourquoi alors la prise d'otages des diplomates algériens ?"

M. Modibo voit dans cette affaire "un ratage" incompréhensible des autorités algériennes qui ont laissé à Gao dans la plus complète insécurité, ses ressortissants du corps diplomatique : "Quant à l’enlèvement le 6 avril dernier de 7 membres du consulat d’Algérie à Gao par le Mujao, j’ai du mal à accepter un pareil ratage de la part des services de sécurité algériens. Il est totalement inadmissible de laisser sur place de si hauts représentants de l’Etat à la merci d’un groupe considéré comme ennemi."

Quant à la médiation algérienne pour une solution politique au Nord du Mali occupé par les groupes terroristes affiliés à Al Qaïda au Maghreb islamique, Ansar Eddine et le Mujao, l'expert malien estime que l'Algérie a perdu de son aura sur la question au profit de la Cedeao: "L’Algérie a, par le passé, joué un rôle de premier plan dans les négociations de paix entre le gouvernement malien et les groupes rebelles. On rappellera Djanet, Tamanrasset, des pourparlers ayant abouti à la signature du Pacte national, de l’accord dit d’Alger en 2006. Actuellement, force est de reconnaître que cette position de médiatrice incontournable s’éclipse considérablement au profit de la Cédéao qui, dès la reprise du confit, a entrepris des démarches pour trouver une solution par le dialogue, à défaut par les armes. Il est à noter que le MNLA, qui paraissait contrôler le terrain, et Ançar Eddine ont affiché leur préférence pour la Mauritanie et le président du Burkina Faso comme médiateurs. Côté malien, on observera qu’une bonne partie de la classe politique et l’immense majorité de la population ont mal digéré la position d’impartialité proclamée par l’Algérie et son refus d’apporter son soutien miliaire. Au demeurant, l’exfiltration héliportée de ses instructeurs de Tessalit, juste avant la chute de cette ville, fut durement ressentie par les Maliens. Certains ont même rappelé les mots du regretté président Ahmed Ben Bella «Nous avons eu notre indépendance parce que les Maliens ont accepté de mourir un peu pour nous»."

A une question sur l'opportunité d'une intervention militaire dans la région, M. Modibo Goïta exhorte l’Algérie à prendre "plus d’initiatives", qu’elle "établisse un partenariat avec le Maroc afin d’endiguer cette menace. Une intervention militaire s’imposerait dès lors que les chances d’aboutir à un règlement pacifique seront épuisées. Toutefois, l’armée malienne ne serait pas seule capable de se lancer dans une phase militaire sans résoudre l’énorme défi logistique". Pour l'expert militaire, "une intervention militaire à partir du Sud algérien ou une campagne aérienne en appui et soutien aux attaques terrestres serait en mesure de stopper un embrasement régional, autrement dit l’implication d’autres forces armées. C’est dire que l’Algérie détient la solution à la crise."

L'expert malien a également écarté la thèse selon laquelle le Mujao et Ansar Eddine seraient des mouvements dissidents ou autonomes d'El Qaïda au Maghreb islamique.

R.N (synthèse)

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Commentaires (5) | Réagir ?

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Guel Dring

L'Algérie, ce n'est pas le pouvoir et le pouvoir ne représente que lui-même et en aucun cas le Peuple Algérien.

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med lahouagi

Sans entrer ds les vrai detailles de ce theatre du sahel, je me demande depuis qand les soi disant derigeant de ce pays sinterresse a la vie d'un citoyen meme sil etait un "diplomate" (mon oeil et kel diplomatie avons nous) on a deja vu ca en irak post sadam avec les employer de lambassade labas. c clair chez nous si tu n es pa un millitaire et proche des haut cercles du regime tu reste un citoyen minable kom le rest des 30 millions !

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