Oran : raccordement illicites des réseaux d'eau et d'électricité
Des bidonvilles sont alimentées en énergie électrique moyennant une somme de 3 à 5 millions de centimes en guise de corruption pour un branchement dans les communes de la wilaya d’Oran. A l'exemple de ceux de Mers El Kebir et d’Es Sénia.
Suite à l’ampleur des complicités des cadres et agents des entreprises étatiques de l’Etat concernant des raccordements illégaux aux réseaux d’eau et d’électricité qui viennent d’être révélés au niveau de l’ensemble des bidonvilles de la wilaya d’Oran, le wali d’Oran vient d’ordonner l’ouverture d’une enquête sur les branchements illicites. Le chef de l’exécutif de la wilaya a mis en garde les responsables des entreprises de wilaya et qui concernent les branchements de "complaisance" aux réseaux d'eau et d'électricité, moyennant des sommes allant de trois millions de centimes jusqu’à 5 millions selon les quartiers ou agglomérations. à l’image de ceux des communes de Mers El-Kebir, Es-Senia, Arzew. Ces dernières vont faire l'objet d'enquêtes, a annoncé le wali lors du dernier briefing.
Des sanctions seront prises à l'encontre des responsables de Seor et de Sonelgaz dont l'implication serait établie à l'issue des investigations. La responsabilité de ces deux opérateurs, en tant que personnes morales, est également engagée, selon le wali, qui a expressément averti les services de la Seor et de la Sonelgaz contre les conséquences des raccordements qui n'obéissent pas à la procédure réglementaire. "Nous allons reprendre les opérations de démolition après le ramadan. Aucune construction illicite érigée en mon temps, qu'elle soit baraque ou château, ne sera épargnée. Et vous, Seor et Sonelgaz, allez payer les pots cassés !", a menacé en plénière Abdelmalek Boudiaf.
Le wali s'est étonné que des bidonvilles de fraîche date soient alimentés en eau et en électricité, voire aussi en gaz naturel, le plus normalement du monde. De tels raccordements effectués par les services compétents faisant fi du formalisme administratif pose un autre casse-tête : celui lié à la problématique de passer à l'action de démolition de ces constructions illicites branchées aux lignes de basse et moyenne tension ainsi qu'au réseau d'adduction de l'eau potable.
En raison de la configuration anarchique et le chevauchement presque aléatoire des connexions eau et électricité qui se font dans les bidonvilles, il n'est pas toujours évident pour les gestionnaires des réseaux de pouvoir mettre "out" ces périmètres et de les isoler avant de procéder à la démolition. En général, les coupures volontaires de l'eau et de l'électricité à l'occasion de démolitions, se sentent plusieurs kilomètres à la ronde, pénalisant des milliers d'habitants, et ce du fait que tout le secteur est coupé à défaut de pouvoir couper uniquement le petit périmètre ciblé.
De plus, pour l'eau comme pour l'électricité - et très rarement pour le gaz puisque le branchement à cette source d'énergie domestique est beaucoup mieux géré -, le démantèlement de tels petits maillons du circuit sectoriel a une facture. Il est utile de savoir que du point de vue réglementaire, le raccordement au réseau de distribution d'eau potable, en ce qui concerne les particuliers (ménages et commerces) doit être précédée d'une demande de raccordement dûment signée par l'intéressé et accompagnée d'une copie légalisée de la carte d'identité nationale et d'un titre légal d'occupation. Pour le demandeur propriétaire, il faut produire une photocopie légalisée de l'acte de propriété.
Pour le demandeur locataire, un contrat de location si c'est un bien de l'Etat, contrat de location et autorisation écrite dûment légalisée si c'est une propriété privée. A quelques détails près, la procédure est la même pour le raccordement au réseau de Sonelgaz. Mais dans la pratique, les choses ne se font pas toujours comme ça. Souvent, on peut avoir l'eau et l'électricité chez soi en un temps record et sans passer par la paperasse. Aussi, le statut de l'Entreprise publique à caractère industriel et commercial (Epic) dont jouissent les deux entreprises en question depuis quelques années est parfois faussement interprété comme étant un "quitus" de l'Etat pour baser son propre plan d'exploitation sur le commercial et le marketing, et donc sur la recette financière, sans trop se soucier de la notion du service public, encore moins des exigences inhérentes à l'habitat et à l'aménagement urbain.
H. Medjadji
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