Mali : le jeu trouble de Bamako
Aucune décision concrète n'a été prise par les chefs d’État-major des armées africaines de la Cédéao quant à une intervention militaire au Nord du Mali occupé par Al Qaïda au Maghreb Islamique; intervention que Bamako refuse. Dimanche dernier, la capitale malienne a vécu un grand meeting à l'initiative des islamistes pour réclamer la "réconciliation nationale" et "la paix" dans le pays...
La réunion des chefs d’État-major de la Cédéao s’est terminée mardi dernier à Bamako sans qu’aucune décision concrète n’ait été prise sur la situation plus qu’alarmante qui sévit dans les territoires du nord du Mali occupés par Al Qaïda au Maghreb Islamique. Les travaux qui devraient initialement adopter le plan d'envoi des 3300 militaires au Mali dans le cadre d'une force d'intervention sous l'égide de la Cédéao au Nord du Mali pour rétablir l'intégrité territoriale du Mali, n’ont pas abouti.
Les résolutions prises ont, au contraire, limité les forces de la Cédéao à un rôle d’appui de l'armée malienne seulement en cas d'une intervention militaire dans le Nord. Les autorités de Bamako, à travers le colonel-major Ibrahima Dahirou Dembélé, chef d’état-major des armées du Mali, ont déclaré que le Mali pouvait lui-même sécuriser sa capitale. "A Bamako, ce sont les troupes maliennes qui vont assurer la sécurité des institutions, et non les troupes étrangères", a souligné, hier, devant la presse, Ibrahima Dembélé. "Si intervention il devrait y avoir, les troupes maliennes pourraient compter sur l’aide de la sous-région dans le domaine de la logistique et de l’aviation a ajouté le colonel-major".
En clair, l’intervention militaire qui doit avoir l’aval d’un mandat de l’ONU sur une requête formelle du Mali, attend toujouts la décision de Bamako.?? Après cette rencontre de mardi dernier, Bamako campe toujours sur sa position : le refus de valider cette feuille de route qui permette à la Cédéao, à travers l’Union africaine, de saisir le Conseil de sécurité des Nations unies pour l’envoi des troupes militaires au Mali.
Les commentateurs de la presse africaine ont, unanimement, souligné, dans les quotidiens d’aujourd’hui, jeudi, le danger du jeu trouble de Bamako qui se refuse à donner son aval pour une intervention militaire au Nord du Mali: "en toute objectivité, peut-on parler aujourd’hui de souveraineté du Mali au moment où les deux tiers de son territoire sont occupés par des terroristes et des bandits de grands chemins qui ont aujourd’hui transformé le Nord en une zone de narcotrafiquants et où la mafia de la drogue a enfin trouvé une porte de transit pour ses marchandises vers l’Afrique, les pays européens et les Etats Unis ? Peut-on parler de souveraineté lorsque le pays dépend à 90% des ports de ses voisins du bloc sous- régional ?" écrit un éditorialste sur le site Maliweb dans son édition d’hier.? Cette intervention, rappelons-le, est "rendue nécessaire" selon les propos du ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius dont c'était la mission, le mois dernier, à Alger.
Pour l’heure, donc, le Mali, la Mauritanie et l’Algérie se refusent à toute intervention militaire au nord du Mali pour des rasions diverses. Le Mali lui-même argue "la souveraineté nationale", La Mauritanie dit ne pas avoir les moyens d’une telle démarche alors que l’Algérie avance le principe de "non ingérence".
Par ailleurs, faut-il établir un lien entre le niet signifié par Bamako aux chefs d’état-major de la Cédéao quant à une intervention militaire au nord du Mali et le grand meeting qui s’est tenu à Bamako dimanche dernier pour réclamer la "réconciliation nationale". ?Pour la première fois depuis le début de l'occupation du nord du Mali par les islamistes fin mars, 50.000 à 60.000 personnes se sont rassemblées dans la capitale du paix pour réclamer pour "la paix", en présence du Premier ministre de transition, Cheick Modibo Diarra, maintenu dans ses fonctions. Le rassemblement au Stade du 26 mars, le plus grand de la capitale malienne, s'est tenu à l'appel du Haut Conseil islamique du Mali (HCIM) dont le président, Mahmoud Dicko, possède une influence grandissante au Mali, pays à 90% musulman. Il a récemment rencontré des responsables du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) qui, avec Ansar Dine, est allié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), organisation avec laquelle ils occupent tout le nord du pays, soit les deux-tiers du territoire. Plusieurs hommes politiques, dont le Premier ministre controversé, Cheikh Modibo Diarra, ont assisté au meeting au cours duquel M. Dicko et d'autres responsables religieux ont pris la parole.
Pour tout dire, c’est un meeting pro-islamiste d’Al Qaïda au Maghreb islamique et qui a certainement pesé sur les décisions de la Cédéao. Ajoutons que les slogans de ce meeting ont scandé "la réconciliation nationale" dans les mêmes termes que la Charte pour la paix et la réconciliation nationale du président de la république algérienne, Abdelaziz Bouteflika qui, en recevant les groupes terroristes d’Al Qaïda à Alger, Ansar Eddine et le Mujao, a opté pour une politique de dialogue pour "la paix" au Mali et qui a été mise en échec à Alger depuis la promulgation de la concorde nationale en 2006.
R.N/ Agences
Commentaires (1) | Réagir ?
Le dimanche à Bamako c'est la fête du Mariage........... " ezzaouadj el mout3a".