Redouane ! Par Si Mohamed Baghdadi
J'ai assisté cet aprés midi à l'hommage rendu à Redouane Osmane, et voici ce que j'aurai voulu lui dire, tout simplement :
Lors de son enterrement j'ai rencontré son père...
Le Père
Le père était au bord de la tombe
Et regardait son fils
Entrer en terre
Pour son dernier voyage…
1
Il regardait Redouane
S'en aller à jamais
Dans le froid de décembre
et son soleil mouillé
2
Habillé de silence
Les yeux fixes et le regard tranquille
Les lèvres closes sur la douleur
qui lui mangeait le foie
et lui broyait le cœur
il regardait son tout petit
devenir bien grand
aux yeux de l'immense foule
qui l'emportait
pour son dernier voyage…
de son tout petit
accompagné
par les youyous des femmes
envolés vers le ciel
comme autant de colombes
porteuses de tous les clairs messages
que seuls les hommes au franc courage
ont su planter dans ta terre Algérie
comme un soc de féconde rupture
de fertile ouverture
3
Le visage sec et anguleux
dévoré par une barbe
qui se riait du temps
le corps noueux
comme branche d'olivier
muré dans le silence
de douleurs que personne ne devine
Le Père était passé
de l'autre côté du monde
pour parler à ce fils
dont tout le monde parlait…
Psalmodies et chuchotis
osselets blanchis
par le temps
roulant de tombe en tombe
pour venir lui narrer de son tout petit
les luttes et les marches rageuses
les rondes et les grèves orageuses…
Pour la première fois il écoutait
une voix que personne n'entendait…
4
Pour la première fois
Il voyait des mains se lever
vers le soleil mouillé
D'un décembre aux désastres annoncés
De temps à autre ….
il entendait
Murmures et litanies rouler
telle une vague pleine
Dans les ressacs du temps …
puis venir s'échouer
Sur la grève
des mémoires oublieuses
De tous les hommes courage
Pourfendeurs d'impostures
Venus s'endormir comme son petit
Dans cette tombe étroite et froide
Pour un si long sommeil…
Pour le première fois il entendait
Tous les messages portés
Par les youyous des femmes
Colombes aux ailes déployées
Par-dessus les impostures
Et les tous les sacs ordures
6
La kachabia des angoisses mortelles
Sur ses épaules frêles
les pieds nus
Dans ses claquettes de plastique bleu
En ce froid de décembre…
Mais le Père n'entendait plus rien d'autre
que son fils lui parler
par delà tous les mensonges du monde
De la vie à l'envers qui allait commencer…
Lorsqu'un homme s'est avancé
Et sur son front a posé une larme
Une seule
Et puis s'en est allé…
S'endormir à côté de Redouane
A jamais [s1] .
S.M.B
[s1]Redouane va reposer dans la tombe de son frère
Commentaires (4) | Réagir ?
Just beautiful thank you
bonjour, un peu tard mais peut-être vais-je trouver ici Mr Baghdadi pour le contacter au sujet de ses poèmes dont j ai déjà deux sur mon site, par ex.
http://poesiedumonde. com/a-te-regarder/
J aimerais ajouter plus, merci pour me lire.
Maria
(Proprietaire Poesiedumonde. com)