Ansar Dine se renforce donc. Un habitant de Douentza (250 km au sud de Tombouctou), qui a requis l'anonymat, a déclaré par téléphone à l'Associated Press qu'environ 400 hommes de cette milice gouvernementale avaient fait défection, venant renforcer les rangs d'Ansar Dine. Oumar Ould Hamaha, un membre du groupe islamiste basé à Tombouctou, a également assuré que les miliciens Gandakoye de Douentza sont "à 100% avec Ansar Dine".

Proche d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et partisan d'une application stricte de la charia, Ansar Dine renforce ainsi son influence dans la région, au détriment des combattants touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA).

En guerre contre les autorités de Bamako depuis des années, les Touaregs du MNLA avaient lancé une offensive dans le nord du pays pour conquérir toute la partie appelée l’Azawad. Appuyés un temps par les islamistes, les combattants du MNLA se sont peu à peu vus évincer des zones conquises par Ansar Dine appuyé par Aqmi et le Mujao. La coalition islamiste a réussi à renverser la vapeur et prendre le contrôle des principales villes de l’Azawad.

Un porte-parole d'Ansar Dine, Sanda Abou Mohamed, a également confirmé que des miliciens Gandakoye "qui respectent nos principes" sont arrivés à Douentza, sans pouvoir préciser leur nombre. Selon lui, ils aideront à contrôler l'un des axes nord-sud du pays.

A Bamako, le gouvernement a fait savoir qu'il ne disposait pas de tous les éléments pour apprécier cette nouvelle situation dans la région. "Mais ce qu'on dit aux jeunes ici, c'est de continuer de soutenir le gouvernement en vue de reconquérir le nord du Mali", a assuré le porte-parole Hamadoun Touré.

A Goundam, une petite ville située à 100 km à l'ouest de Tombouctou, des résidants ont rapporté que les islamistes avaient fait fouetter vendredi environ 90 manifestants qui contestaient leur autorité. Reste à savoir où en est le MNLA devant tous ces bouleversements ? A-t-il encore assez de puissance pour revenir au devant de la scène, sachant qu'il est le seul mouvement à même de bouter hors de l'Azawad ces groupes islamistes. A ce titre, le MNLA a toujours assuré de sa disponibilité de lutter contre ces groupes islamistes armés. Dans un communiqué rendu public lundi on peut lire : "Nous assurons donc la communauté internationale de notre disponibilité à négocier pour le règlement définitif du conflit qui nous oppose au Mali depuis plus de cinquante ans et notre engagement à contribuer, dès que notre légitimité est reconnue, à la lutte contre les narco terroristes qui menacent toute la région saharo-sahélienne".

LM/AP