Béchar la mal aimée et son wali
L’histoire oubliée de la fermeture sans aucune raison économique par Boumediene des houillères du sud-oranais (HSO) dans les années soixante que votre journal a rapporté ainsi que celle des gisements de marbre délaissés m’ont rappelé une anecdote au sujet de la ville et de la région de Béchar.
Au milieu des années quatre-vingt, en plein été, de passage pour affaires dans cette ville, je suis passé voir un ami d’enfance, il exerçait la fonction de directeur de l’hydraulique de la wilaya. Je l’ai trouvé chez lui, abattu, effondré. Je lui ai demandé la cause. Il m’a raconté alors une histoire extraordinaire.
Depuis son installation dans cette wilaya, trois ou quatre années auparavant, ce technicien s’est attelé, lui et toute son équipe, grâce à des sommes d’argent extraordinaires versées par le contribuable, à étendre, rénover et moderniser toute l’infrastructure hydraulique de l’agglomération, les réseaux, le réservoirs, puis la relier au grand barrage de Djorf Torba, un des plus grands du pays, barrage inutilisé, toujours plein à ras bord. Le travail achevé, il est allé rendre compte au wali, pour l’informer et décider de mettre en eau les installations et servir la ville assoiffée h 24 en eau potable, un exploit à l’époque.
Au lieu de le féliciter, ce haut cadre de l’Etat s’est redressé au-dessus de son bureau, hors de lui et a commencé à l’invectiver lui et toute la population locale : "Ces p... et fils de p..., ces Marocains, ces traîtres ! Tout cet argent perdu ! Moi leur donner l’eau H24 ! Jamais, mille fois jamais !"
Et les robinets ont continué à fonctionner quelques heures par semaine et l’eau du barrage à s’évaporer laissant tout le monde assoiffé, pendant toute la présence de ce wali à Béchar.
J’ai demandé le nom du wali en question, par curiosité, pour suivre sa carrière, m’attendant à le voir rapidement relevé (mon ami hébété a mis tous les services de sécurité au courant de l’affaire). Hé bien non ! Surprise ! Ce dernier n’a jamais été relevé. Au contraire, il a fait une très longue carrière, il a eu de belles promotions et présidé aux destinées des plus grandes wilayas du pays. Aujourd’hui se rendant peut-être compte qu’après tout, il n’aime pas les algériens, il termine ses jours à l’étranger, il se la coule douce dans une ambassade. Ceux qui suivent les carrières de ces personnages le reconnaitront !
Pauvre Béchar, pauvre Algérie !
Abdelhak Hamidi
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