El Kalaa (Tigzirt) : "On ne veut pas d'un centre d'enfouissement à proximité"
Slimane Habchi, citoyen et représentant du comité de village El Kalaâ, contestataire de l’implantation d’un CET au niveau de sa localité.
Il s’est rapproché auprès de notre rédaction, accompagné de Massi Ghezzaz, un autre membre actif, mené des documents stipulant les avantages et inconvénients de la méga décharge imposé injustement par les autorités locales et de wilaya. Slimane, un jeune actif, très modeste et d’un esprit perspicace et charismatique, ne reste pas indiffèrent quand il s’agit de défendre de tels droits. Lors de cet entretien, il nous a amené dans un voyage émouvant dans le passé et au présent en nous explicitant pointilleusement le stade les circonstances et causes du calvaire qu’ils enduraient depuis des lustres. Ce constat se veut être récapitulatif et s’avère amer, et cela après un long parcours du combattant mené depuis une quinzaine d’années, et lequel il ne semble pas connaître son épilogue.
Le Matindz.net : A quelle année remonte cette affaire et parlez-nous des différentes démarches entamés et quelles conséquences pouvez-vous en tirer après un long parcours du combattant dont la situation semble s’étendre davantage ?
Slimane Habchi : Au fait, l’affaire remonte aux années 1997/2002 quant l’APC de Tigzirt était sous la présidence du maire M. Sidki Rachid. Il a en effet délocalisé la décharge communale sise à la sortie sud de Tigzirt (route vers Tifra). C’est alors que le site actuel fut choisi. On ne sait comment pour l’implantation d’une décharge sauvage d’abord ! Le projet fut stoppé par les citoyens du village El Kelaâ vu les multiples dangers qu’il représente. Les autorités locales reviennent à la charge en 2006 dans une deuxième tentative pour réaliser le projet. Une action de protestation a été alors engagée par les citoyens du village El Kalaâ, les villages Akhendouk, Ichariouène et les quatre exploitants agricoles de la zone pour bloquer de nouveau le projet portant implantation d’une mégadécharge à proximité de notre village. Cependant, l’affaire était loin d’être close au grand dam des citoyens riverains du site. Les autorités locales et de wilaya ont récidivé au début de l’automne 2011. Mais cette fois-ci, c’est avec une nouvelle formule (CET) et aussi en affiliant le terrain au territoire de la commune de Mizrana par la révision du PDAU. Une compagne publicitaire était alors mise en œuvre par les autorités tous services confondus pour présenter la technique de l’enfouissement comme solution miraculeuse au problème certes épineux des déchets ménagers. Ecœurés, les citoyens du village El Kalaâ ont alors refusé, et ont entamé des actions pacifiques en guise de protestation pour stopper ledit projet. L’occasion fut présentée pour faire valoir les raisons et les arguments de refus du choix du terrain. Et pour le maire et le chef de daïra de Tigzirt, le directeur de l’environnement de la wilaya de Tizi Ouzou, le chef du cabinet du wali de Tizi Ouzou. Le wali n'a pas accepté le dossier du refus notamment le choix du terrain pour la mise en œuvre de cette décharge. Pire, il a même essayé de nous forcer la main pour un éventuel marchandage. Mais en vain. Les autorités ont fait la sourde oreille à notre requête en allant même à nous signifier leur détermination à implanter le projet coûte que coûte. Cette menace majeure, ce qui fut concrétisé le 11 jiun 2012 par l’accompagnement sur le chantier de projet l’entreprise réalisatrice par un impressionnant dispositif des services de sécurité en signe de fermeté des autorités d’employer et d’user contre nous la force dite publique. La confusion et la panique étaient grandes parmi notre population. Le lendemain, un ultime avertissement fut donné à l’entreprise pour abandonner la réalisation des travaux dudit projet.
L’affaire est aujourd’hui suspendue, mais sans aucune réponse claire de la part des autorités locales et celles de wilaya quant à la demande de révision du choix du terrain. C’est pourquoi, aujourd’hui, nous demandons aux autorités compétentes de diligenter une enquête d’envergure sur les dessous de cette affaire que nous jugeons scandaleuse et douteuse à plus d’un titre ; voire la vocation agricole de la zone, disqualification de la technique de l’enfouissement et ses dangers avérés que ce soit sur la santé de la population ou du biotope, sur l’agriculture et l’élevage, la pollution des eaux et des nappes phréatiques (un captage de source et un château d’eau sont réalisés au profit de notre village à quelques mètres seulement du terrain choisi, et ainsi sur l’environnement en général.
