Amar Ghoul et Bouguerra Soltani : un charivari qui sert le clan Bouteflika
L'ex-ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, est-il le sous-marin idéal du clan présidentiel pour imploser un "MSP" de Bouguerra Soltani qui désespérait d'une "Révolution arabe" à Alger ?
Minoré par le raz-de-marée FLN au sein de l'Assemblée, Soltani sait pourtant que ce n'est pas l'idéologie islamiste de son parti qui est visée. De son côté, Ghoul, comme un coq de basse-cour, sait d'où vient le vent salvateur...
Après avoir quitté la "majorité présidentielle" dans le bruit et la fureur, se posant déjà comme l'outsider de la Révolution arabe (islamique) en Algérie, Bouguerra Soltani, un ancien activiste du FIS domestiqué par Bouteflika, a appelé ses congénères à une alliance stratégique pour aller en rangs serrés aux élections du 10 mai dernier. Mais le pouvoir qui ne cessait de lui couper l'herbe sous les pieds par une flopée de partis agréés en dernière minute, dont des formations islamistes, lui a fait payer ses velléités d'indépendance du sérail qui couve officiellement un "islamisme modéré".
Bouguerra Soltani qui agitait la bannière de la "Révolution du jasmin" qui a permis le retour d'exil de Rached Ghannouchi et la victoire du parti "Ennadha" aux élections législatives de la Tunisie post-Ben Ali, perd des sièges et s'est retrouvé à la marge du pouvoir qui n'a plus besoin de ses services puisque l'idéologie islamiste, dont il est, est désormais bien installée au parlement issu du scrutin législatif avec une majorité FLN qui, rappelons-le, doit, depuis un demi-siècle, sa survie politique, à l'islamisme politique. Mis sur les devants de la scène médiatique avant et pendant le scrutin législatif pour lequel, voulait-il faire croire, il était parti gagnant, le phénomène "Bouguerra" semble n'être qu'une stratégie de diversion du pouvoir organisateur, manipulateur et commandeur du scrutin électoral.
Ce "phénomène Bouguerra" a en quelque sorte permis au clan de Bouteflika, qui, après avoir statué formellement sur l'interdiction du retour du parti d'Abassi Madani, le Fis, sur la scène politique, a voulu montrer aux Algériens qu'il a tourné la page à l'islamisme et que ses élections "démocratiques et transparentes" ouvrent une ère de démocratie et de l'Etat de droit.
Première victime de cette tartufferie: le MSP torpillé par un sous marin de Bouteflika, son ex ministre (MSP) des Travaux publics, Amar Ghoul, dépourvu de charisme. Il quitte sans perte mais avec fracas les rangs du MSP et annonce un nouveau parti "Rassemblement espoir d’Algérie" ou "Algérie pour Tous" ("Tadj") qui s'ajoute ainsi à la longue liste de la soixantaine de nouveaux partis cocotte minute agrées sous les auxpices du département de Dahou Ould Kablia. La stratégie du pouvoir pour laminer un adversaire, n'est pas dans la lutte frontale. Il cherche toujours à mettre le ver dans le fruit par ses cueilleurs mêmes.
Qui mieux que Amar Ghoul pouvait imploser la formation de Bouguerra Soltani! Ayant embrassé une carrière de ministre de Travaux publics sous Bouteflika, ce docteur d'Etat en génie mécanique, après avoir adhéré au parti "Hamas" de feu Mahfoudh Nahnah, a été élu en 1997 député à l'Assemblée nationale pour le MSP dont il devient président du groupe parlementaire. En 2009, succédant à la tête du "Hamas" au fondateur Mahfoudh Nahnah, Bouguerre Soltani rallie le président Abdelaziz Bouteflika en formant une alliance avec le RND mais son soutien inconditionnel pour un troisième mandat à Bouteflika entraîne la démission de plusieurs membres de son parti et la promotion de ses militants fidèles à Abdelaziz Bouteflika, dont Amar Ghoul et Bouguerra Soltani lui-même.
Sachant pertinemment que ce n'est point l'idéologie islamiste de son parti qui est remise en cause, loin de là, Bouguerra Soltani s'aligne, on le dirait, sur des revendications similaires à celle du RCD de Saïd Sadi: radicalisation du discours du MSP, dissolution de l’Assemblée populaire nationale, révision de la Constitution. Mais ces revendications ne sont que feu de paille dans un contexte où les véritables enjeux sont dans la rente financière qui fait et défait les relations claniques du pouvoir. C'est ce que semble avoir compris Amar Ghoul après s'être frotté aux arcanes du pouvoir personnel de Bouteflika où les scandales de corruption sont adroitement étouffés. Le ministre des Travaux publics y a échappé mais l'affaire des pots de vin sur l'autoroute est-ouest a terni son image de ministre honnête et sérieux, tôt levé pour aller inspecter ses chantiers.
Avec son nouveau parti, que peut faire Amar Ghoul sinon de figurer sur la liste d'attente d'Abdelaziz Bouteflika qui coche les noms des partis croupion en fonction du degré de leur vassalité. Pour ce faire, et pas plus loin qu'hier, Amar Ghoul dit vouloir redynamiser l'UGEL (Union générale des étudiants libres), une organisation estudiantine islamiste. Selon le journal électronique "Algérie Express", l'Ugel se préparerait à se mettre sous la bannière du nouveau parti de l'ex-ministre des Travaux publics. Il ne serait pas étonnant de voir revenir le SIT (Syndicat islamiste des Travailleurs) sous la bannière de ce parti. Ainsi, ce charivari tente de semer la diversion en créant ce que les spécialistes du discours appellent "la technique du décentrement". Donner l'illusion au citoyen en focalisant son attention sur le linge sale du pouvoir et pourquoi pas l'inviter à participer à sa grande lessive.
R.N.
Commentaires (3) | Réagir ?
Ce qu'aurait déclaré Ghoul, d'après le quotidien El Watan au Directeur ? de l'ANA, Mr Khaladi Med qui croupit en prison, est qu'il était prêt à lui assurer l'immunité présidentielle. Ce qui me laisse convaincu que Ghoul a les coudées franches pour appliquer la loi de l'omerta. Conclusion pour ceux qui doutent encore de ce clan : Seul Dieu est capable de les "déloger" aisément.
mais on oublie que c´est cette notion de Dieu même qui a mis l´Algérie à genoux. Il n´y a pas de dieux, arrêtons de rêver que Dieu et les dieux va nous aider. La salut ne viendra que de nous même.
Mais quelle est la différence entre MSP et FLN ? Tous les deux sont arabisants et islamisants, non ? La majorité des autres parties politiques n´en sont que des répliques.
Moi je viens de créer parties politiques: le premier c´est le parti du coran, le second est le parti du halal, le troisième est le parti du Dieu, le quatrième est le parti de la sunna, le cinquième est le parti de la charia, le sixième est le parti du voile et le dernier le parti d´arabisation de ceux qui osent disent Azul au lieu de Salam Aliakoum.
Rendez vous donc aux élections prochaines surtout que cette médaille d´or a été dédiée en premier pour les musulmans, en second lieu pour les Arabes et en dernier lieu pour les Algériens arabes (il a bien précisé notre athlète pourtant berbère lui même: aux Algériens arabes). Il a même oublié de la dédier à sa maman qui l´a fait élevé dans le manque et le voile.