Azawad : des manifestations populaires anti-islamistes à Gao
Le calme, mais "précaire", était revenu mardi matin à Gao, dans le nord-est du Mali, au lendemain de manifestations de colère de centaines d'habitants contre les groupes armés, en particulier islamistes, qui occupent la ville depuis un mois et demi.
L'exaspération est à son comble à Gao, les habitants en ont marre des menées des groupes islamistes d'Ansar Eddine qui veulent régenter et changer les moeurs de la population. "Le calme est revenu, mais c'est un calme précaire", a déclaré l'un d'eux, Abdoulaye Babalaye, informaticien à Gao. "Il n'y a plus de manifestations, on sent quand même la tension. Les populations attendent la plus petite provocation pour descendre dans les rues", a-t-il ajouté.
Selon M. Babalaye, "on sent aussi une tension entre Ansar Dine et le MNLA", deux des groupes armés qui occupent la ville. D'ailleurs le Mouvement de la libération de l'Azawad, laïque, a montré son opposition à ce groupe armé salafiste. Tout sépare ces deux mouvements.
Ansar Dine est un mouvement islamiste armé dirigé par Iyad Ag Ghaly qui veut imposer la charia (loi islamique) dans tout le Mali, le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) est un groupe armé touareg laïc qui revendique l'indépendance du nord du Mali.
Au moins cinq personnes ont été blessées lundi, dont une par balle, pendant la première manifestation de colère à Gao contre ces groupes armés, dont l'un, Ansar Dine, est épaulé par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Les manifestants, parmi lesquels des jeunes, ont brûlé des pneus dans les rues, voulant ainsi exprimer leur exaspération, notamment contre l'interdiction qui leur est faite par les islamistes de jouer au football ou de regarder la télévision.
Des hommes armés ont riposté, tirant par moments à balles réelles contre les manifestants. Les groupes armés ont profité du putsch militaire qui avait renversé le 22 mars le régime du président Amadou Toumani Touré (ATT), pour accélérer leur offensive dans le nord du Mali, prenant en trois jours, du 30 mars au 1er avril, le contrôle de Kidal (nord-est), Gao et Tombouctou (nord-ouest), les trois capitales des régions administratives de cette vaste zone aride du Mali.
Selon plusieurs ONG, de nombreuses atteintes aux droits de l'Homme ont, depuis, été commis dans ces régions également confrontées à des pénuries alimentaires aggravées par la sécheresse.
Une source proche du Haut conseil islamique du Mali a annoncé à l'AFP qu'avec d'autres ONG, le Haut conseil avait pu faire partir de Bamako un convoi chargé de vivres, arrivé mardi à Gao. Une partie des vivres est destinée à Tombouctou.
Avec AFP
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