Les CET ou centres d’enfouissement technique constituent un fiasco, c'est-à-dire un échec de cette technique qui soit ici en Algérie ou ailleurs voire combien d’articles de journaux y sont consacrés pour prévenir aux risques et conséquences des de ce phénomène. Notre adage est donc : « prévenir mieux que guérir » !
Suite au refus de l’implantation d’un CET (Centre d’enfouissement technique) près de votre village, pouvez-vous nous faire un cheminement historique en nous éclairant d’une manière pointilleuse cette affaire qui demeure encore à la traine ?
Au nom de l’ensemble de ces citoyens, le comité du village El Kalaâ dénonce tout d’abord avec fermeté la décision des autorités wilayales avec la complicité de certains indus élus d’imposer finalement avec force dit publique l’implantation d’une méga décharge interdaïras (14 hectares) dans notre biotope (Agni M’hela) bien que le choix de terrain fut vigoureusement contesté par notre population, voire même au delà. Notre rejet de ce choix de terrain est rationnel, nos arguments (scientifiques, médicaux, techniques, démographiques et économiques) ont été exposés tour à tour et aux autorités locales et wilayales. Mais avec la tournure actuelle de l’affaire "les pouvoirs publics" ne font que démontrer encore une fois leur surdité et leur mépris de la population en faisant fi de sa volonté.
Aujourd’hui, plus que jamais, nous réaffirmons notre rejet du choix de terrain qui conviendrait à tout sauf à une décharge sous l’emballage infâme de la marque d’enfouissement technique remis en cause même par ses inventeurs. Des études épidémiologiques en vigueur, très sérieuses, objectives et statistiquement viables, concernant l’observation d’une réduction des défenses immunitaires sur certains facteurs du cycle de cancérogènes (taux d’échange de chromatides sœur) et sur l’apparition anormale de certains cancers et leucémies chez les riverains de CET, ont déjà été publiés en Belgique, Allemagne, Royaume-Uni, Etats-Unis, Canada…etc. Les différents rapports soulignent expressément que les risques vitaux y afférents à la proximité d’un CET concerneraient une zone d’exposition comprise entre 500 m et 5 km (voire 8 ou 10 km dans certains cas) par rapport au CET. C’est pour cela que nous tenons à mettre devant leurs responsabilité, les promoteurs de cette menace majeure sur la santé de notre population, notre environnement, nos eaux et l’investissement agricole, vocation de la zone (les éleveurs locaux exploitant plus de 64 hectares sont classés premiers dans la wilaya de Tizi Ouzou), si jamais la situation venait à déraper car nous refusons de mourir à petit feu et surtout léguer aux générations futures une quintessence du mal pareil. Nous saluons les villages voisins pour leur soutien effectif mais aussi leur engagement à faire de cette question leur affaire aussi, puisque la zone rouge de danger va de 500 m à 5 km à la ronde. Ensemble pour repousser le mal et booster notre région, par ailleurs marginalisée par les pouvoirs publics sans scrupule.
Qu'attendez-vous ?
Cette affaire est désormais la nôtre aussi, puisque exposés au même titre aux dangers graves que génèrent un tel projet sur notre santé, notre biotope. C’est pour cela que nous interpellons vivement les autorités pour qu'elles prennent leurs responsabilités en trouvant des solutions adéquates et convenables à ce problème. Des solutions existent sans pour autant sacrifier ni la santé des habitants de la région ni son environnement économique.
Il est grand temps de rompre avec l’improvisation et les vieilles méthodes de gouvernance. Les autorités doivent revoir leur stratégie en choisissant un autre terrain plus adéquat que celui-ci, d’autant que cette région ou zone est réputée pour sa vocation agricole, et forestière surtout la majestueuse forêt de Mizrana qui constitue l’un fief redoutable ou un bastion durant la glorieuse révolution algérienne. Il faudrait justement penser à sauver ce poumon d’oxygène, car si on continue de ce rythme, toute la région perdra son destin, alors il est temps de sauver ce bosquet d’une beauté extraordinaire et sa réputation historique.
