Le quotidien se base sur deux faits saillants : le premier, par le rappel de deux attentats terroristes, les premiers du genre en Tunisie; le second, par une valse de visites américaines au cours de ces trois derniers mois que ne se justifient pas seulement par les urgences économiques imposées par la chute du régime de Ben Ali, mais, note le quotidien, motivées par une réelle menace d’Al Qaïda au Maghreb islamique. S'agissant des deux attentats terroristes, il s'agit principalement de celui commis dans la ville de Rouhia (nord de la Tunisie, 200 km de la frontière algérienne), en 2011, dans lequel un colonel et un soldat de l'armée tunisienne ont été tués, devenant les premières victimes de Al Qaïda dans la Tunisie post-Ben Ali, selon des sources tunisiennes. Après cet attaque, un groupe terroriste "fortement soupçonné d’appartenir à Al Qaïda au Maghreb islamique" a été neutralisé dans la région de Bir Ali Ben Khelifa près de Sfax en février dernier.

A ces faits, s’ajoute l’appel lancé par le bras droit d’Oussama Ben Laden au peuple tunisien à se révolte contre Ennahda, le parti islamiste de Rached Ghannouchi qu’il a qualifié "d’ennemi de l’islam" pour avoir accepté une constitution non basée sur la chari'a, information rapportée par le site The internet Newpaper ; Rachid Ghannouchi ayant annoncé devant la presse, mars dernier, que l'article 1 de la Constitution de 1959, qui stipule que "la Tunisie est un Etat libre indépendant, et souverain, sa religion est l'islam, sa langue l'arabe et son régime la République", serait maintenu en l'état dans la rédaction du futur texte que prépare l'Assemblée constituante.

Le quotidien établit une relation de cause à effet entre cette succession d’événements et les nombreuses visites américaines en Tunisie, trois au total en l’espace de ces trois derniers mois. D’abord celle de la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton lors de sa tournée maghrébine, octobre 2012. Lors de sa visite,  la question de la menace d’Al Qaïda au Maghreb islamique n’a pas été évoquée avec  avec le président de la République et le chef du gouvernement, du moins dans les déclarations officielles rendues publiques, contrairement à sa visite "éclair" en Algérie où la question sécuritaire a été au centre des discussions dans le contexte des nouvelles réformes d’Abdelaziz Bouteflika.

Mais, la venue quelques jours plus tard du chef du Pentagone, Leon Paneta,  confère à la présence de la secrétaire d’Etat le véritable motif de la mission : la question sécuritaire dans le contexte des "Révolutions arabes". Enfin, s’ajoute à ces deux visites, le fait que le nouvel ambassadeur US à Tunis, Jacob Walles, connu pour être un expert averti en matière de lutte antiterroriste, ait été reçu tour à tour par MM. Moncef Marzouki, Hamadi Jebali et le ministre de la Défense, Abdelkrim Zbidi. "Contrairement à ce que pensaient certains, commente Presse Tunisie, cette formidable succession de visites entreprises par un si grand nombre de personnalités américaines a bel et bien dépassé le cadre routinier de la diplomatie de la courtoisie et des relations bilatérales pour toucher à des sujets d’actualité internationale avec, au centre des entretiens, l’inévitable question des menaces d’Al Qaïda".

Le chef du Pentagone, M. Paneta en personne, ex-patron de la CIA, a déclaré publiquement à Moncef Merzouki que "les menaces d’Al Qaïda se précisent de plus en plus à vos frontières avec l’Algérie et la Libye", un message pris très au sérieux par les ministres de la Défense et de l’Intérieur, reçus récemment au palais de Carthage. Le quotidien croit savoir que, sur ce "dossier sensible", des instructions viennent d'être données à l’armée afin de renforcer la sécurité dans les postes frontaliers. Le 21 juin dernier, l’armée tunisienne annonce avoir détruit trois voitures chargées d’armes circulant, dans l’extrême Sud, a rapporte l’agence TAP. Les armes en provenance de Libye transitent régulièrement par la Tunisie pour être livrées aux groupes armés qui continuent à sévir en Algérie.

En septembre 2011, un accrochage meurtrier (entre un et six morts selon les sources) avait opposé l’armée tunisienne et un groupe armé dans le sud du pays, à la frontière avec l’Algérie. Il y a quelques mois, le commandant en chef des forces américaines pour l’Afrique (Africom), le général Carter F. Ham, en visite à Tunis, avait mis en garde contre la menace de groupes terroristes, particulièrement, Al-Qaïda au Maghreb islamique qui s'incrusterait ainsi dans le tissu politique encore très fargile de la Tunisie post-Ben Ali et appuierait les  terroristes salafistes dans leur déchaînement contre les libertés citoyennes et la vie culturelle dans le pays.

R.N/La Presse de Tunisie