50è anniversaire de l'indépendance : Comment Bouteflika et Belkhadem «jouent» avec la repentance

50è anniversaire de l'indépendance : Comment Bouteflika et Belkhadem «jouent» avec la repentance

Alors que le président Bouteflika n'a dit mot sur la question de la repentance, dans son interview "achetée" lundi au journal Le Monde, son "représentant personnel", Abdelaziz Belkhadem, ne se prive pas de rallumer la polémique.

Dans un communiqué distribué à l'occasion de la célébration du 50e anniversaire de l'indépendance et qui est parvenu à notre rédaction, le Front de libération nationale (FLN) remet sur le tapis la question de la repentance de la France sur les crimes coloniaux. «L’Algérie réitère, en cette occasion, sa détermination à maintenir la pression jusqu’à la reconnaissance, par l'ex colonisateur de son crime contre le peuple algérien». L'ex parti unique ne mâche pas ses mots et proclame que "le temps est venu pour ceux qui ont commis du mal à travers leurs crimes coloniaux d’avoir honte, de reconnaître leurs crimes et de présenter leurs excuses aux victimes".

Cette soudaine sévérité dans les propos a de quoi surprendre, en effet, contrastant avec la modération du chef de l'État. Belkhadem plus déterminé que Bouteflika ?

En fait, il ne s'agit là que d'un jeu de scène habilement orchestré. Belkhadem sert d’aboyeur  pour le compte de Bouteflika qui, lui, se réserve le rôle de marionnettiste. Le chef de l'État fait brandir le hochet de la repentance quand il veut obtenir quelque chose de l'Élysée. Il le cache quand ce même Élysée est conciliant, avec lui. La repentance, ce n'est qu'une monnaie d'échange. Il y a bien longtemps que la mémoire ne relève plus, pour Bouteflika, du différend historique mais du cabotinage conjugal, cette pratique un peu malsaine qui consiste à rappeler au conjoint un antécédent fâcheux chaque fois qu’on éprouve le besoin de lui extorquer une nouvelle déclaration d’amour. Selon les réponses qu’il reçoit de la France, le président algérien peut ainsi passer de la plus grande «indignation» envers le préjudice colonial à la plus béate des indulgences. La repentance de la France est un «shmilblik» que le président de la République agite au gré de ses relations avec l’Elysée.

Il lui suffit de faire bouger ses «marionnettes» dans un sens ou dans l’autre : Belkhadem, Medelci, Ziari… Puis ce fut le spectre d’une «loi algérienne criminalisant la colonisation» – signée, soulignons-le, par 125 députés appartenant à la majorité présidentielle - brandi pour effarer l’Elysée puis rangée sagement une fois Bouteflika invité à Nice.

Cela se passe ainsi depuis 2007.

Musique ! La danse reprend. Le Front de libération nationale (FLN) profite de la célébration du 50e anniversaire de l'indépendance pour "exiger", dans ce communiqué, la repentance de la France de ses crimes coloniaux. «Le FLN ne cessera jamais d’exiger la reconnaissance et les excuses officielles pour ses crimes coloniaux perpétrés contre le peuple algérien », lit-on dans le communiqué.

Jamais ? Voilà un parti qui prétend défendre la mémoire mais qui, lui, a la mémoire bien courte ! Le FLN a renoncé au moins deux fois à la repentance. La plus récente fut même énoncée, comble de l’ironie ou du cynisme, de la bouche de M. Abdelaziz Ziari, un ponte du FLN et président de l’Assemblée populaire nationale, celle-là même dont on redoutait qu’elle adopte une loi criminalisant la colonisation ! C’était en mai 2009, à la veille de cette visite d'Etat que devait effectuer en juin à Paris le président algérien et à laquelle ce dernier tenait beaucoup. Abdelaziz Ziari, un fidèle de Bouteflika, avait alors affirmé au cours d’un point de presse dans la capitale française, que la question de la repentance «n’était pas à l’ordre du jour» et «n’a jamais, depuis l’indépendance, constitué un obstacle aux relations algéro-françaises». Bouteflika voulait ainsi «proposer un cadeau» aux Français pour les amadouer et les dissuader de na pas annuler la visite d’Etat. Ce qui fut vain, puisque la visite n’aura jamais lieu.Bouteflika n’en était pas à son premier reniement public sur le sujet. Le 21 novembre 2007, à la veille de la visite de Nicolas Sarkozy à Alger, le chef de la diplomatie Mourad Medelci, un autre fidèle, annonçait à Paris, lors d’une conférence de presse conjointe avec Bernard Kouchner, que les excuses de la France, pour ses crimes de guerre, n’étaient plus une priorité pour le gouvernement algérien : «Je pense que le plus sage est de laisser le temps agir en espérant que cette question trouvera une réponse un jour… Il faut savoir garder la porte ouverte à nos deux sociétés et à l’intelligence de nos deux peuples qui sont capables de suivre le bon chemin.» Tout le monde avait compris le message : le président algérien renonçait officiellement à la repentance de la France pour ses crimes coloniaux, en échange d’un appui de l’Elysée à un troisième mandat.

A l’époque, des personnages candides qui n’ont rien compris à la politique, s’étaient indignées. Parmi eux, M. Kheireddine Boukherissa, le président de la Fondation du 8-Mai-45, un homme révolté par les propos du président de l’Assemblée populaire nationale : C'est de «l'indécence et de l'inconscience»… Avant de s’interroger devant les journalistes : "M. Ziari était-il délégué par le président de la République pour tenir ce discours? Si oui, nous sommes en mesure de demander des explications au président de la République..." Il avait presque tout compris !

Alors, allez savoir ce qui se passe dans la tête du marionnettiste Bouteflika pour que le FLN profite de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance pour "exiger" la repentance de la France. Un voyage en vue ? Ou une façon de solliciter un appui de François Hollande pour qu’il contribue à sortir Bouteflika de son isolement diplomatique ?

Lematindz-service politique

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Commentaires (6) | Réagir ?

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Khalida targui

que savent -ils faire ? aboyer aboyer

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ABBES LABDELLI

Après 50 ans d'injustice, de ségrégation, de corruption et d'anarchie, le pouvoir algérien joue encore au cache cache avec la France. Il n'est pas concerné par l'écriture de l'histoire, ni par la repentance. Seul gouverné l'Algérie prime et quelque soit le prix.

Nous avons des martyrs de novembre, d'octobre, de la décennie noire, de la révolution de l'huile et du sucre et le régime est là. Il a juré de quitté le pouvoir que s'il enterre d'abord l'Algérie.

Après 50 ans l'indépendance du pouvoir algérien, ce dernier maîtrise ce pauvre peuple, devenu un outil, du régime, et qui a fini par accepter les règles de jeu. Il est très sensible du coté du tube digestif, donc il faut pas y toucher et le régime le sait très bien.

Pour ceux qui rêvent d'une Algérie moderne, ils doivent encore attendre 2050, comme il l'a promis le SAINT Belkhadem. Le cauchemar continue!

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