Europe : restructurations en vue dans l'industrie automobile
Le secteur de l'automobile européen n'est pas sorti du rouge, selon les analystes. Les constructeurs perdent de l'argent et plusieurs usines risquent de fermer dans un proche avenir.
L'Europe reste le talon d'Achille de plusieurs constructeurs automobiles, comme le montrent leurs résultats financiers et après l'annonce de suppressions de postes massives chez le numéro un français PSA Peugeot Citroën, d'autres restructurations pourraient suivre. Les américains General Motors, Ford, mais aussi l'italien Fiat (allié à Chrysler) ont tous annoncé cette semaine avoir perdu de l'argent sur le Vieux continent.
Seuls les allemands (hors Opel) et les asiatiques sont épargnés. Le sud-coréen Hyundai-Kia ne compte pas d'usine en Europe de l'Ouest et Toyota, présent en France, est dans le vert. GM a essuyé une perte de 400 millions de dollars au deuxième trimestre avec sa filiale Opel, contre un bénéfice de 100 millions un an plus tôt. Ford accuse lui aussi une perte de 400 millions sur trois mois et évalue le cumul à un milliard sur l'année.
Fiat est resté dans le rouge (-70 millions d'euros). Les analystes de Mediobanca table toutefois sur une amélioration grâce à de nouveaux accords en vigueur chez lui, qui prévoit des conditions de travail durcies.
Les autres groupes européens ne détaillent pas leurs résultats par zone géographique. Mais PSA Peugeot Citroën a plongé dans le rouge au premier semestre à cause de la mauvaise tenue des marchés européens et son compatriote Renault a vu ses bénéfices reculer. Les analystes de Deutsche Bank évalue les pertes de ce dernier sur l'Europe entre 160 et 210 millions.
Ces mauvaises performances financières ont amené les dirigeants du secteur à remettre en avant la nécessité de réduire les capacités de production en Europe de l'Ouest. Un porte-parole de General Motors a mis le feu aux poudres jeudi en affirmant que la fermeture d'une usine européenne était "toujours en négociation", avant de revenir sur ses propos et de parler d'"une erreur". Le puissant syndicat allemand IG Metall a immédiatement réagi, refusant de négocier toute fermeture de site, en Allemagne ou ailleurs.
Le directeur financier de GM, Dan Amman, a admis que cette zone restait "extrêmement difficile". Pour les analystes de Jefferies, les choses ne vont pas s'améliorer et "le second semestre devrait être pire que le premier" pour l'américain. "Nous sommes en discussions avec nos syndicats et, bien entendu, il y a eu des mesures prises en France avec PSA, les Italiens parlent de mesures sur les capacités. Dans toute l'Europe, on commence à voir que certaines des mesures nécessaires commencent à être prises alors que ce n'était pas le cas jusque là", a ajouté M. Amman. PSA a dévoilé le mois dernier son projet de supprimer 8.000 postes en France, après 1.900 déjà annoncés fin 2011, avec à la clé la fermeture du site d'Aulnay-sous-Bois, près de Paris et la réduction de l'activité de celui de Rennes (ouest de la France).
Fiat, qui a déjà fermé une usine en Sicile, à Termini Imerese, dit ne pas pouvoir donner d'indications pour l'instant sur ses futurs investissements et renvoie à fin octobre pour en savoir plus, alors que le marché automobile italien est en chute libre. Il assure pourtant qu'il va gérer "les effets sociaux de la conjoncture défavorable" en continuant à mettre certains de ses salariés au chômage technique. Ceci afin d'éviter des "interventions structurelles", c'est-à-dire des licenciements ou un nouvelle fermeture d'usine.
Ford veut de son côté "clairement alléger (sa) structure de coûts". Le constructeur a déjà recours à des "semaines de travail plus courtes, la réduction de l'emploi de travailleurs intérimaires, mais en ce qui concerne les employés à temps plein, nous ne l'avons pas encore fait", a expliqué dans un entretien à l'AFP à New York, son directeur financier Bob Shanks expliquait fin juillet.
Avec AFP
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