MDS : les résultats des législatives consacrent le comportement despotique et arrogant du pouvoir
Le Mouvement démocratique et social nous a envoyé le communiqué suivant au sujet des résultats des législatives.
Les résultats des législatives confirment les grandes tendances d’évolution et consacrent le comportement despotique et arrogant du pouvoir. Un matraquage a été savamment orchestré, ne laissant aux citoyens aucune alternative que l’épouvantail islamiste, le chaos ou l’immobilisme. Les moyens colossaux détournés et déployés par les partis/Etat ont donné leurs fruits. Le nombre impressionnant de sièges obtenus par un FLN, pourtant en crise, est révélateur d’une réalité : le champ politique est biaisé et ne permet pas l’expression démocratique et la représentation des intérêts des couches et catégories sociales.
"Maâ elouaguef !", cet adage populaire se confirme. Avec un vote bloqué dans les bureaux réservés aux militaires qui ne laisse aucun doute sur l’orientation imprimée par le pouvoir. Le retour en force du FLN et du RND constitue un refuge pour une grande partie de l’électorat, désemparée et qui n’exprime aucune joie devant cette victoire, tandis que se multiplient les voix qui contestent l’honnêteté du scrutin. Mais déjà se profile une recomposition des alliances qui divisera le chœur des contestataires qui répondront favorablement au FLN disposé à des compromis au sein de l’APN. L’issue de la crise que connaît l’ex-parti unique et les changements attendus à sa tête renseigneront davantage sur les intentions du pouvoir. Mais, on voit déjà que malgré des résultats mitigés du RND, le parlement issu de ces élections est la consécration de Sant'Egidio, avec une composante islamiste, profil bas. On peut donc craindre qu’il annonce une future amnistie générale venant lester les choix en ce qui concerne la future Constitution.
Le recul de l’islamisme politique qui obtient 10% des sièges confirme la tendance dans notre pays où les citoyens tirent les enseignements de l’expérience douloureuse de l’affrontement avec le terrorisme islamiste et de l’implication des organisations islamistes dans la gestion des affaires publiques. L’intégrisme ne peut plus compter que sur son propre électorat discipliné et obéissant au chef. Le parti des assassins qui appréhendait cette évolution s’inscrivant dans le prolongement des résultats obtenus lors des dernières élections du Conseil de la nation avait tenté d’appelé à l’annulation des élections pour éviter un désaveu. Cependant, il ne faut se faire aucune illusion. La nouvelle convergence qui se dessine entre les différents segments de l’intégrisme, montre que s’il a subi des coups sévères, il dispose encore d'un potentiel de mobilisation et de pression sur l'Etat et la société, avec la complicité du pouvoir qui le gonfle et le brandit comme une menace quand ses intérêts l’exigent. L’islamisme le sait et tentera de faire valoir les voix dont il dit avoir été dépouillé pour continuer à exercer un chantage sur l'Etat et la société, et empêcher les ruptures et les réformes radicales profondes, en particulier la séparation du politique et du religieux.
La crise de la représentation se prolonge. Elle est la marque du caractère populiste et despotique du pouvoir. Ainsi, malgré les appels de Bouteflika à voter contre les risques d’ingérence et au nom d’un nouveau 1er novembre, malgré l’augmentation du nombre de sièges à pourvoir, la multiplication par deux des partis en lice et du nombre de candidats, la participation ne connaît pas une augmentation substantielle et pour l’essentielle s’est traduite par un accroissement du nombre de bulletins nuls. Au final, le rapport entre participation et abstention est l’expression du dilemme devant lequel ont été mis les citoyens soumis aux pressions des uns voyant dans la participation une caution du système et des autres pensant que le boycott favorisait l’ingérence. Il est cependant notable que c’est un total de 13,5 millions de voix environ qui s’est détourné du choix imposé par le pouvoir et qui exprime non pas l’indifférence, mais un potentiel de colère et de contestation des politiques du système.
