Assemblée croupion
Samedi, sur le boulevard Zirout Youcef, la démocratie a abdiqué devant la rouerie du pouvoir et la courtisanerie de la classe politique.
Le nouveau parlement a été installé samedi. A quelques pas d’un port encombré de marchandises, l’impuissance d’une classe politique par ailleurs domestiquée s’offrira en spectacle pour les cinq années à venir. La confrontation n’a pas eu lieu. Tout le monde est entré dans les rangs. Les islamistes ont fait leur chahut puis gagnent leurs sièges. Les voix discordantes du FFS sont vertement tancées par le président perpétuel du parti. Aït Ahmed a manifestement des raisons solides de voir ses députés siéger à l’assemblée. Ce que ses cadres et militants ne comprennent pas. Les jours à venir nous en diront un peu plus sur l’éventuel deal qu’aurait passé l’exilé de Lausanne avec Bouteflika. Le PT a certes élevé la voix, mais sans grand panache. L’ancien parti trotskyste est égal à lui-même, il s’est transformé en un sous-produit du système en place.
Devait-on s’attendre à mieux que ce service minimum ? Certainement non. Et ce pour plusieurs raisons. D’abord, le choix des "élus". Le pouvoir n’y est pas étranger. Il les voulait domestiqués, policés. Il les a eux. Les laudateurs du régime nous rétorqueront que la nouvelle assemblée a un tiers de femmes ! L'argument est court. Car la présence de femmes députés ne changera rien au fonctionnement du pouvoir hormis servir de vitrine. Elle sera une piteuse feuille de vigne pour cacher les injustices du code de la famille et par delà les errements de ce parlement.
A défaut de changer de peuple, le pouvoir s’est offert une classe politique composée de courtisans en mal des couloirs marbrés du pouvoir. Ensuite, ces députés sont mal, très mal élus, car l’abstention a été telle qu’elle s’est transformée en une défiance populaire. Une opposition silencieuse. Tenez-vous bien : près de 80% des électeurs n’ont pas de représentants à la nouvelle assemblée nationale. L’ancien parti unique a gagné les élections avec moins de 6% de voix. Unique dans l’histoire. Ce scrutin finira par nous couvrir de honte et de ridicule. La voix du peuple ne résonnera pas dans les travées de ce célèbre palais qui porte le nom de l’un de nos plus illustres chefs de la révolution.
Par un jeu de recomposition, le pouvoir est en train de fermer les fenêtres d'expression une par une. Pour finir : "La force constructive de la parole vaut mieux que la lâcheté dévastatrice du silence. Petit à petit, nous ferons chanter les malheureux par la mélodie des chaînes", écrit Rachid Chekri dans son coup de gueule à lire en ci-contre.
Yacine K.
Commentaires (8) | Réagir ?
Ils n'ont jamais eu besoin de nos voix pour se faire elire, ils s'en foutent surtout qu'ils savent que le peuple a perdu son honneur avec le printemps arabe, je dirais même pas la peste et le choléra mais la peste et la peste car le choléra parfois on en guéri
En algerie le P-FLN a partir de machroou3 tarablouss (congres de Tripoli en libye) tout juste apres plusieurs assassinats... a transforme toutes les activites y compris celles productives en garderie pour adultes avec une seule condition: que tu sois consentant (e)