L’Algérie recherche désespérément son président
"Nous n’avons point à louer ni à honorer nos chefs, nous avons à leur obéir à l’heure de l’obéissance et à les contrôler à l’heure du contrôle." Alain
Le fait que la majorité des citoyens, quelques semaines avant l’anniversaire du cinquantenaire de l’indépendance, sont incapables d’avoir dans l’idée un président assez représentatif et charismatique qui remplacerait Abdelaziz Bouteflika en 2014, est significatif d’une espèce de situation de désarroi général face à l’avenir des générations évoluant dans ce pays.
Charisme à vau-l’eau
A force de bricolage dans les fausses légitimités la fonction de leadership se balance entre le ridicule et le fade tant que les principes du pouvoir ne sont pas définis par la mise en avant d’une élite politique capable de parler un langage rassembleur qui accroche de but en blanc la confiance populaire. Inutile de revenir en arrière pour raconter Ben Bella, Boumediene, Bendjedid, Boudiaf, Zeroual et le dernier en date, Abdelkader el Mali, tous ont été plus ou moins "admis" par la force de la nostalgie révolutionnaire, cultivée dans l’imaginaire collectif. Prenons François Hollande.
Que pèse-t-il, ce Normand, devant les Laurent Fabius, Martine Aubry, brillante fille de son père, Jacques Delors, Jacques Attali, le grand stratège politique ? que possède-t-il de "révolutionnairement" personnel pour sortir du lot sinon qu’il fait simplement partie d’une crème assise depuis longtemps sur une tradition idéelle – on ne parle plus d’idéologie depuis la rentrée dans l’ordre de la pensée marxiste – partagée par d’immenses fractions populaires en France ?
Donc François Hollande, qui n’a jamais occupé de fonction gouvernementale, plus qu’il n’est leader il est rassembleur. Et le voici presque naturellement battre Nicolas Sarkozy et toutes les grandes banques et les puissants consortiums financiers derrière lui. Et immédiatement son pays l’adopte non pas comme fait accompli, à la manière de ce qui se passe de coutume en Algérie, mais comme une logique d’alternance au pouvoir prévue par la Constitution et démontrée par l’action démocratique. Et vous le voyez aussitôt en tête à tête avec les grands chefs du monde, de l’Europe, de l’Amérique et de l’Asie avec même une idée déjà de ce qu’il va dire et faire à l’Afrique. Autrement dit sans transition, du politique quasi anodin qu’il fût il y a quelques mois, il devient un chef d’Etat remplissant toutes les conditions requises pour l’être : avoir derrière soi une majorité souveraine et légitime, qui lui fait confiance et croit en lui.
Mais qui peut aujourd’hui rassembler en Algérie, ya el khawa ? L’insensé voudrait que ce soit dans la "majorité absolu" FLN-RND. Alors quel larron ? Belkhadem et Ouyahia sont les citoyens de l’Administration parmi les plus exécrés dans l’histoire de l’Algérie indépendante, plus que les bachaghas obéissant jadis aux ordres les plus pervers émanant de leurs maîtres colonialistes.
Les "ténors" qui ont été ministres ou grands commis et qui n’ont rien foutu de bon dans l’intérêt commun et pour le devenir de la jeunesse ? La plupart sont, d’une manière ou d’une autre, impliqués ou cités dans de grosses affaires de malversation rapportées par la presse avant de faire le tour de la planète. Tandis que les petits chefs friqués des nouveaux partis injectés dans les joutes, ceux qui faisaient carrément des croisades pour appeler les populations à aller à la consultation de la "dernière chance afin d’éviter la fraude", se rassemblent extraordinairement, n’en déplaise à Dieu, pour réer à la fraude.
Benflis contre Saïd Bouteflika
Mais on parle ici et là d’un probable retour sur les devants de scène de Ali Benflis, non pas dans le camp des "redresseurs", qui ne se la raconte qu’à lui-même, mais comme une sorte d’alternative stratégique pour redonner au FLN, tant malmené par les luttes d’appareil et les coups bas, une image de la probité dont il dispose. Celle-ci avait beaucoup manœuvré en 1999 quand l’ex-intransigeant procureur général de Constantine avait managé la campagne du retour aux affaires de Abdelaziz Bouteflika. Ali Benflis sera aussi le lièvre par excellence afin de réactiver son renouvellement en 2004 et parachever sa réconciliation nationale. Il aura 70 ans en 2014 mais il est confronté justement a beaucoup plus jeune que lui, mais beaucoup plus subtile en raffinement scientifique, en l’occurrence le frère cadet du chef de l’Etat, Saïd Bouteflika, âgé de 55 ans, ancien professeur d’algorithme dans le domaine de la science physique à l’université de Bab Ezzouar. On dit surtout que depuis la maladie de son frère, il a pris carrément le témoin pour administrer l’Etat.
On ajoute même mieux. Dès le lever de bouclier à propos du parti qu’il décidât de mettre au point, il aurait immédiatement opéré un stratagème ayant pour lieu et enjeu justement le FLN en faisant tourner en bourrique Abdelaziz Belkhadem jusqu’à faire de cette formation le kaléidoscope dont il avait besoin pour en même temps le fortifier - pour barrer la route à tout péril pouvant venir par les flancs extérieurs, du RND ou des islamistes - et le faire haïr par les populations. Pour, finalement, ressurgir ensuite ailleurs comme candidat indépendant.
Nadir Bacha
Commentaires (35) | Réagir ?
Quoi de plus normal, c'est le feuilleton arabe par excellence, vous désignez quelqu'un pour un mandat, il modifie la Constitution sans accord du peuple, d'ailleurs pourquoi !
Ce peuple est une Khoudra Fok aacha, il ne compte que pour du beurre par 50 °c à l'ombre !
Tous les dictateurs arabes avaient pour objectif de nommer leur rejeton à leur succession, c'est un mal arabe qui de plus, est importe en Algérie. Il est donc normal que le président n'ayant pas d'enfants (la stérilité n'est pas seulement cerebrale), prepare son junior de frérot à la relève. Aprés le dépecage, il reste les derniers biens à prendre et, le moyen le plus simple c'est de décrété un héritage un concession à vie.
Je ne partage pas votre analyse. Le choix du futur président surprendra tout le monde. Il peut être connu ou peu connu mais ce sera une surprise. Nos services savent y faire.
Said ne sera jamais celui-là, et encore moins Benflis qui a déjà `roulé` en tant que directeur zélé de la campagne (sic !!!) de Bouteflika et qui en a été largement `récompensé` avec des postes exagérément surdimensionnés pour un homme dont le profil professionnel et intellectuel est somme toute assez banal, avant de se retourner, lui et son équipe, contre celui qui l`a fais `vice-roi`.
Le futur Président n`est même pas encore connu de Bouteflika, ni des services. Beaucoup de choses se passeront d`ici 2014. Et dans un pays dont la manipulation politique, et émotionnelle sont de véritables instruments de pouvoir, tous les scenarios restent plausibles.