Le désaveu du pouvoir et de sa politique est dominant au sein de la société. Plus fort si on y ajoute les suffrages qui se sont portées sur les listes qui n’ont obtenus aucun siège à l’APN. L’interprétation péjorative du Ministre de l’Intérieur qui considère que les abstentionnistes sont les gens qui préfèrent aller à la plage, vise à nier la contestation de plus en plus large et le rejet d’une démarche biaisée. Elle est dans la droite ligne du refus de reconnaître le caractère politique de la protestation qui s’exprime dans les luttes démocratiques, socio-économiques et contre les manœuvres néocoloniales. Le pouvoir qui cristallise des comportements électoraux laissant peser des menaces devrait s’alarmer au lieu de banaliser la très grande différence de participation entre le nord et le sud du pays et entre le vote des citoyens résidants à l’étranger et ceux présents sur le territoire national. Seul le haut niveau de responsabilité patriotique des algériens et la retenue des acteurs des différents mouvements de protestation ont pu déjouer les risques à l’occasion d’une échéance électorale où le pays était, une fois de plus, tenaillé par l’inquiétude.
De son côté, le camp démocratique, partis, courants et personnalités, à défaut d'une analyse conséquente de la crise, a raté une opportunité de rassemblement et d'action, en raison des erreurs stratégiques et des calculs étroitement partisans visant le partage immédiat du pouvoir. En focalisant sur la fraude et le boycott, ils ont contribué à discréditer l'idée même de suffrage universel, sans pour autant travailler à une alternative pour extirper l’islamisme du pouvoir et disqualifier ceux qui sont responsables de l’échec et de la ruine du pays. Au cours de la campagne, ils ont été absents et incapables d’agir, se contentant d’attendre les résultats. Evidemment, le pouvoir assume une lourde responsabilité dans l'affaiblissement et la fragilisation des forces patriotiques et démocratiques et dans leur émiettement. Il n'en demeure pas moins que si les forces composant ce camp démocratique ne s'engagent pas immédiatement dans une dynamique correspondant mieux aux exigences et aux aspirations profondes de la société, elles ne feront que confirmer leur soumission à toute démarche imposée par le pouvoir.
Le contexte international et régional, la situation interne au pays ne laissent pas de place aux tergiversations et aux louvoiements qu’expriment les aménagements, à la marge, issus de ce scrutin. Le pays a besoin de changements démocratiques profonds. Une économie basée sur la production de richesses, une politique sociale tournée vers la satisfaction des besoins de la société, la promotion de la société civile comme contre pouvoir, une démocratisation poussée de la culture, l’ouverture des médias lourds, sont autant de facteurs permettant les décantations dans le champ politique et l’émergence d’une classe politique moderne toujours contrariée par le pouvoir qui a interdit le tenue du congrès du MDS à la veille des législatives et refuse de donner la possibilité aux femmes et hommes capables de mener les changements nécessaires d’émerger et de faire jonction avec la société. Pourtant sans transformation du socle constitutionnel de l’Etat pour libérer les citoyens, l’instabilité chronique persistera et les menaces sur l’unité nationale pèseront de plus en plus.
Au terme de ce scrutin, notre Mouvement considère que le pouvoir et la classe politique sont trop coupés de la réalité pour mesurer le degré de gravité de la situation sur tous les plans. Ils donnent la nette impression d'une indifférence aux souffrances de notre peuple. Ils paraissent trop déphasés par rapport aux exigences et ne font que leur tourner le dos. Aujourd'hui, il y a lieu de tirer les leçons de l'expérience. La société, avec ses forces vives : travailleurs, cadres, entrepreneurs, paysans, femmes, étudiants, jeunes, ont tout intérêt a surmonter les approches réformistes et populistes et à ne compter que sur elles-mêmes, pour faire émerger une nouvelle classe politique moderne, une société civile moderne pleine de vie, tournée vers l'action constructive. Il n'y a pas d'autre voie que la voie de la lutte organisée sinon le pays risque de se retrouver dans une situation de révolte spontanée prélude à une déflagration générale dont l’issue serait incontrôlable et d’une extrême dangerosité.
Alger, le 12 mai 2012
Le Secrétaire Général par intérim
Commentaires (2) | Réagir ?
MERCI
C'est qui ce fameux SG ! on a tjr peur de s'afficher communiste et on se permet de critiquer ?
Elle bonne celle là !!!!