Alger - Brest : le canon monument de la rédemption !
"Le dernier argument des rois".Devise gravée sur les canons de Louis XIV
De quelle obédience algérienne, hic et nunc, se réclame-t-on quasi-véhémentement pour exiger la restitution d’un engin destructeur datant du XVI ème siècle, aujourd’hui exposé dans une rade bretonne ? Cette machine de guerre, certes purement défensive à l’origine, est un canon hors du commun, presque sept mètres de long et capable d’anéantir sur plus de quatre kilomètres à partir d’un front de mer, commandée par un dey tout puissant de la Régence, le dey Hassan en l’occurrence, rattaché politiquement et stratégiquement au khalifat de la Sublime porte, anciennement Constantinople, aujourd’hui Istanbul, la plus importance métropole turque, à la jonction du Bosphore et de la mer de Marmara, c’est-à-dire de la mer Noire et de la mer Méditerranée, donc le dey avant son assassinat le fait construire dans un atelier de fonderie vénitien, mais remis aux raïs d’Alger bien après le décès de celui-ci.
Il servit à repousser maintes tentatives d’invasion par le port d’Alger, mais l’Histoire retient qu’il était utilisé aussi comme matériel de sévices contre des personnes suspectées menaçant gravement l’autorité de la Régence. Au lendemain de la conquête française, il a été déboulonné, sur ordre du vainqueur breton, le maréchal Duquesne, et transporté jusqu’à la ville océane de Brest où il a été remis debout à la manière d’une colonne, que les autochtones apprirent à considérer l’édifice comme un monument de la victoire mais aussi de la mort.
Six siècles de "qui tue qui"
Mais silence radio et téléphone arabe, pendant presque deux siècles que, sans crier gare, on nous sort cette fumisterie de Baba Merzoug à propos d’un putain de canon en bronze, beaucoup plus ancien, plus puissant et plus phallique, que le Bertha d’Hitler. Pour faire nouveau et sensas vers le terme du dernier millénaire, des illuminés de nationalité algérienne, pour se faire remarquer dans la foulée de l’Histoire, qui, au demeurant, jusqu’à preuve du contraire, se fait selon les concepts des inventions dans les sciences et les technologies, n’ont pas trouvé mieux pour associer leurs noms avec celui de leur pauvre pays qui n’a que le pognon du pétrole et du gaz pour pouvoir balbutier quelque chose au monde, ils se mettent en association pour demander à la France la restitution de ni plus ni moins qu’une sacralité depuis bien longtemps adoptée, classée, nomenclaturée et admise comme patrimoine français.
En quoi cette demande qui veut se présenter comme nécessaire au regard de l’opinion nationale, voire universelle, peut-elle s’apprécier sous l’angle de la repentance ? Sinon de rouvrir le dossier de la triangulation rémissible franco-turco-algérienne.
En revanche, et il n’y a nul doute là-dessus, la France détient des connaissances très avancées sur des patrimoines algériens les plus reculés dans l’histoire humaine, qui relèvent de l’anthropologie, de l’archéologie et de l’ethnographie, bien conservés dans ses archives érudites. Ce sont les chercheurs du Centre de recherche de Slimane Hachi, Nour Eddine Saoudi ou Rachid Bellil, entre autres, et leurs doctorants, à qui il est plus rationnel et édificateur de donner la parole pour exiger de leurs dirigeants d’agir auprès des responsables français aptes à émettre des réponses dans le discours de la science et de la science seulement.
Car ceux qui veulent entraîner les esprits algériens encore sains dans cette fumisterie canonnière, veulent, peut-être sans le savoir, nous refaire le coup du "qui tue qui" en nous faisant revenir au panier à crabes légué par un empire ottoman définitivement déconfit.
Nadir Bacha
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