APPEL CITOYEN : " Non à la constitutionnalisation de l’autoritarisme"
Quelqu’un est-il contre le troisième mandat ? », s’est exclamé le président de la République à Tamanrasset. La réponse est oui. L’article 74 de la Constitution ne limite-t-il pas le nombre de mandats présidentiels à deux ? L’Algérie de 2008, celle des harraga, de la cherté de la vie, du chômage et des kamikazes, n’a-t-elle pas d’autres priorités que d’organiser la poursuite du statu quo ?
La campagne qui fait croire que le troisième mandat pour le président Bouteflika est une revendication nationale et populaire est une flagrante violation de la Constitution. Pour les promoteurs de cette campagne, la loi fondamentale du pays est un simple obstacle à contourner sur la voie d’une nouvelle présidence à vie. Nous, citoyens algériens, outrés par cette dérive, n’entendons pas accepter le fait accompli. Nous comptons nous mobiliser contre l’amendement de l’article 74 et, plus généralement, contre la révision constitutionnelle annoncée, qui renforcera les pouvoirs du président de la République, déjà exorbitants, aux dépens de ceux du Parlement. L’Algérie a connu une période de « stabilité des hommes » comme celle à laquelle aspirent les promoteurs du troisième mandat : le Président avait tous les pouvoirs, l’Assemblée nationale quasiment aucun, le poste de chef du gouvernement n’existait pas et le nombre de mandats présidentiels était illimité. Combinée à l’injustice sociale, cette « stabilité » a donné l’explosion d’octobre 1988. La Constitution de février 1989 a été acquise au prix de la mort de centaines de jeunes. Elle a incarné le cadre républicain de l’Etat aux pires des années de violence. Les dizaines de milliers de victimes lui donnent une symbolique que trahit le coup de force en préparation. Cette Constitution propose un standard minimal dans le partage des pouvoirs et la protection des libertés auquel la pratique politique n’a jamais réussi à se hisser. Les dernières années ont banalisé le viol de ce texte : le recours « ordinaire » aux ordonnances législatives, le transfert de la majorité des pouvoirs du chef du gouvernement au président de la République, l’application de projets de lois avant même leur adoption, la cession de domaines publics inaliénables, la pratique de la torture et de la mise au secret, le musellement de la presse, le déni des droits de manifestation et d’association, la restriction du droit de grève... La « dérogation permanente » à la Constitution comme mode de gouvernement a aggravé les problèmes du pays : désespoir suicidaire des jeunes, escalade du terrorisme, généralisation de la corruption, enracinement de la pauvreté. Conséquence : les Algériens ne croient plus aux élections ni aux institutions. Nous nous déclarons mobilisés contre la fatalité du pire. Nous appelons tous ceux qui s’opposent au projet d’une constitutionnalisation de l’autoritarisme à joindre leurs efforts aux nôtres pour défendre ensemble les libertés démocratiques et le principe d’alternance au pouvoir.
Pour s’informer :
http://respecterlaconstitution.centerblog.net/
Pour signer la pétition :
[email protected]
Liste des 50 premiers signataires :
Baya Gacemi (journaliste) ; Fodil Boumala (universitaire) ; M. Lakhdar Maougal (universitaire) ; Ihsane El Kadi (journaliste) ; Abed Charef (journaliste) ; Nasser Eddine Lezzar (avocat) ; Yassine Temlali (journaliste) ; Farid Farah (universitaire) ; Saïd Djafar (journaliste) ; Hanafi Taguemout (journaliste) ; Hakim Addad (militant associatif) ; Ali Boudoukha (journaliste) ; Zoubir Arous (universitaire) ; Mohamed Bouazdia, (journaliste) ; Lakhdar Bouregaa (officier supérieur ALN) ; Mahmoud Belhimeur (journaliste) ; Mohamed Ourabi (ancien député FLN) ; Samia Chala (réalisatrice) ; Saad Benmiloud (chef d’entreprise) ; Chérif Aissat (ingénieur) ; Sid Ali Aoûn (syndicaliste) ; Kaddour Chouicha (universitaire) ; Mohamed Mekkioui (enseignant USTO) ; Mohamed Bouziane (enseignant USTO) ; Lotfi Madani (universitaire) ; Akli Ourad (ingénieur) ; Mohamed Smaïn (Laddh) ; Rachid Bouchenna (universitaire) ; Omar Zegane (enseignant) ; Ali Ihaddadène (enseignant) ; Brahim Hadj Slimane (journaliste) ; Layachi Mahdi (consultant) ; Zoheir Belkaddar (archéologue) ; Merzouk Hamiane (journaliste) ; Ouali Aït Yahia (Laddh) ; Arezki Aït Mouloud (fonctionnaire) ; Mansour Bouherine (retraité) ; Kamel Aïssat (universitaire) ; Djamila Aït Yala (praticienne de la santé) ; Boualem Sansal (écrivain) ; Chérifa Khadar (Jazaïrouna) ; Abdenour Haouati (manager) ; Saïd Boudiaf (historien) ; Ahmed Ancer (journaliste) ; Ahmed Brahimi (universitaire) ; Mâamar Kerfa (médecin) ; Saïd Benmerad (consultant) ; Dalila Hadjadji (vétérinaire) ; Samira Négrouche (poétesse)
Commentaires (26) | Réagir ?
Mobiliser contre le coup de force et le mandat a vie est une initiative qui peut rallier beaucoup de monde, mais passer par la pour faire ressortir Hamrouche du chapeau est une manipulation, qui ne conduira qu'a l'echec.
Merci d'ajouter mon nom à la liste.
par principe, par conviction.
pour que demain, je ne dirais pas "je suis lâche"
Hcinu