Sarkozy, Jean Daniel et le secret du 3e mandat (3e partie)
Dans la galerie des ouailles et autres obligés de Bouteflika, un homme a brillé par ses manœuvres. C’est Abdelaziz Belkhadem. Pour ceux qui l’oublient, Belkhadem est en fait la face islamo-conservatrice assumée de Bouteflika. Depuis l'arrivée de ce dernier au pouvoir, Belkhadem a pris du grade et surtout de l'influence. La suite.
"Ah qu’elles sont jolies les gifles de mon pays…"
La boutade de notre confrère résumait tout le caractère burlesque qu’avait soudainement pris le voyage officiel de Nicolas Sarkozy à Alger, ce 3 décembre.
Quelque chose avait changé, à Alger, dans les rouages du pouvoir, qui avait rendu le contexte, de cette visite d’État, totalement différent de celui de la visite de juillet. Déplacement du centre de décision au profit de la tribu des généraux et des "nationalistes", voire des "pro-Américains" ? Affaiblissement politique et physique imprévu de Bouteflika ? Rétorsion de Notre Bouteflika, déçu de ne pas recevoir un soutien franc de l’Élysée ? Sans doute un peu de tout cela à la fois. Le résultat était là : Sarkozy ne pouvait plus compter sur la suprématie de Bouteflika pour faire avancer ses pions sur l’échiquier d’Alger et rééditer la conduite arrogante de juillet.
Décembre ne se prêtait pas aux caprices impériaux.
Premier à en pâtir : le chanteur Enrico Macias, dont la déconvenue avait inspiré la boutade à notre confrère qui en a pastiché un des plus grands succès, Ah, qu’elles sont jolies les filles de mon pays.
Natif de Constantine, Macias obtient, début novembre, du Président Nicolas Sarkozy de l’accompagner dans le Territoire, et notamment dans sa ville natale qu’il n’avait pas revue depuis 1962. L’Élysée et Bouteflika s’entendent sur le principe. L’initiative est tout bénéfice pour le président français qui entend toujours satisfaire son électorat nostalgique issu de l’extrême droite et afficher l’image d’un homme qui a dompté l’orgueil nationaliste de l’ancienne colonie. Le nom de Macias est en effet lié à un revers vieux de sept ans. Invité officiellement en décembre 1999 par le Président Notre Bouteflika, le chanteur devait venir à Constantine en hiver 2000. Mais une fronde obstinée des islamo-nationalistes, menée par Belkhadem alors responsable au FLN, avait fait capoter le voyage.
Cette fois-ci, les choses semblaient plus favorables : Macias avait la qualité de membre d’une délégation officielle et Belkhadem, devenu principal homme de confiance de Bouteflika et promu un temps chef du gouvernement, était censé s’aligner sur le choix du président.
Mais c’était mésestimer l’abstruse subtilité de la politique des Frères Ali Gator. Le même Belkhadem, dans une interview à un quotidien algérois, jette un froid : "Je n'ai pas changé d'avis sur Macias". Avec cependant cette nuance diplomatique : "Nous n'avons pas le droit de choisir les invités qui vont accompagner le président français. Ceux qui viendront avec le président Sarkozy seront nos invités."
Sarkozy comprend que les temps avaient changé et conseille au chanteur de reporter son voyage. Macias met alors fin à l’insoutenable suspense : "Je ne me rendrai pas dans un pays où je ne serai pas le bienvenu."
Sarkozy venait de recevoir un premier camouflet et la visite à Alger s’engageait mal. La complicité Sarkozy-Bouteflika ne fonctionnait plus. Le pire était à venir.
Avec l’infinie cacophonie que peut offrir la politique algérienne quand elle s’essaye à l’intrigue.
