Egypte : qui deviendra le prochain président ?
Les Egyptiens s'apprêtent à élire le successeur d'Hosni Moubarak lors de l'élection présidentielle dont le premier tour se déroule mercredi et jeudi. Le point sur les quatre favoris.
Les Egyptiens pourront mercredi choisir pour la première fois leur chef de l'Etat librement. La campagne pour la présidentielle égyptienne s'est officiellement achevée ce lundi, à deux jours du début du scrutin au cours duquel les électeurs sont appelés à choisir un successeur à Hosni Moubarak. Ils sont officiellement 13 candidats à se présenter à cette élection, mais quatre se démarquent de leurs rivaux.
Amr Moussa, le diplomate qui veut contrer les islamistes
Le camp laïque est représenté par l'ancien chef de la Ligue arabe Amr Moussa, 75 ans. Il se veut le garant d'une Egypte pluri-confessionnelle ouverte à la modernité. Face à la poussée des Frères musulmans et des fondamentalistes salafistes, qui contrôlent déjà le Parlement, il dénonce le risque de voir le pays servir de "champ d'expérimentation" aux adeptes de l'islam politique. Mais dans un pays très conservateur, il n'oublie pas de souligner qu'il est de confession musulmane, et assure faire ses cinq prières rituelles par jour.
Son poste de ministre des Affaires étrangères d'Hosni Moubarak pendant dix ans -de 1991 à 2001- conforte sa stature d'homme d'expérience, mais l'expose aux critiques de ceux qui voient en lui un "vestige" de l'ancien régime. Pour y remédier, il rappelle à mots couverts sa rivalité avec le raïs déchu, que l'on disait jaloux du charisme de son diplomate-en-chef. Il met aussi en exergue ses années passées, de 2001 à 2011, à la tête de la Ligue arabe, où ses envolées à la tribune contre Israël n'ont fait qu'ajouter à sa popularité parmi les Egyptiens. Il ne fait pas mystère de son peu d'enthousiasme pour les accords israélo-égyptiens de camp David de 1979, mais promet ne pas remettre en cause la paix avec l'Etat hébreu.
Aboul Foutouh, islamiste indépendant et rassembleur
Curieux personnage que cet ancien haut dirigeant des Frères musulmans, qui obtient à la fois le soutien de salafistes comme de libéraux. Abdel Moneim Aboul Foutouh, médecin de 61 ans, a égalerment reçu le soutien du groupe radical Gamaa Islamiya, qui avait été impliqué dans l'assassinat du président Anouar al-Sadate. Son engagement au sein des frères musulmans lui a valu d'être emprisonné à plusieurs reprises sous l'ère Moubarak. Il a été exclu exclu de la confrérie au printemps 2011 après avoir annoncé sa volonté de se présenter à la présidentielle, alors que les Frères avaient annoncé qu'ils ne présenteraient pas de candidat.
Il se présente comme le candidat de la révolution qui a renversé Hosni Moubarak en février 2011. Son image de rassembleur vient en partie du fait qu'il s'est entouré d'une équipe variée dont font notamment partie des marxistes, des féministes et des Coptes (chrétiens d'Egypte).
Il est actuellement le président de l'Union médicale arabe, un groupe d'aide d'urgence, qui a envoyé de l'aide à Gaza, en Syrie et en Libye en temps de conflit. Aboul Foutouh a fait du droit à une couverture médicale et à l'éducation l'un des thèmes majeurs de sa campagne.
Mohammed Morsi, "roue de secours" des Frères musulmans
Mohammed Morsi, candidat des Frères musulmans (parti de la liberté et de la justice), est un candidat par défaut. Il est surnommé la "roue de secours" depuis qu'il a remplacé au pied levé le premier choix de la puissante confrérie, Khaïrat al-Chater, invalidé en raison d'une vieille condamnation.
Mohammed Morsi se présente comme le "seul candidat avec un programme islamiste", partisan d'un "projet de renaissance" fondé sur les principes de l'islam. Il souhaite des relations "plus équilibrées" avec Washington, et menace de revoir le traité de paix avec Israël si les Etats-Unis bloquent leur aide à l'Egypte. Pénalisé par une entrée tardive en campagne et un manque de charisme, Mohammed Morsi est donné éliminé dès le premier tour.
Pour autant, il est arrivé ce lundi en tête du vote des expatriés grâce au soutien massif de la communauté égyptienne en Arabie saoudite, selon les premiers résultats publiés.
Ahmad Chafic, un ancien de l'ère Moubarak
Parmi le trio de tête des candidats figure Ahmad Chafic, 70 ans, pur produit du système politico-militaire égyptien. Dernier Premier ministre de Hosni Moubarak, il partait pourtant avec un lourd handicap après la révolte de 2011. Ce général qui fut chef d'état-major de l'armée de l'air a failli être disqualifié après l'adoption d'une loi interdisant aux plus hauts responsables de l'ère Moubarak -les "fouloul"- de se présenter à la présidentielle, avant d'être rétabli in extremis dans la course. Chafic espère séduire les Egyptiens lassés des soubresauts politiques et de la détérioration de l'économie, en faisant de la stabilité et de la lutte contre le crime son cheval de bataille. S'il était élu, il s'est dit prêt à nommer un vice-président islamiste, qu'il soit Frère musulman ou salafiste.
Deux récents sondages, l'un commandé par un quotidien indépendant, l'autre effectué par un organe gouvernemental, l'ont donné en tête au premier tour. Mais ce classement provoque le scepticisme de nombreux observateurs, la méthodologie des sondages -un exercice nouveau en Egypte- étant jugée très incertaine.
Avec AFP
Commentaires (2) | Réagir ?
Peu importe la forme de la marionnette, ce sont toujours les mêmes qui tireront les ficelles…
Avec une assemblée aux 3/4 islamiste, on va tout faire pour élire ce vieux c'est sûr entre la peste et le choléra on choisit toujours cette dernière