Des serviettes qui salissent le symbole de l'Algérie
Pour 3 euros, on peut s'essuyer avec le drapeau algérien. Aussi, Mouffok Badaoui, le président d’une association d’Argenteuil (France), réclame le retrait de la vente de serviettes de bain qui représentent le drapeau national.
L’affaire n’a rien d’une plaisanterie. A Argenteuil, un commerçant du marché Héloïse suscite la polémique parce qu’il vend de serviettes de bain aux couleurs du drapeau Algérien. Hier matin, à l’heure du marché, le sujet suscitait le débat. "Ces serviettes bafouent les symboles de l’Algérie", s’exaspère Mouffok Badaoui, président de l’association argenteuillaise Sdae (Syndicat de défense des Algériens en Europe).
Devant le stand du jeune vendeur où s’étalent les serviettes, Mouffok Badaoui ne cache pas sa colère. "Pour 3 € on peut s’essuyer les pieds sur les valeurs d’un pays. Des hommes sont morts pour ce drapeau!" peste-t-il en direction du commerçant, qui refuse de répondre aux propos du retraité. "C’est n’importe quoi, je ne fais que mon travail, lâche-t-il, désabusé, entre deux clients. On vient m’embêter avec ça… Ce ne sont que des serviettes." A quelques mètres de là, Ilhami, Algérien de 67 ans ne voit pas les choses du même œil. "Je ne suis pas d’accord! C’est un manque de respect pour l’histoire de l’Algérie. Peu importe le pays, cela ne devrait pas exister", insiste-t-il entre deux stands de légumes. Un argument partagé par Fatima, vendeuse ambulante de pain, postée à l’entrée du marché. "Je n’apprécierais pas de voir le drapeau marocain transformé en vulgaires serviettes de bain."
Si la majorité des anciens rencontrés sont catégoriques sur le sujet, les jeunes, eux, prennent les choses avec beaucoup plus de distance. "Je ne comprends pas pourquoi les gens râlent", soufflent Khadija et Monia, âgées de 20 ans et 22 ans. Venues faire quelques emplettes, les jeunes filles sont même dépassées. "Là, c’est de la fierté mal placée, il ne faut pas voir le mal partout, insiste Khadija. C’est juste du marketing…"
Dans une cafétéria non loin du marché, le sujet fait aussi jaser Malika, 54 ans, et son fils de 24 ans, serveur. "En Méditerranée j’ai vu des serviettes aux couleurs de l’Espagne, de l’Italie… Et ça ne m’a pas choqué", sourit le jeune homme. "Eh bien moi ça me choque, je trouve que c’est honteux", martèle la quinquagénaire qui redoute des agitations dans la communauté. Mouffok Badaoui le craint aussi et c’est justement pour éviter que les esprits ne s’échauffent qu’il a décidé de réagir. Il a demandé par courrier au maire (PS), Philippe Doucet, de "cesser la vente de ces produits", fabriqués en Belgique.
"La réglementation ne prévoit pas grand-chose à ce sujet, convient Christophe Launay, l’avocat de la Sdae. Mais dans cette ville où vivent 20000 Algériens et Français d’origine algérienne, nous voulons éviter des troubles à l’ordre public, d’où cette requête. Il s’agit d’un sujet particulièrement sensible et ce, d’autant plus en cette année 2012 qui a marqué le 5 juillet dernier le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie."
La mairie assure qu’elle n’interviendra pas. "Cela ne relève pas de notre compétence", explique-t-on dans l’entourage du maire. L’affaire devrait donc être portée en justice. "Si rien n’est fait, je porterai plainte, je refuse de laisser faire", prévient Mouffok Badaoui, pour qui le combat ne fait que commencer. A ce jour, il a également adressé un courrier au procureur de la République de Pontoise.
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