En définitive, nous tenons à exprimer encore une fois notre rejet catégorique quant à l’implantation de CET près de notre village et localité, pour les raisons évoquées. Nous ne cédrons plus à sa mise en œuvre. Au passage, nous nous permettons de remercier tous les comités intercommunaux qui ont affiché leur indéfectible aide en nous accompagnant dans notre combat.
Propos recueillis par Mohammed Amrous
Commentaires (3) | Réagir ?
@Monsieur x:
Arrêtez de tirer sur tout ce qui bouge, vous savez lire ou pas? J'ai discuté avec un Japonais il y a quelques mois de cela, j'ai y lui posé la question suivante:
Comment vous faites pour vos déchets sur vos iles et les grandes villes comme Tokyo?
Sa réponse était d'une simplicité déconcertante, D'abord, on est dans l'obligation de trier nos déchets, verre, papiers, aluminium, cartons, plastique, et les déchets organiques, ainsi que les déchets électroniques, vous savez ce qu'il m'a dit, nous avons des mines d'or, de Thulium, de tantale,..... Dans nos déchèteries en zone urbaine, Ils exportent même les déchets électroniques en chine pour les recycler et extraire les métaux lourds et les terres rares!
Puis-je être plus clair que ça, à Tigzirt ou ailleurs, les Algériens ne savent pas quoi faire de leur merde et de leur déchets, est ce difficile de construire des déchèteries et des centre de compostage par rapport à une autoroute de 20 M$, ou bien des stations d'épuration, un Algérien chie toujours sur son voisin, et je repose une question à ses villageois, vos déchets, vous les fourguer pour quel village.
Monsieur on ne fait que déplacer le problème d'un village à un autre, connaissant le fainéantisme légendaire de nos citoyens civilisés, qui d'entre nous tri ses déchets en Algérie! Alors arrêtez le métier de donneurs de leçon svp. je délire oui!
Pour ce qui est du sable, pour votre information, on utilise bel et bien le sable de Sidi Aissa, à 8000 da le camion de 10 T, du sable jaune pour les finitions des maisons, et pour ce qui est du gravier, ce n'est pas les montagnes qui manquent en Algérie, les carrières sont à porter de main et là pour répondre a votre délire, que c'est juste une question de compétences. Et pour finir, on dit bien que " « La critique est la puissance des impuissants. » de Alphonse de Lamartine.
RMII Alias M. Y
Il faut que tous les déchets ménagers convergent vers Alger et de là bas, un train spécial qui va relier Alger au sud Algérien, en plein desert, et chercher un puit de pétrole siphoné par le régime, injecter les déchets dans le trou, et dans quelques siécles l'homopopotamus arabicus, va avoir un autre gisement de gaz, les déchets seront fermenté en Biogaz.
Et le train au retour va charger du sable au lieu de brader le sable de nos riviéres et nos oueds, ainsi que les plages. Un train pour l'écologie, au lieu d'un mega projet de 120 milles places.
Et si Tigzirt est la premiére ville qui sera doté d'un installation pour le tri des déchets recyclables et au leiu du biogaz voir un méthaniseur, ou bien du compostage.
Oubien une installation pour bruler les déchets avec à la clé une production de l'électrcité avec les technologies moderne.
Mais je prefére un centre d'enfouissement dans le sud, en plein desert.
J'ai juste une question à ses messieurs sur le passge qui dit long sur la naïveté kabyle légendaire:
"C’est pourquoi, aujourd’hui, nous demandons aux autorités compétentes de diligenter une enquête d’envergure sur les dessous de cette affaire que nous jugeons scandaleuse et douteuse à plus d’un titre "
Le jour ou vous allez rencontrer ses "autorités compétentes", faites nous signe!
Nous sommes tout de même à vos cotés, si vous avez besoin de solutions techniques. Il en existe de meilleures solutions, au lieu d'un CET, effectivement nocif, un méthaniseur, un centre de compostage ou un incénérateur aux normes CE, pas l'incénérateur de bab el oud à l'air libre.
RMII
"Il faut que tous les déchets ménagers convergent vers Alger et de là bas, un train spécial qui va relier Alger au sud Algérien, " -> Tu délires là, franchement.
"Et le train au retour va charger du sable au lieu de brader le sable de nos riviéres et nos oueds, ainsi que les plages. " -> Le sable du Sahara, avec toutes ses variétés, n´est pas utilisable (mauvais) pour la construction.
"Le jour ou vous allez rencontrer ses "autorités compétentes", faites nous signe!" -> En attendant, il nous faut bien une solution.