Marche des femmes tunisiennes ce lundi

Les femmes tunisiennes ont appelé à une marche de protestation ce lundi à Tunis pour exiger le retrait d’un projet d’article de la Constitution qui menace, selon des syndicats et ONG, le principe de l'égalité des sexes.
Facebook est toujours au rendez-vous des résistances citoyennes en Tunisie. Les femmes tunisiennes ont appelé à une marche de protestation ce lundi à Tunis pour dénoncer une "islamisation rampante » menaçant leurs droits et exiger le retrait d’un projet d’article de la Constitution qui revient, selon des syndicats et ONG, sur le principe de l'égalité des sexes.
En effet, L’An I de la "Révolution du Jasmin" n’a pas été plus tôt fêté que déjà, le parti islamiste au pouvoir, "Ennahdha" de Rached Ghannouchi, majoritaire l’assemblée nationale constituante (ANC), tente de remettre en cause les libertés démocratiques ancrées dans la Constitution tunisienne par un projet de loi qui remet en cause le principe de l’égalité des sexes dont pouvait s’enorgueillir la Tunisie depuis Habib Bourguiba.
Pour contrer ce projet d’article de la Constitution, les femmes tunisiennes ont lancé une pétition sur Facebook adressée à l’assemblée nationale constituantes ( ANC). Le texte qui a recueilli près de 10.000 signatures dénonce le complot : "L’Etat est sur le point de voter un article de la Constitution qui limite les droits de citoyenneté de la femme sous le principe de complémentarité à l’homme et non sous le principe d'égalité", soulignant que la femme est "citoyenne au même titre que l’homme et ne doit pas être définie en fonction de l’homme."
Adopté le 1er août par une commission de l’Assemblée mais devant encore être approuvé lors d’une séance plénière, ce nouvel article stipule que "l’Etat assure la protection des droits de la femme, de ses acquis, sous le principe de complémentarité avec l’homme au sein de la famille et en tant qu’associée de l’homme dans le développement de la patrie."
Ainsi, au terme d’"égalité" cet article substitue "complémentarité", ce qui change de fond en comble le cadre juridique des relations entre les hommes et les femmes mises ainsi sous la tutelle masculine. La Ligue des droits de l’Homme, des ONG féministes et la puissante centrale syndicale (UGTT) se sont donné rendez-vous lundi soir pour un défilé de protestation à l’occasion de l’anniversaire de la promulgation du Code de statut personnel (CSP) le 13 août 1956. Le ministère de l’Intérieur a autorisé cette marche sur l’artère Mohamed V au centre de Tunis mais pas sur l’avenue principale Habib Bourguiba.
En France, un collectif d’ONG et d’expatriés a aussi appelé à un rassemblement lundi à Paris pour "la sauvegarde» des droits des Tunisiennes. Face à ces critiques, le parti islamiste Ennahda, aux commandes du gouvernement de coalition formé après les élections post-révolution, ne cesse d'affirmer son attachement aux droits des Tunisiennes et au CSP. Son leader Rached Ghannouchi a tenté de minimiser la controverse. "Certains députés ont vu dans cette formulation (complémentarité au lieu d'égalité, ndlr) un recul sur les principes fondamentaux comme celui de l'égalité, mais ce principe fait l’objet d’un accord entre Ennahda et ses partenaires", a-t-il assuré, en impliquant ses alliés de gauche, Ettakatol et le Congrès pour la République (CPR) du président Moncef Marzouki. "Nous demandons le retrait pur et simple de l’article qui constitue une violation des acquis des femmes et de leur humanité", rétorque dans une déclaration à l’AFP Ahlem Belhaj, présidente de l’Association des femmes démocrates. Dans ce contexte, un débat a fait rage sur internet sur le short de l’athlète Habiba Ghribi, médaillée tunisienne aux jeux Olympiques de Londres, des salafistes proches d’Ennahdha réclamant notamment le retrait de sa nationalité.
En Janvier 2011, A l'appel de l'"Association tunisienne des femmes démocrates" ("Ftfd") et l'"Association des femmes tunisiennes pour la recherche et le développement" ("Afturd") des centaines de femmes universitaires, actrices, avocates et militantes de droits de l'Homme ont participé à une "marche pour la citoyenneté et l'égalité" sur l'avenue Habib Bourguiba. Cette manifestation a eu lieu à la veille du retour en Tunisie du chef en exil du mouvement islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi.
R.N
Commentaires (2) | Réagir ?
Ah si les Algériennes avaient aussi protesté au début, on ne serait pas là. Aujourdhui c'est encore pire que quand les terros étaient là. Des voiles partout pas de musique de fête comme avant c'est le pire ramadhan que j'ai connu.
Si Ennahda ne s'était pas emparé de ce "problème", il n'aurait pas été un parti islamique digne de ce nom. Bourguiba, en depit de la Charia, a réussi à faire de la femme une personne à part entière, Ennahada, fort de la legitimité populaire remet les choses en ordre. Il y a fort à parier que ces manifestations seront sans lendemain. Ou submergées par des contremanifestations de femmes à qui le "subalternat"convient... Le chomage caracolera toujours autour des 50% mais au moins le tunisien pourra être fier d'être l'homme... de sa femme.