Les rebelles de l’ASL possèdent désormais chars et armes lourdes
La force de l'Armée syrienne libre s'affirme chaque jour face à l'armée du régime. Elle a réalisé plusieurs actions d'éclats emportant des victoires dans les combats de rue.
Les rebelles comptent s'emparer des sièges des services de renseignements à Alep, après la prise symbolique de trois commissariats dans la deuxième ville de Syrie, a affirmé mercredi un responsable insurgé. De son côté, une source de sécurité a affirmé que l'objectif des rebelles est de s'emparer du siège des renseignements de l'armée de l'air, qui se trouve dans le quartier de Zahra, à la périphérie ouest d'Alep. Cela leur ouvrirait la porte de quartiers aisés de la ville qu'ils ne contrôlent pas pour le moment, a dit cette source. Cela fait cinq jours qu'ils essaient de prendre ce siège, sans succès, a-t-elle ajouté.
Al Assad encourage ses soldats
C'est une première depuis le début de la guerre civile. Dans un dernier effort, Bachar Al Assad a exhorté mercredi ses soldats à écraser la rébellion pour assurer l'avenir de la Syrie et de son peuple, au plus fort de la bataille pour Alep, la capitale économique du pays. Le président syrien ne s'était pas exprimé en public depuis l'attentat du 18 juillet à Damas, qui a tué quatre de ses proches dont le ministre de la Défense.
"Le sort passé, présent et à venir de notre peuple et de notre nation dépend de cette bataille", affirme Bachar al Assad dans un message publié par une revue militaire à l'occasion de la Journée des forces armées. En affrontant les "bandes terroristes criminelles", ajoute-t-il, l'armée fait preuve "d'une détermination et d'une conscience de fer".
A Alep, dans le nord proche de la Turquie par où arrive l'aide aux insurgés, les rebelles ont pris le contrôle de trois commissariats de police dans un quartier stratégique. Mercredi matin, des explosions ont retenti dans la ville que survolaient des hélicoptères de combat. Pour les autorités de Damas, la bataille d'Alep est "la reine de toutes les batailles" et la perte de cette agglomération de deux millions et demi d'habitants serait un terrible revers, stratégique comme symbolique, après seize mois et demi d'insurrection.
Des vidéos diffusées sur internet sembleraient prouver que les rebelles se livrent à des exécutions sommaires dans les zones qu'ils contrôlent à Alep. Une vidéo visible sur le site YouTube montre quatre hommes, probablement des miliciens pro-Assad, conduits sans ménagement dans une cour remplie de monde. On entend ensuite des tirs nourris pendant que la foule crie "Dieu est le plus grand". Quand la fumée se dissipe, on aperçoit des corps près d'un mur.
On voit deux hommes en sous-vêtements qui sont emmenés en bas d'un escalier et alignés contre un mur avant d'être abattus. Les "chabihas", soutenus par la police secrète du régime, sont au premier plan de la répression du soulèvement contre le clan Assad, des chiites alaouites. La milice "chabiha", à l'origine uniquement composée d'alaouites, a recruté après le début du soulèvement en mars 2011 des membres de la communauté sunnite. Ces recrues sont en majorité issues d'Alep et de la province orientale de Daïr az Zour.
Une autre vidéo montre des rebelles fêtant la prise d'un commissariat de police dans la ville de Nairab, au sud-est d'Alep. "Venez voir les cadavres (de ceux) qui meurent pour Assad", lance un rebelle avant que la caméra ne pénètre dans les locaux de la police et montre une quinzaine de corps dans la cour et les bureaux. Le bâtiment est criblé d'impacts de balles et partiellement brûlé. Un des rebelles pointe son arme sur le corps du responsable du poste de police, identifié comme étant l'inspecteur Ahmad al Khatib, et tire une balle qui lui fait sauter la tête. "Je te crache dessus et je crache sur le tyran Bachar al Assad", déclare le tireur.
Missiles sol-air et chars
Le quartier de Salaheddine, dans le sud-ouest d'Alep, est le théâtre des plus violents combats pour le contrôle de la ville. L'armée avait annoncé durant le week-end en avoir pris le contrôle mais les affrontements s'y poursuivent. Le quartier s'est vidé de sa population et les magasins sont fermés.
Une porte-parole de la mission de l'ONU en Syrie affirme mercredi que les observateurs "ont vu hier un avion de chasse tirer" sur certains quartiers de la capitale économique du pays. "Nous avons maintenant la confirmation que l'opposition possède à Alep des armes lourdes, dont des chars", a-t-elle également précisé dans un courriel adressé à l'AFP, confirmant des témoignages rapportés la veille.
"Ces dernières soixante-douze heures ont vu un accroissement important du niveau de violence dans le sud-est de la ville, autour du quartier de Salaheddine (bastion des insurgés) et il y a des informations sur des victimes et des déplacement de population", ajoute encore la porte-parole, installée à Damas. La première offensive de l'armée le 28 juillet la zone du sud-ouest tenue par la rebellion avait été repoussée.
L'un des chefs militaires rebelles sur place, le colonel Abdel-Djabbar al Okaïdi, affirme que la conquête du centre-ville n'est qu'une question de jours. Les insurgés disent contrôler l'est et le sud-ouest de l'agglomération. "Les hommes du régime tentent depuis trois jours de reprendre Salaheddine, sans succès. Ils ont subi de lourdes pertes en hommes et en matériel et ont été forcés de se retirer", a-t-il dit. Le colonel Okaïdi, qui a déserté de l'armée gouvernementale il y a six mois, a affirmé à Reuters que plus de 3.000 rebelles se battaient à Alep. Selon la chaîne américaine NBC, les insurgés disposeraient d'une vingtaine de missiles sol-air de type Manpad, livrés via la Turquie.
Alep s'est vidée d'une partie de ses habitants. Vivres et carburant manquent cruellement. "Les femmes et les enfants sont partis, les hommes sont restés pour garder les maisons. On n'a pas d'eau, pas d'électricité", dit Djoumaa, un ouvrier de travaux publics de 45 ans.
L'armée turque a entamé mercredi des manoeuvres militaires non loin de la frontière syrienne, ont annoncé les autorités d'Ankara. Environ 25 chars de la 70e brigade mécanisée participent à ces manoeuvres organisées le secteur de Nusaybin, dans la province de Mardin, à seulement deux kilomètres de la frontière, a précisé à l'agence de presse Anatolie le gouverneur de la province.
Diplomatie
Sur le plan politique, le commandant de l'Armée syrienne libre (ASL), Riad al Asaad, a critiqué mercredi la création au Caire, la veille, d'un nouveau groupe d'opposition, le Conseil pour la révolution syrienne (CRS), dénonçant l'"opportunisme" de ses fondateurs qu'il a accusés de vouloir "faire des affaires avec le sang de nos martyrs". A New York, l'Assemblée générale de l'Onu se réunira jeudi pour examiner la situation en Syrie et pourrait, selon certains diplomates, voter en faveur d'une résolution saoudienne condamnant le Conseil de sécurité pour avoir échoué à prendre des mesures contre Damas.
LM/Reuters/AFP
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