Les ministres de Bouteflika : des milliards pour colmater les brèches...
Versement, indemnités, rappels, voilà ce dont est capable le gouvernement de Bouteflika comme seule réponse aux revendications politiques des citoyens algériens. Le pouvoir achète son incompétence et son absence à coups de milliards de dollars.
Des milliards sont annoncés par Boubakeur Benbouzid qui promet aux enseignants que le 2ème tranche de leurs rappels sera "versée" dans leur compte à partir de la rentrée, contrairement à ce qu'il avait affirmé il y a à peine une semaine.? Le ministre de l'Energie et des Mines par intérim, Youcef Yousfi, dépassé par les protestas provoquées par plus d'un mois d'interruptions du courant électrique, sort également le portefeuille : des milliers de milliards pour colmater les brèches, lancer dans les meilleurs délais un projet de deux centrales électriques. Le ministre de l'Agriculture, semble prévenir des émeutes de pain en annonçant la disponiblité d'une grosse enveloppe pour l'importation de blé dur avant l'augmentation des prix sur le marché international et rassure les Algériens que le grenier à blé du pays, même s'il ne contient qu'une réserve de trois mois, ne saurait tarir. L'argent est là en cas de besoin, du moins pour le moment.
Le ministre de l'Intérieur et des collectivités locales, Daho Ould Kablia, après avoir maté la rébellion des gardes communaux, sort la machine à "fric". Il a assuré aux gardes communaux que leur retraite, leur rappel, leur salaire bloqués depuis juin dernier, leurs indemnités, leur garde manger seront des revendications qu'ils peuvent considérer comme "satisfaites" et que les "versements" ne sauraient tarder.?D'autres milliers de milliards sont annoncés dans d'autres secteurs, la santé, les transports, la culture pour laquelle Khalida Toumi inaugure à coup d'autres milliards un projet d'un édifice arabe. Mais la fortune des fortunes va à la construction de la Grande mosquée de Bouteflika qui, elle, n'a pas fait l'objet de revendications car les Algériens n'ont jamais marché, protesté pour la construction d'une mosquée et qui, plus est, de cette envergure qui engloutit dans son armature des milliers de milliards et une armée de Chinois comme au temps des pyramides.
Du tape-à-l'oeil
Le système Bouteflika fuit pourtant de partout. Et pour colmater les brèches, rapiécer une politique sans projets aucun, dénué de toute projection dans l'avenir, incapable de gouverner le pays sur une planification cohérente, d'avoir une vision économique, le pouvoir de Bouteflika agit au jour le jour et effarouche le citoyen par les annonces de sommes colossales pour "relancer", toujours "relancer" un tourisme virtuel ou des souk el fellah. Pour toue réponse aux revendications socioéconomiques des citoyens, il n'a que l'argent à distribuer pour "calmer les esprits", gagner du temps et apparaître aux yeux du badaud, comme un Royaume généreux, qui distribue l'obole, a pitié de la veuve et de l'orphelin, répand sa grâce à ses sujets.
Et tous les ministres de Bouteflika, que ce soit celui de l'éducation, de la santé, des transports, de l'Intérieur ont eu la même offre, la même réponse et les mêmes méthodes. Boubakeur Benbouzid après avoir brandit l'inflation comme raison du retard des versements de leurs rappels, revient sur sa décision. Plus d'inflation comme par miracle, plus de dévalue du dinar. L'argent est là, disponible, a-t-il assuré ces derniers jours aux syndicats autonomes, appelant les enseignants "rassérénés" à faire leur rentrée scolaire quelles que soient les conditions pédagogiques désastreuses, l'essentiel "les versements" se feront à temps. La pédagogie, le sort de l'école, la formation des enseignants, l'environnement scolaire, les "surpopulations" des classes, la disponibilité des manuels et les erreurs de contenu qu'ils comportent, ce n'est pas la priorité ni le souci majeur du ministre. Les versements des rappels ne peuvent attendre et il y a trop d'incendies pour en rajouter.
Daho Ould Kablia aussi use des mêmes méthodes. Après avoir opposé une fin de non recevoir aux revendications des gardes communaux jugées "excessives" et n'ayant pas de cadre juridique, menaçant la "corporation" de pires répressions, il sort finalement la manette et avance des "garanties" pécuniaires. Pour lui aussi, peut importe la prétendue inexistence du cadre juridique, le caractère "exagéré" des revendications. Les instituions de l'Etat sont réduites à des artefacts et peuvent changer de nature et de fonction du jour au lendemain, soumises aux aléas de l'improvisation et des solutions de rechange. Fort de la rente pétrolière, le pouvoir de Bouteflika, dit-on peut "acheter" qui il veut, quand il veut et où il veut. Des partis politiques, des protesta de citoyens, des "repentis". Mais à force de rapiécer un pantalon, il finit par tomber en loques.
R. N.
Commentaires (7) | Réagir ?
Bonjour, Colmater les brèches dites vous? mais le bateau Algérie a déjà coulé voila un moment... en ce moment même il touche le fond et tous les gouvernants et dirigeants sont sortis en tenue de plongée pour encore creuser... Tous les articles que je lis qui se rapporte aux divers sujets du pays sont unanimes à dire que c'est la pagaille, le foutoir, la désolation, le chaos et en sus tous prétendent que c'est irréversible à court terme. Bon Ben voila, il n y a plus qu'à attendre le séisme, l'ébranlement, la secousse, la catastrophe pour qu'il y ait un renouveau... pour l'instant, le peuple broiera du noir à se noyer et n'arrêtera pas de crier à tue tête aux scandales qui n'arrêteront pas de défiler devant ses yeux.
L'argent, ce nouveau Dieu , peut effectivement dénouer bien de situations sociales inextricables et apporter la paix. Il permet d'offrir sur terre ce que l'on perd à attendre de la récompense de Dieu, mais quand il vient à manquer au prince Machiavel, il va réinventer un godot sauveteur qui fait attendre, attendre ce qui ne risque pas d'arriver.