O.K Corral au FLN

Abdelaziz Belkhadem
Abdelaziz Belkhadem

"L’un des préjudices d’avoir refusé de prendre part à la vie politique est que vous finissez par être gouverné par vos subordonnés" Platon

Il n’existe pas pour le moment dans le patrimoine mondial du savoir quelqu’un parmi les plus perspicaces de nous dire clairement ce qui se passe dans la tête d’un être humain quand il envisage de devenir le chef d’une communauté humaine qui se compte en dizaines de millions de ses semblables. Encore mieux quand il est réellement à sa tête. Juste pour savoir s’il continue de penser comme un homme qui veut être le plus indiqué des citoyens pour œuvrer au bonheur de son pays ou qu’il se considère comme un prophète pour simplement bien bluffer ses contemporains.

Beaucoup ont rêvé, adolescents, de devenir chef de grand parti pour qu’ensuite se voir élire président de la République, qui déciderait de ce qui est selon lui le mieux pour l’intérêt de la nation. Mais pour cela, après l’âge de toutes les ingratitudes naturelles, il faut les moments adultes des apprentissages. Les étapes de la vie d’un homme ou d’une femme, de se poser définitivement la question de savoir, en toute honnêteté, si son destin propre, avec ses forces et ses faiblesses, lui semble apte à s’ancrer dans le destin de la nation. Mieux. De faire en sorte ensuite que le plus propice de soi soit au service de la communauté.

De l’organisation humaine

Depuis la nuit des temps, les genres animaux vivant en groupe disposent en permanence d’un noyau plus fort que le reste de l’ensemble, qui les oriente et un leader qui les régente. Les groupes humains n’échappent pas à ce principe spécifique. De même qu’un dominant gnou qui fait traverser un cours d’eau périlleux à son troupeau sait que ce n’est pas un tigre qui peu surgir de l’eau calme et trompeuse mais au moins un crocodile, un chef humain, pour faire parvenir sa communauté de contribuables ou de militants vers des desseins meilleurs, sait, en essayant de surmonter les obstacles entravant la démarche, que ce n’est pas des fusils et des grenades qu’il doit posséder mais un ensemble de connaissances où d’abord la sagesse est mise à l’usage – en un mot les qualifications du préalable civil pacifique – qui le conduisent lui et son groupe dans les plus sérieuses promesses vers le cheminement sur les domaines d’évolution.

La société mondiale actuelle, que les sociologues appellent l’«ère de la post modernité», vingt-cinq siècles après l’âge classique de la Grèce sous le règne de Périclès et l’avènement de la gestion politique de la cité, est régie quasi exclusivement par la science. Qui ne se contente désormais plus de rester dans l’Académie et dans les écoles mais elle descend dans la rue, elle s’immisce carrément dans le vécu de l’individu et du groupe. Tant est-il que le concept démocratique n’est plus un enjeu de philosophie, dans un modèle de pensée, une vision du monde, où les élites de l’argent et des armes se disputent la prépondérance, mais il est dans les actions les plus anodines dans la pratique sociale. La notion de l’Etat n’a aujourd’hui de sens que par rapport aux références scientifiques et techniques mises entre les mains des leaders qui la déterminent. La valeur d’un Etat c’est la somme cumulée de tous les patrimoines culturels et scientifiques dont disposent les fractions humaines qui le portent et les classes les plus qualifiées qui le représentent. Dans la réalité qui le dirigent, le contrôlent afin de le maintenir toujours viable pour le bien être de la majorité des individus et des groupes y adhérant.

Des équilibres dans le parti

Depuis que les idées et les actions des communautés s’expriment par le biais de regroupements idéologiques – le terme d’idéologie aujourd’hui ne signifie pas plus qu’une façon plutôt «technique» d’accorder une action socioéconomique par rapport à une autre – en vue de compétition réglementée conventionnellement, à partir d’exigences garanties par la loi exprimée par la majorité. C’est ce qu’on appelle les partis politiques ayant pour fonction fondamentale, sinon pour raison d’être, la prise du pouvoir dans le but précisément donc de définir et conduire l’Etat. Les partis politiques sont le lieu et l’enjeu de toute transformation sociale à travers laquelle l’Etat se renouvelle selon le système imposé par les idées dominantes, pour les meilleures, les plus désintéressées, «patriotiques», dans l’ordre et la discipline, pour les pires, les plus exclusives, au services d’intérêts spécieux, claniques – en Algérie la rente hydrocarbure - dans le chaos.

C’est pourquoi les individus qui s’estiment éligibles à l’action politique doivent répondre à des critères parmi les plus crédibles en matière de savoir et de probité. Ce n’est pas qu’un militant de parti politique est ténu de détenir les meilleurs diplômes dans les sciences et les technologies mais de posséder la ressource cognitive nécessaire et suffisante lui permettant de remplir au moins la tâche qui lui soit allouée dans l’effort constructif de l’ensemble. Car d’abord une formation politique est une organisation de personnes intègres dotés des mêmes soucis de développement communautaire, obéissant à une ligne de conduite sans reproche adoptée par des consultations démocratiques.

La discipline du Far West

Ensuite cette organisation doit faire en sorte qu’en son sein demeure un équilibre dans les édifications intellectuelles depuis la base jusqu’au sommet. De façon à ce que le parti ne soit pas en permanence entre les mains d’une espèce de leadership ne faisant qu’à sa tête. Où l’intérêt du groupe se confond avec celui d’un clan. Des lors sa crédibilité dans la compétition nationale pour la quête du pouvoir tombe irrémédiablement dans la situation paradoxale tendant vers le dirigisme dans lequel ne profitent pas les aspirations initiales de la majorité. Et l’un dans l’autre, enfin, cette formation est appréhendée par les observateurs externes comme une organisation qui annihile la fonction originelle de l’Etat. A la manière du Front national en France, mais surtout du parti de Abdelaziz Belkhadem en Algérie qui ne peut se dissocier du pouvoir. Quitte à devenir, unique au monde, non seulement l’adversaire de la nation mais aussi l’ennemi de ses propres militants : un parti politique au pouvoir qui ne peut plus organiser une réunion de travail ! Où les cadres de ce parti se résolvent à faire appel à la justice pour se dessaisir de son chef !

Une formation politique qui use de la bombe lacrymogène après avoir recruté des mercenaires parmi les voyous de la cité qui n’ont rien à voir dans le parti pour faire de l’ordre dans celui-ci. Wyatt Earp l’intransigeant marshal de Tombstone en Arizona aurait crié merci.

Nadir Bacha

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Commentaires (7) | Réagir ?

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nounou bakouni

bsr Mr bacha nadir qui peut nous dire clairement ce qui se passe dans la tête d’un être humain quand il envisage de devenir le chef d’une communauté humaine c'est bien Étienne de La Boétie

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Notproud

Encore un illuminé qui a mordu à l’hameçon du FLN, ils l’ont bien eu nos Affranchis, il me fait rappeler Morsi en Egypte, même tactique ! et le PEUPLE dans tout ça ! Allez Tous au Saloon, je vous offre un verre !! Oh ZUT peux même pas vous payez un verre, ce Jessy James à 2 sous a fermé tous les Saloons. YARK!

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