L’affaire commence le 21 novembre. Ce jour-là, Bouteflika renouvelle publiquement son offre à Sarkozy : il renonce officiellement à la repentance de la France pour ses crimes coloniaux, en échange d’un appui de l’Élysée pour un troisième mandat. Le chef de la diplomatie Mourad Medelci, chargé de la besogne, annonce ainsi à Paris, lors d’une conférence de presse, que les excuses de la France, pour ses crimes de guerre, n’étaient plus une priorité pour l’Etat algérien: "Je pense que le plus sage est de laisser le temps agir en espérant que cette question trouvera une réponse un jour… Il faut savoir garder la porte ouverte à nos deux sociétés et à l’intelligence de nos deux peuples qui sont capables de suivre le bon chemin." Ensuite le quitus au projet d’Union méditerranéenne "pour envisager une Méditerranée de paix et de sécurité face à toutes les menaces", applaudissant à "cette idée forte de codéveloppement que le président Sarkozy a abordée, comme par exemple ce projet de mise en place d’une banque méditerranéenne qui viendrait soutenir des projets communs aux deux rives."
C’était l’erreur de trop : dans sa hâte à vouloir forcer la décision de la France, il avait surenchéri dans l’offrande et engagé unilatéralement l’accord du Territoire sur des dossiers de souveraineté nationale, sans disposer du consensus au sommet. Mais pire, il venait de prendre deux décisions antipopulaires qui allaient l’affaiblir.
Comment, en effet, cacher à l’opinion que participer à l’Union méditerranéenne c’est s’asseoir aux côtés d’Israël ? Car l’Élysée avait bien précisé, à la veille du voyage d’Alger, que l’État hébreu serait membre à part entière de la nouvelle organisation. "L'objectif est bien sûr que l'Union méditerranéenne regroupe tous les pays du pourtour méditerranéen (…) et je vous confirme qu'Israël est bien un pays méditerranéen", avait affirmé le porte-parole de l’Élysée, le 9 juillet.
Comment, en outre, annoncer aux habitants du territoire le renoncement à la repentance de la France quand on les avait abreuvés du contraire pendant deux longues années ? La semaine où un sondage du journal El Khabar, paru sur son site Internet, indiquait que la majorité des citoyens souhaitent voir la France présenter des excuses officielles pour les crimes coloniaux !
Aussi, contrairement à juillet où elle fut particulièrement discrète, la "famille révolutionnaire" réagit-elle avec véhémence. Le secrétaire général de l’Organisation des moudjahidines se dit "étonné" des déclarations de Medelci et avertit que "l’Organisation allait prendre une position ferme lors d’une prochaine réunion." Le lendemain, c’est au tour des Affaires étrangères de désavouer leur propre ministre !
"Nous tenons toujours aux excuses de la France", rappelle le chargé de la communication, promu pour l’occasion aux hautes fonctions de censeur de son propre chef !
Quelques heures plus tard, c'est le chef du gouvernement qui désapprouve à son tour son ministre ! Interrogé à Oran sur les déclarations de Mourad Medelci concernant l’abandon des excuses de la France, Belkhadem l’a jugé "improbable", ajoutant un peu d’huile sur le feu : "Nous allons continuer à défendre cela au FLN, aujourd’hui et demain… car il est impossible de parvenir à une véritable amitié avec la France sans que cette dernière ne s’excuse pour ses crimes durant l’ère coloniale".
Puis c’est l’uppercut direct. Le ministre de la Communication, Abderrachid Boukerzaza, attaque sans détour Medelci et fustige ceux "qui claironnent qu’il faut laisser le temps au temps", martelant que les excuses de la France étaient "un préalable non négociable avant toute idée de réconciliation."
C’est alors que surgit le scud Mohamed Chérif Abbès.
Le personnage, discret ministre des Moudjahidines, n’avait jamais fait parler de lui auparavant. Mais ce 25 novembre, il se rattrapa d’un seul coup de gueule : "Les Français ne son pas prêts pour la normalisation des relations, en tout cas pas durant le mandat de M. Sarkozy. Vous connaissez les origines du président français et les parties qui l’ont amené au pouvoir, le lobby juif qui a le monopole de l’industrie en France."
