Libye : Fawzi Abdelali, le ministre de l'Intérieur, claque la porte
Le ministre libyen de l'Intérieur a démissionné du gouvernement pour protester contre les critiques du Congrès général national (CGN), la plus haute autorité politique du pays, qui a accusé ses forces de laxisme après la recrudescence de violences.
La démolition de mausolées musulmans soufis ces deux derniers jours par des islamistes extrémistes, a accentué la pression sur le nouveau pouvoir qui a jeté la responsabilité sur le ministre de l'Intérieur, Fawzi Abdelali. "Il a présenté sa démission au chef du gouvernement pour protester contre les critiques des membres du Congrès et pour défendre les révolutionnaires", les ex-rebelles qui forment le principal des services de sécurité, a déclaré à l'AFP un de ses proches collaborateurs.
Dimanche lors d'une session extraordinaire, les membres du CGN, issu des premières élections libres du 7 juillet en Libye, ont pointé du doigt les membres de la Haute Commission de sécurité (HCS) accusés de laxisme, voire d'implication notamment dans la destruction des mausolées.
La veille, plusieurs membres du CGN avaient demandé le limogeage du ministre de l'Intérieur, les services de sécurité étant sous le feux des critiques depuis le double attentat à la voiture piégée qui avait fait deux morts il y a une semaine à Tripoli.
La HCS, qui relève du ministère de l'Intérieur, est formée par les ex-rebelles ayant fait tomber le régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Ils avaient pris en charge la sécurité dans le pays après la chute du régime kadhafiste, avant d'intégrer les forces du ministère de l'Intérieur.
Des informations contradictoires ont circulé dimanche sur un retrait des forces du HCS, chargées principalement de la protection des installations du pays et des bâtiments officiels, après un ordre reçu par Fawzi Abdelali dans la foulée de sa démission.
Le porte-parole du CGN, Omar Hamidan, a dit qu'une "enquête a été ouverte pour déterminer qui a donné cet ordre de retrait". Il a toutefois ajouté que le chef de la HCS avait assuré au Congrès que ses forces "n'y obéiront pas et qu'elles obtempèrent aux directives du CGN, l'autorité légitime".
A Tripoli, des dizaines de personnes ont répondu à un appel lancé sur les réseaux sociaux pour dénoncer la destruction par des islamistes radicaux de mausolées de saints musulmans.
Des islamistes radicaux avaient démoli à coup de pelleteuse le mausolée d'Al-Chaab al-Dahmani à Tripoli et profané le tombeau de ce sage, lieu de pèlerinage pour certains musulmans, notamment les soufis. Des intégristes avaient fait exploser un autre mausolée soufi à Zliten, à 160 km à l'est de Tripoli, théâtre d'affrontements meurtriers.
Le président du CGN, Mohamed al-Megaryef, a dénoncé la destruction du patrimoine culturel et musulman libyen, promettant de poursuivre les responsables.
Durant la réunion extraordinaire en présence des membres du cabinet, le Premier ministre Abdelrahim al-Kib a défendu le travail de son gouvernement, affirmant que "les organes de sécurité ont accompli leur rôle de manière efficace, dans la mesure où ils ont réussi à déjouer plusieurs complots et arrêté rapidement les responsables d'actes de sabotage". M. Kib a appelé le Congrès à "adopter rapidement des lois incriminant leport d'armes et l'atteinte aux symboles historiques et religieux".
Le ministre de la Défense, Oussama Jouili, a indiqué de son côté que la principale difficulté à laquelle il fait face, était "l'occupation de sites militaires stratégiques par des groupes de révolutionnaires qui refusent d'intégrer le ministère de la Défense".
Jeudi, le ministère de l'Intérieur avait annoncé la saisie d'une centaine de véhicules blindés et 26 lance-missiles dans une caserne à 60 km au sud-est de Tripoli, affirmant que le groupe qui contrôlait le site était une milice de partisans de l'ancien régime qui se faisait passer pour des révolutionnaires.
"Tout le monde demande où est l'armée? L'armée est une grande institution qui ne se construit pas en un jour ou en un mois, mais en plusieurs années", a déclaré M. Jouili devant le Congrès.
AFP
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