Mali : Ansar Eddine veut instaurer la charia à Bamako
Le groupe narco-salafistes d’Ansar Dine qui avait soutenu le MNLA pour la libération de l’Azawad veut maintenant pousser plus au sud sa conquête.
Dans la recomposition survenue depuis mars dernier dans l’Azawad, le MNLA semble a priori le grand perdant. A l’issue d’affrontements armés entre le MNLA, Ansar Dine, dirigé par Iyad Ag Ghaly, contrôle désormais Kidal. Le Mujao, l’autre mouvement composé de narco-islamistes est basé à Gao. Les salafistes d’Al Qaida Au Maghreb, eux, sont à Tombouctou.
Vivant quasiment dans le trafic de cigarettes et de prises d’otages, ces trois groupes n’avaient pas de revendication territoriale comme le MNLA. Dans une déclaration rendu publique jeudi, le MNLA détaille le rôle de ces groupe :"Les rôles sous-traités par ces groupes terroristes et mafieux sont de divers ordres. La redistribution des rançons, le prélèvement et l'affectation des redevances sur le trafic de la drogue, des armes, des migrations, la dissuasion des investisseurs et touristes en brandissant la menace de prises d’otages et autres sabotages sur les sites, représentent de substantielles rentes dont ne profitent pas seulement que les narco terroristes."
Mais voilà que maintenant, même sans y croire, il espère conquérir le sud du pays. "Sans combat", par la persuasion, précise le porte-parole d’Ansar Dine, Senda Ould Boumama. Il faut avouer qu’au fond, si ce groupe a élu ses bases à Kidal c’est grâce aux combattants du Mouvement national de libération de l’Azawad. Donc, Iyad Ag Ghaly, dont les accointances avec certains gouvernements de la région sont notoires, n’ignore pas qu’il est incapable de conquérir quoi que ce soit. Ag Ghaly est un vieux renard du désert ; en mai 2006, il était dans le cercle dirigeant du de l’Alliance démocratique du 23 mai pour le changement avec Hassan Fagaga et Ibrahim Ag Bahanga. Ce dernier est d’ailleurs décédé mystérieusement dans un accident de voiture le 26 août 2011. Aussi, il n’ignore rien de l’agitation diplomatique des pays de la région quand il fait dire à son porte-parole "sans combat".
"Nous espérons parvenir à convaincre les gens de ce pays (Sud-Mali) de nous rejoindre sans combat, pour que tous les efforts puissent enfin être dirigés contre l'ennemi commun", à savoir les "mécréants" non-musulmans, a affirmé Senda Ould Boumama dans un entretien au réseau des "défenseurs des jihadistes", site islamiste favorable à Ansar Dine.
Selon lui, "l'expansion de l'autorité" d'Ansar Dine se fera "dans la continuité de notre action, suivant deux axes fondamentaux". Le premier est "la réalisation du projet islamique sur les territoires que nous administrons où, selon lui, "la priorité restera l'application de la charia, l'enseignement, le prêche et la formation de générations futures sur la base des préceptes et valeurs morales islamiques". Mercredi, les narco-islaamistes du Mujao ont montré leur savoir-faire en matière d’administration de la cité en amputant la main d'un voleur à Ansongo après avoir lapidé à mort un couple non marié à Aguelhok il y a dix jours.
Le second principe et non des moindres adoptés "consistera à éviter de porter préjudice aux autres jihadistes dans le monde. Autrement dit ce groupe s’inscrit en droite ligne de l’internationale islamiste. "Nous savons que par principe, selon nos convictions religieuses, admettre ces frontières équivaudrait à accepter l'hégémonie de l'ordre colonial mécréant mondial".
Rappelons que Djibril Bassolé, le ministre burkinabè, et envoyé spécial de la Cédéao a rencontré à Kidal le chef d'Ansar Dine, Iyad Ag Ghali, dont il a obtenu une déclaration de soutien à la médiation. C'est à ce titre que le MNLA se demande, dans une déclaration à lire dans lematindz, pourquoi la Cédéao tente de "réhabiliter" Ansar Dine et les narco-islamistes en engageant le dialogue avec eux.
Sofiane Ayache
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