Le message de Mohamed Chérif Abbès à l’adresse de Sarkozy est trop structuré, trop éloquent pour n’être qu’une éruption de colère incontrôlée. Il signifie au président français que les Algériens savent tout de ses connivences avec les groupes sionistes mais aussi de ses arrière-pensées néocoloniales ("Il cherche une politique qu’il peut "sarkoziser") et l’invite à la retenue ("Je crois qu’il s’est un peu précipité. En tout cas il a le droit de lancer tous les projets qu’il veut, mais ce qui nous importe, c’est sa politique vis-à-vis de notre pays") Et, surtout, le ministre s’autorise à parler au nom du pouvoir, comme s’il était chargé d’annoncer les réserves d’Alger à propos de l’Union méditerranéenne ("Certains responsables se sont précipités en approuvant ce projet. Tant que la France ne reconnaît pas ses crimes, les relations ne dépasseront pas le cadre des échanges commerciaux.")
C’est la tempête.
La presse française, à l’image du Figaro, s’indigne qu’on puisse accuser le président français "d’être un agent à la solde d’Israël" et note que "le dérapage n’a guère ému les milieux politiques d’Alger" ; le Quai d’Orsay déplore, dans une sèche déclaration, des propos "qui ne correspondent pas au climat de confiance et de coopération dans lequel nous préparons la visite d'État du Président de la République"; l’UMP s’offusque des propos "grotesques, inutilement blessants, totalement déplacés et extrêmement grossiers" et exige « des éclaircissements avant la visite de M. Sarkozy à Alger" ; des proches du président exigent l’annulation du voyage…
L. M.
A suivre
Sources diverses
Commentaires (2) | Réagir ?
Monsieur LM essaye d’attirer par quelques vérités connues de tous, il y rajoute un semblant de contre le ptit boutef et il en arrive a son but, celui de poser les termes du problème et il y aurait d, apres LM les islamo nationalistes qui sont en fait des baathistes et les généraux qu, il voudrait nous faire croire qu’ils sont différents. Tout le monde sait que toute cette clique flirt ensemble et qu’elle est issue du même œuf. Est-ce que l ONM a déjà refusé la candidature du DRS ou du système tous les satellites parasites auxquels monsieur LM veut donner une fonction nationalistes ou autre.
Qui s’est opposé au viol de la constitution ? pourtant ça ne pouvait pas profiter aux soi disant deux clans et en même temps. Il ya un seul dieu en Algérie et il a la matraque et le coffre de sonatrach, les autres ce sont des valets en quête de miettes.
Est ce que L est different de M ou est ce la meme personne. Les generaux et les nationalistes qui sont devenus islamsites, On parle de nationalo islamsites, On roule pour l'iran tantot et on envoie sa progenture en arabie saoudite et on lui attribue pretend le titre nationaliste.
Qaunt à ce passage " Le personnage, discret ministre des Moudjahidines, n’avait jamais fait parler de lui auparavant. Mais ce 25 novembre, il se rattrapa d’un seul coup de gueule. LM semble bien aimer chrif abbes, je lui rappelle que ce meme gars, a empeché la tenue du congres du RCD a batna et il l, a assumé publiquement a la tele boutique algerienne. un comportement aussi raciste et stupide rendu possible car monsieur est responsable de l'ONM une organisation aussi budgetivore que sterile et qui a soutenu tous les responsable de la faillite du pays semble avoir de l'influence sur monsieur L M.
Isarel ne m a rien fait, elle ne m, a pas volé, elle ne m, a tiré dessus, elle ne brule pas mes forets et elle ne m'a detruit mon ecole et elle ne m'a pas imposé Boutef, ni chadli, ni kafi. Je n'ai pas de probleme actuellement ni avec la france ni avec israel, mon probleme actuel est le regime lagerien que je souhaite voir deguerpir et oublier et c, est ce sondage que elkhabar devrait faire, pas la repentance de la france ou les excuses de telle ou telle, nous voulons une meilleure ecole, des responsables pas trop corrompus et un peu plus intelligents et nous voulons que, le drs cesse de decider pour nous en nous fourgant des chefs d etat inutils