Les confidences d’un général pervers
Notre officier n’est Caliban ni Prospero.
Ce n’est ni un dictateur qui a le souci de la science ni un homme du savoir qui a à cœur le devoir de la citoyenneté et de la démocratie. Ce n’est pas non plus un paysan rassembleur et constructeur pour qui la patrie et l’uniforme militaire constituent les marques de la plus grande noblesse, la suprême distinction de la seigneurie. A vrai dire, notre officier que personne ne peut définir et décrire tant tout en lui est obscur et sombre, est militaire par inadvertance, par le concours de circonstances hasardeuses.
Cependant, dans ses mémoires, une sorte de roman western, il estime qu’il est l’œuvre de la providence, qu’il est celui qui a permis au destin de l’humanité de s’accomplir. Au bout de quelques secondes, il pose son livre sur le bureau pour me fixer d’un regard qui cherche la complicité et l’approbation des idées. D’autant plus dans ses mémoires truffés de contrevérités, il a omis de parler de sa rencontre avec le général De Gaulle à Baden Baden en 1958 et de la mission dont il fut investi lorsque il avait rejoint les rangs de l’ALN en 1960, au moment ou l’Algérie était presque indépendante et souveraine.
Selon notre général, la seule démocratie qui vaille est celle qu’il prône. Le rappel des valeurs morales et intellectuelles, la dissidence, le contrepouvoir, les thèmes, les priorités et les enjeux qui font l’architecture d’une véritable démocratie et qui donnent un sens à l’engagement civique d’une république, ne sont d’aucune utilité pour la communauté. Seule la trique peut éduquer et former l’esprit. La violence et la terreur sont autant nécessaires à une société qui aspire à devenir une puissance. D’ailleurs, note-t-il dans un élan calculé d’avance pour nous faire rappeler les sautes d’humeur légendaires du général Patton, sans la violence des années 1990 nous n’aurions jamais pu devenir une puissance nucléaire. Aujourd’hui, ajoute-t-il encore, nous sommes une puissance nucléaire au même titre que la France et Israël. Nous avons simulé une guerre civile pour ne pas éveiller les soupçons de la communauté internationale sur notre ambition d’accéder au rang de puissance nucléaire.
Mais au-delà de ce mensonge, de ce délire structuré qui relève beaucoup plus de la psychiatrie que de la démagogie et de la propagande, on peut noter aisément le refus de notre interlocuteur d’accepter les faits, d’assumer son entière responsabilité dans un drame sans nom au moment le pays n’avait aucun adversaire en face de lui et surtout la difficulté morale à se confronter à son propre passé.
Ce délire ne s’arrête pas à ce seul seuil. Il va plus loin encore. Son incapacité à regarder les choses en face l’amène à mentir davantage et à interpréter de façon biaisée les faits en leur donnant sa propre version. A ce titre, selon notre interlocuteur l’absence de légitimité politique à travers les représentations élues du peuple et la tradition de "coopter" des partenaires sociaux et politiques taillés sur mesure au lieu de confier le destin de la nation aux compétences politiques reconnues, ne constituent en aucun cas une entrave réelle à la construction d’une société équilibrée. Autrement dit, les mensonges, la propagande, le déficit de légitimité politique et les apparences à la place d’une vraie démocratie, à la place du savoir et de la légitimité populaire, ne peuvent pas être ce moment si craint, ce moment où l’Algérie risque non seulement d’autres violences mais de s’effondrer en tant que Etat et nation. La preuve, martèle-t-il, notre pays n’a pas suivi l’exemple de l’Egypte, de la Tunisie, de l’Irak et de la Syrie.
Saïd Radjef
Commentaires (8) | Réagir ?
Parlez moi plutôt des généraux qui ont marqué l'histoire à l'instar de Jules Cesar militaire et politicien aussi, Napoleon, Hannibal, Alexandre le Grand, Khaled bnou el walid, Salah El Dine El Ayoubi...
Partout d'a travers le monde a l'exception du Cuba et la Coree du nord, cela sera pris pour ce que c'est du satir... ou la blague ou caricature litieraire - Helas en algerie, c'est une verite' passible de trahison d'etat, car c'est la realite (pas la verite') de quiconque qui en depend (travaille) - 80 % de la population !
Comme disait mon pote Herve', "ca craint, le Marocain !", referrant au Hasshish biensur...
Nous vous inquietez, je me suis abstenu, reserve a si Brahim, ca coule mieux...