Ces enfants soldats recrutés par les islamistes au Nord-Mali
Les islamistes qui occupent le Nord-Mali n’hésitent pas à recruter de jeunes garçons pour renforcer leurs troupes. Les nouvelles recrues sont parfois âgées d’à peine dix ans. Face à la situation, l’Unicef a tiré la sonnette d’alarme.
Ils leur promettent le paradis s’ils meurent au front. Les islamistes du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) ont, avec cette promesse, convaincu des centaines de jeunes de rejoindre leurs rangs dans le Nord-Mali, à Gao et Tombouctou. La majorité des recrues ont moins de vingt ans. D’autres ont à peine dix ans.
Une fois enrôlés, les jeunes soldats reçoivent un entrainement militaire. Ils apprennent les techniques de combats et comment manier une arme. "Ils m’ont dit l’école, ce n’est pas bon. On m’a emmené dans les camps d’entraînement et on m’a montré comment charger l’arme, toutes ses positions", témoigne ce jeune Malien.
Face à la situation, l’Unicef a tiré la sonnette d’alarme début juillet. Mais les recrutements sont déjà en marche. La plupart des écoles a été fermée. Certains établissements ont été remplacés par des écoles coraniques. Livrés à eux-mêmes, les enfants sont démunis. Les islamistes n’hésitent pas à faire de la propagande dans les grandes villes, incitant les plus jeunes à suivre la voie du djihad.
Ousmane Amadou Maiga, président du mouvement : "Nous pas bouger" des jeunes de Gao, tente de dissuader les enfants de porter les armes en vain. Il s’est confié à Rue 89 : "J’essaie de leur parler mais ça ne sert à rien. Je me souviens d’un petit. Il devait avoir dix ans et revenait du front où il avait participé aux combats contre le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Il se vantait de pouvoir démonter et remonter un fusil d’assaut en quelques minutes seulement. Je lui ai dit : "Va aider ta mère à faire les courses, c’est mieux." Il m’a répondu : "Inquiète-toi plutôt pour ta mère. Tu veux qu’on laisse les Touaregs aller la violer ?"
Les islamistes savent être convaincants. Leur principal argument : l’argent. Ils proposent aux jeunes des salaires mensuels alléchants. Les sommes peuvent parfois aller jusqu’à 600 000 FCFA (904 euros). Une enveloppe bien supérieure au salaire mensuel moyen du pays, 35 000 FCFA (54 euros).
Ces recrutements d’enfants soldats ne laissent rien présager de bon. La situation va de mal en pis dans le Nord-Mali. Démunies, les autorités à Bamako sont impuissantes face à l’avancée des islamistes. La communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) envisage d’envoyer des troupes pour les déloger. Trois mille hommes devraient s’engager sur le terrain. Mais encore faut-il que l’organisation ouest-africaine obtienne le mandat de l’ONU. Un feu vert qu’elle attend toujours. De son côté, la France tente de convaincre l’Algérie de davantage s’impliquer dans le conflit, mais Alger refuse toute intervention militaire, préconisant la solution diplomatique.
Afrik.com
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