Face à l'ultimatum des terroristes du Mujao : que peut faire Alger ?
Les négociations politiques menées par les autorités algériennes avec les groupes terroristes d'Al Qaïda au Maghreb islamique dans le bourbier malien ont-elles une relation avec l'évolution de la situation des diplomates algériens enlevés au nord du Mali ? Si Alger est restée indécise dans l'option d'une intervention militaire dans cette région, que peut-elle faire, désormais, face à l'ultimatum qui lui a été fixé par le Mouvement pour l'unicité et le Jihad en Afrique de l'ouest (Mujao)...
L’affaire des diplomates algériens enlevés le 5 avril dernier dans la ville de Gao, au nord du Mali, en avril dernier, est-elle le résultat des inconséquences d’Alger face à Al Qaïda au Maghreb islamique qui a occupé la région ? Depuis, le fil des événements ayant suivi les négociations pour la libération des otages et, parallèlement, pour une solution politique "négociée" avec Al Qaïda au Maghreb islamique, montre que les autorités algériennes étaient non seulement soumises à des contradictions politiques entre sa lutte antiterroriste sur le sol national et ses velléités de dialogue avec les groupes terroristes au Nord du Mali. A ce contraste stratégique, s’ajoutent les pressions diplomates occidentales sommant Alger d’abandonner la solution de "dialogue" pour une option militaire urgente et sans conditions. Dans la foulée, l’affaire des sept diplomates retenus en otage est restée pendante, distillée par le ministre des Affaires étrangères algérien, Mourad Medelci, par des informations incertaines et contradictoires à la fois sur les exigences des ravisseurs du Mouvement pour l'unicité et le Jihad en Afrique de l'ouest (Mujao) mais aussi sur le nombre de diplomates libérés.
La situation s’envenime avec l’attentat suicide de Ouargla contre le siège de la gendarmerie, revendiqué par le même groupe terroriste, le Mujao, menaçant Alger de pires représailles si, d'aventure, elle optait, au sein de la Cédéao, pour l’envoi de troupes militaires africaines pour la libération du Nord du Mali des griffes d’"Al Qaïda". Sur le choix entre une solution politique et l’option militaire, Alger n’a pas tranché, elle est restée indécise et cette indécision a non seulement fragilisé sa voix au sein de la Cédéao mais aussi ses capacités à négocier "politiquement" la libération des otages algériens et non par des faux fuyants et tergiversations.
Dans cette situation obscure et opaque, Abdelaziz Bouteflika entre en scène et a, résolument, mis sur les rails l’option du "dialogue" avec les groupes terroristes d'Al Qaïda occupant les principales villes du nord malien. Le mois de juin, il reçoit à Alger une délégation du groupe terroriste d’Ansar Eddine dirigée par Iyad ag Ghali, un enfant de Tamanrasset, qui, après avoir combattu dans les rangs des rebelles Touaregs dans les années 1990, a créé récemment ce groupe terroriste Ansar Eddine en l’affiliant à l’Aqmi des "émirs" algériens Mokhtar Belmokhtar, Abdelmalek Droukdel et d’autres "lieutenants".
En recevant des émissaires de cette organisation, la question des diplomates algériens enlevés a-t-elle été au menu des discussions sachant qu'entre Ansar Eddine qui siège à Tombouctou et le groupe terroriste ravisseur le Mujao qui a établi ses quartiers à Gao, il n’y a pas de rivalités de fond. Mieux : ils se partagent le "marché" des prises d’otage au Sahel et imposent la chari’a dans les régions occupées. Des combattants d’Aqmi sont également présents et actifs au sein des deux groupes. Des responsables de groupes terroristes pratiquant les enlèvements d’Occidentaux ont été invités par Iyad ag Ghali, le chef d’ Ansar Eddine à Gao. Entre les deux hommes, Iyad ag Ghali d’Ansar Eddine et Hamada Ould Khaïrou, Mauritanien, créateur et chef du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), il n’y a pas de dissidence avec Al Qaïda au Maghreb islamique.
Abdelaziz Bouteflia pouvait-il négocier la libération des otages avec Ansar Eddine sans le principal concerné, le Mujao ? Des rumeurs persistantes avaient fait état après la visite d’Ansar Eddine, de la présence à Alger, d’émissaires du Mujao à la table des négociations du chef de l'Etat avant la libération des trois otages intervenue le 15 juillet dernier et après l’attentat de Ouargla fin juin dernier que le groupe terroriste a revendiqué. De fait, le Mujao qui détient des diplomates algériens, revendique l'attentat de Ouargla et précédemment celui de Tamanrasset, menace Alger de toute participation à l'option armée au Nord du Mali, quel espace de dialogue reste-t-il à Abdelaziz Bouteflika
Mises en situation d’échecs diplomatiques, les autorités algériennes auraient ainsi "isolé" l’affaire des diplomates algériens, de son contexte politique en ne mettant en avant que les revendications ayant trait à la rançon de 15 millions d’euros exigée par le Mujao en gommant les ultimatums politiques signifiés à Alger pour refuser l’option militaire au Nord du Mali, défendue par les Occidentaux, la France en particulier. La visite de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères français a davantage fragilisé Alger prise en deux feux : les menaces réitérées du Mujao et les pressions diplomatiques des Etats-Unis et de la France.
Les négociations secrètes menées par Alger avec les ravisseurs du Mujao ont-elles commencé avec les négociations politiques menées par Abdelaziz Bouteflika avec les deux têtes de l’Aqmi, Ansar Eddine et le Mujao à l’issue desquelles, faut-il le souligner, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, s’était empressé d’annoncer que les sept diplomates retenus en otage allaient bientôt rentrer à la maison sain et saufs. Ce n’est pas le cas. Cinq mois après leur enlèvement, trois ont été libérés, quatre, toujours entre les mains du Mujao qui ne représentent pas que le pactole de la rançon. C’est une période relativement longue compte tenu de la précipitation avec laquelle Alger s’était précipitée dans le bourbier malien en privilégiant des groupes terroristes par rapport à d’autres, tous affiliés à Al Qaïda au Maghreb islamique tout en oubliant la lutte antiterroriste des forces de sécurité algérienne qui ont, au cours de la semaine écoulée, neutralisé d’importants groupes d’Al Qaïda au Maghreb islamique dont celui arrêté à Berriane, dans la wilaya de Ghardaïa, le 15 aout dernier, lors duquel, le lieutenant d’Abdelmalek Droukdel, Necib Tayeb, un ancien du GSPC, a été arrêté.
C’est le Mujao qui a menacé d’exécuter un des quatre diplomates algériens, au cas où les autorités algériennes refuseraient de libérer les trois djihadistes arrêtés. Pourtant, ce groupe arrêté à Berriane ne fait pas partie de ce groupe terroriste. Preuve que les otages algériens serviront de chantages politiques sur l’Algérie dans la lutte antiterroriste sur son sol.
R.N
Commentaires (7) | Réagir ?
"Face à l'ultimatum des terroristes du Mujao : que peut faire Alger ?"
Accélerer la construction de la mosquée !
Je salue ta solution, âmi Ali :)
Si ces brigands existent encore, c'est que quelques parts on en a besoin, sinon comment peut-on admettre que les grandes puissances n'aient pas encore mis fin à ces groupes agissant au nom de la religion ? Il apparaît à mes yeux que toutes leurs gesticulations n'ont aucune légitimité et sur tous les plans, à moins d'avoir été créés ou soutenus à des fins bien précises ?! À savoir !