Tunisie : à Sidi Bouzid révoltes et manifestations se poursuivent

Grande est la désillusion à Sidi Bouzid.
Grande est la désillusion à Sidi Bouzid.

Manifestations et tirs de sommation à Sidi Bouzid, berceau de la révolte tunisienne.

Des dizaines de manifestants ont attaqué jeudi le siège du gouvernorat à Sidi Bouzid, dans le centre-ouest de la Tunisie, et la police a procédé à des tirs de sommation et de gaz lacrymogènes pour les disperser. Des habitants de cette ville protestant contre leur situation sociale ont mis le feu à un pneu avant de le jeter à l'intérieur des locaux du gouvernorat. Des agents de la sécurité ont riposté en procédant à des tirs de sommation et de grenades lacrymogènes pour les disperser.

"Voici de nouveau la police de Ben Ali", ont crié les manifestants en lançant des pierres en direction des forces de l'ordre. Ils faisaient référence au président déchu Zine el-Abidine Ben Ali, chassé en janvier 2011 par une révolte populaire partie de Sidi Bouzid, après le suicide deMohamed Bouazizi, un vendeur ambulant qui s'était immolé devant le gouvernorat pour protester contre la saisie de sa marchandise.

Les manifestants ont aussi tenté d'incendier le local du parti islamiste Ennahda, qui dirige le gouvernement. Certains ont cassé la porte d'entrée et saccagé les bureaux situés dans un immeuble du centre-ville, a-t-on encore constaté. Le ministère de l'Intérieur a confirmé les violences, mais a démenti que la police ait procédé à des tirs de sommation.

"La police a dû seulement tirer des grenades lacrymogènes pour disperser les gens qui s'attaquaient à coups de pierre au gouvernorat", a indiqué à l'AFP le porte-parole du ministère, Khaled Tarouch. Un porte-parole d'Ennahda a déploré de son côté la mise à sac des locaux du parti et a accusé "un groupe des manifestants téléguidés par des partis politiques", sans toutefois nommer ces partis.

Des sources syndicales locales ont recensé plus d'un millier de manifestants, mais le ministère de l'Intérieur a estimé leur nombre à quelque 150 personnes, des travailleurs journaliers exigeant le règlement de leurs salaires. Ces ouvriers, privés de salaire depuis plusieurs semaines, ont réclamé leur dû pacifiquement ces derniers jours, avant d'être ralliés jeudi par leurs proches et des habitants de la ville.

Le calme a été rétabli, a affirmé le ministère de l'Intérieur. Aucun blessé n'a été signalé dans les rangs des manifestants ni parmi les forces de police qui étaient appuyées par des unités de l'armée, selon le correspondant de l'AFP.

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