Libye : attentat contre un bâtiment des renseignements à Benghazi

L'attentat contre les bureaux des renseignements n'a pas fait de victime.
L'attentat contre les bureaux des renseignements n'a pas fait de victime.

Un attentat à l'explosif a visé ce mercredi matin les bureaux des services de renseignement militaires libyens à Benghazi, dans l'est du pays, ont rapporté des témoins et les forces de sécurité.

L'attentat n'a pas fait de blessés. Des inconnus qui circulaient en voiture ont lancé un engin explosif sur le bâtiment, situé boulevard de Dubaï. Les vitres de plusieurs immeubles ont volé en éclats. Adil Othmane, porte-parole de l'armée à Tripoli, a confirmé l'attentat et précisé qu'une enquête avait été ouverte. C'est la troisième fois que ce bâtiment est attaqué depuis le début de l'année.

Pour de nombreux Libyens de Benghazi, c'est un symbole de la dictature de Mouammar Kadhafi, renversé l'an dernier après une insurrection partie justement de la capitale de la Cyrénaïque, où s'est développé ces derniers mois un mouvement en faveur d'une plus grande autonomie par rapport au gouvernement central de Tripoli. Mardi soir, sept employés du Croissant-Rouge iranien ont été enlevés par des hommes armés en plein centre-ville. Les sept hommes rentraient en voiture à leur hôtel lorsque l'attaque s'est produite.

Les armes abandonnées, une vraie menace pour les civils

Lendemains difficiles pour les Libyens. La révolution finie, le problème de l'arsenal de l'ancien dictateur demeure entier. Surtout pour les civils, mais aussi pour les pays limitrophes, puisque ces armes seraient déjà entre les mains de groupes narco-terroristes.

Des armes abandonnées ayant fait partie de l'arsenal de l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi représentent une menace sérieuse pour les populations civiles, prévient un rapport publié jeudi par l'université Harvard.

"Si ces armes ont été abandonnées, leur capacité de nuisance sur les civils reste intacte", souligne Bonnie Docherty, à la tête d'une équipe de recherche de la Harvard Law School et son partenaire l'ONG CIVIC qui s'est rendue en Libye. Parmi ces armes abandonnées après le conflit de l'an dernier figurent des balles et des obus de mortier ainsi que des torpilles et des missiles sol-air, précise le rapport.

Pour Nicolette Boehland, co-auteur du rapport, "la gamme d'armes est choquante" et cet arsenal crée une "situation explosive" dans un pays où le gouvernement central est encore faible. "Des armes sont dispersées en dehors de centaines de bunkers mal sécurisés. D'autres sont dispersées à travers le pays, parmi les stocks des milices dans les centres urbains, les musées, les champs et même les foyers", a-t-elle précisé à l'AFP en Libye.

Le risque d'explosion de stocks d'armes près des zones peuplées, la curiosité de la population et l'accès aux sites pollués et aux munitions ou encore la collecte d'armes pour les vendre et les utiliser, sont autant de menaces pour la population civile.

Le rapport souligne également les dangers auxquels s'exposent les civils quand certains groupes non entraînés s'emploient à nettoyer des zones de munitions ou exposent leurs armes comme souvenir de guerre. Il donne comme exemple une explosion qui s'est produite à Dafniya (ouest), où une milice conservait des armes dans 22 conteneurs, propageant une quantité importante de matières dangereuses et mettant en péril la population.

Steve Joubert de l'ONG JMACT (Joint Mine Action Coordination Team) souligne de son côté qu'il y a "plus d'armes que de personnes à Misrata", en référence à la troisième ville de Libye, qui avait connu des semaines d'un siège implacable en 2011. Le rapport note que le Service de l'action antimines des Nations unies (UNMAS) et des organisations internationales ont assumé le gros du travail, nettoyant des zones polluées et conseillant les populations sur la gestion des stocks d'armes.

Citant UNMAS, Mme Boehland a fait état d'au moins 208 victimes, dont 54 décès causés par des armes abandonnées. Ce bilan inclut 72 enfants tués ou blessés. "Les enfants sont particulièrement attirés par les armes car elles portent des couleurs vives ou ressemblent à des jouets", relève-t-elle. Le rapport appelle les autorités récemment élues en Libye à développer une stratégie nationale pour sécuriser les équipements militaires abandonnés et les stocks. Il exhorte les organisations internationales, notamment l'Otan, à aider à cette tâche.

Les bombardements par l'Otan de bunkers de munitions durant le conflit l'an dernier ont "propagé les armes à travers les champs, créant un problème encore plus dangereux et difficile", note-t-il. Le rapport a été publié par la International Human Rights Clinic de la Harvard Law School en partenariat avec l'ONG CIVIC (Campaign for Innocent Victims in Conflict) et le Center for American Progress.

LM/AFP/Reuters

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