Le président malien Traoré à Paris pour des examens et des consultations
Le président malien de transition, Dioncounda Traoré, a quitté mercredi Bamako pour Paris afin d'y subir des examens médicaux complémentaires, deux jours après son agression dans son bureau par des manifestants hostiles à son maintien au pouvoir.
Mais pas seulement, le président par intérim profitera sans aucun doute pour avoir des échanges et consultations avec les nouvelles autorités françaises. Quand on sait le rôle de la France dans ce pays du Sahel et surtout sa présence, on ne peut que s'attendre à ce que Paris réagisse aux derniers événements qui ont eu lieu à Bamako.
Le départ de Traoré intervient dans un moment crucial. Soit quelques heures après la désignation unilatérale par les partisans du capitaine Amadou Haya Sanogo, auteur du coup d'Etat du 22 mars ayant renversé le régime d'Amadou Toumani Touré (ATT), comme "président de la transition" en lieu et place de Dioncounda Traoré. D'ailleurs, il y a lieu de s'interroger sur ce déplacement précipité en France au moment où la situation particulièrement exige qu'il soit présent à Bamako. La raison d'examens invoquée contredit les assurances sur sa santé. M. Traoré "va a Paris pour des analyses médicales plus poussées, après l'agression qu'il a subie" lundi, a déclaré à l'AFP un membre de son cabinet.
Bouvacar Diarra, conseiller du président, a déclaré à l'AFP que son départ n'entraîne pas "de vacance du pouvoir". Avant l'agression, "il était prévu qu'il y aille pour un contrôle. L'agression a précipité le départ. Il reviendra dès que les analyses seront terminées et qu'il se portera mieux", a-t-il affirmé.
M. Traoré, 70 ans, a été blessé lundi au visage et au dos dans son propre bureau par des manifestants favorables aux auteurs du coup d'Etat du 22 mars. Il a été frappé et hospitalisé quelques heures sans que de premiers examens ne révèlent de lésion grave.
La transition d'un an qu'il préside, a débuté mardi: il a été désigné au-delà des 40 jours constitutionnels suivant son investiture du 12 avril à la suite d'un accord entre lui-même, le capitaine Sanogo, et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao).
En vertu de cet accord qui fixe la transition à un an, le capitaine Sanogo - qui avait accepté le 6 avril de rendre le pouvoir aux civils, mais dont les hommes restaient influents à Bamako - obtient le statut d'ancien chef d'Etat avec tous les privilèges liés à ce rang, indemnités, logement, gardes, voiture.
Le départ pour Paris de Dioncounda Traoré suit la tenue d'une "convention" des membres de la Coordination des organisations patriotiques du Mali, (Copam, pro-putsch) qui, dans la nuit de mardi à mercredi, ont décidé, en son absence, "d'instituer président de la transition le capitaine Amadou Sanogo".
Instabilité sur le Nord aussi
C'est en marge d'un rassemblement de la Copam lundi, que l'agression de M. Traoré avait été commise dans le complexe présidentiel de Koulouba, près de Bamako, investi par des centaines de manifestants hostiles, en dépit de la présence de nombreux militaires. Le capitaine Sanogo n'avait pas réagi mercredi soir à cette annonce de ses partisans de le nommer chef de la transition.
"Le capitaine Sanogo, sollicité, n'a pas répondu favorablement, et il ne répondra pas". "Il y a un président de la transition, il est connu, c'est Dioncounda Traoré", a déclaré à l'AFP Abdoulaye Kanté, un des dirigeants de l'Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma) de M. Traoré, principale formation politique du front anti-putsch.a-t-il rappelé.
La confusion qui règne à Bamako continue de profiter au MNLA entré en pourparlers pour constituer un gouvernement de l'Azawad, mais aussi aux groupes armés islamistes qui sèment le désordre dans certaines parties de l'Azawad.
Mercredi, des membres d'Ansar Dine (Défenseur de l'islam) et d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ont détruit à Tombouctou le "monument des martyrs" de la ville rendant hommage aux victimes de la lutte contre la dictature du général Moussa Traoré en 1991.
Les islamistes avaient déjà détruit le monument El Farouk, un cheval symbole de Tombouctou, et profané un mausolée. L'Unesco a fait part de son inquiétude concernant les célèbres manuscrits de la ville dont beaucoup datent de l'âge d'or de Tombouctou, entre le XIIème et le XVème siècles. Imprimant de plus en plus sa marque à la ville, l'alliance Ansar Dine/Aqmi a par ailleurs confisqué et brûlé dans des boutiques de très nombreux cartons de cigarettes. De jeunes fumeurs ont été fouettés.
La tension politique affecte également les médias: des hommes non identifiés ont attaqué et incendié cette semaine dans le centre, sans faire de blessés, une station du réseau de radios Kayira, appartenant à un parti politique soutenant le putsch du 22 mars.
Avec AFP
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