Sept otages algériens au Sahel : le Mujao lance un ultimatum à Alger
Les sept diplomates algériens enlevés à Gao sont plus que jamais en danger. Le Mouvement salafiste armé qui les a enlevés menace l'Algérie si ses revendications ne sont pas satisfaites.
Changement de ton du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'ouest (Mujao). Le mouvement islamiste, auteur de l’enlèvement dans le Sahel d’un diplomate algérien et de six de ses collaborateurs, a lancé mardi un ultimatum de "moins de 30 jours" au gouvernement algérien pour satisfaire à ses revendications, a annoncé à l'AFP son porte-parole.
"Nous lançons un ultimatum de moins de trente jours au gouvernement algérien pour satisfaire à nos revendications, sinon la vie des otages sera en grand danger", a déclaré dans un texte écrit adressé à l’AFP, Adnan Abu Walid Sahraoui, porte-parole du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao).
Que s'est-il passé depuis les déclarations rassurantes du ministre des affaires étrangères Mourad Medelci ? Pas grand-chose hormis que les négociations ont manifestement échoué, ce qui met de facto la vie de nos diplomates en danger de mort. Dans cette région incondescente, l'Algérie se doit d'activer tous les réseaux possible pour arriver à libérer ces otages. Et en la matière, en dépit des déclarations peu amènes envers le MNLA, ce dernier peut contribuer ou influer pour une fin heureuse.
Le Mujao, apparu en décembre dernier et présenté comme une dissidence d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) avec des bases dans le nord du Mali, a affirmé le 8 avril être l’auteur de l'enlèvement le 5 avril à Gao (Nord du Mali), du consul d'Algérie et de six de ses collaborateurs.
Pour libérer les otages, le Mujao réclame la libération d’islamistes détenus dans des prisons algériennes, dont le nombre n’est pas précisé, ainsi qu’une rançon de 15 millions d’euros, avait annoncé Adnan Abu Walid Sahraoui le 2 mai à l'AFP. Selon le Mujao, Alger a jusque-là refusé de satisfaire à ces revendications. Cependant, il faut avouer qu'officiellement l'Algérie a toujours refusé de payer les rançons exigées par les ravisseurs. A une exception près, celle des 27 marins enlevés au large de la Somalie pour la libération desquels, une somme d'argent aurait été transférée.
"Les otages sont encore vivants. Le gouvernement algérien connaît nos revendications (...) Il est encore temps de se parler. Après, il sera tard", poursuit le porte parole du Mujao, dans son court message. Le 2 mai, le même porte-parole avait menacé l'Algérie d'un attentat si les revendications de son mouvement n'étaient pas satisfaites: "Vraiment, nous pensons à attaquer l'Algérie, comme l'attentat de Tamanrasset qui a été exécuté par deux jeunes, un Sahraoui et un Malien d'origine arabe", avait-il fanfaronné à l'AFP. Ces deux hommes sont les auteurs d'un attentat-suicide contre une brigade de gendarmerie à Tamanrasset (1.800 km au sud d'Alger) qui avait fait début mars 23 blessés.
Fin avril, le Mujao avait déjà affirmé que "la vie des otages est en danger" après l'échec de négociations avec l'Algérie. "La délégation algérienne (...) a refusé complètement nos demandes, et cette décision mettra la vie des otages en danger", avait alors déclaré Adnan Abu Walid Sahraoui. Le porte-parole du Mujao avait précisé qu'une délégation algérienne avait assisté aux négociations, sans donner de détails sur les revendications de son mouvement.
Le consul d'Algérie et ses six collaborateurs ont été enlevés quelques jours après que la ville de Gao soit tombée sous le contrôle de divers groupes armés islamistes dont le Mujao, Ansar Dine, épaulé par Aqmi, et le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg).
Les trois grandes villes et régions administratives du nord du Mali - Tombouctou, Kidal et Gao - sont toutes tombées aux mains du MNLA rejoint par le groupe islamiste Ensar Eddine. Le Mujao est apparu en amont de ces événements dans ce territoire, profitant de la situation confuse à Gao pour enlever ces Algériens.
Mais le Mujao n'est pas à son premier rapt. Il a soutraité également le 23 octobre 2011 l'enlèvement à Tindouf de trois humanitaires européens : deux Espagnols, dont une femme, et une Italienne. Pour la libération des deux femmes du groupe, le Mujao réclame une rançon de 30 millions d'euros et la libération de deux Sahraouis arrêtés par la Mauritanie. Il est en tout cas évident que ce groupe relève du banditisme de grands chemins que d'un mouvement idéologique. Le salafiste n'est qu'un habillage dans l'ère du temps pour mener ses actions.
Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui occupe désormais une position dominante dans le Nord du Mali, détient également neuf otages européens au Sahel: six Français, un Suédois, un Néerlandais et un Britannique ayant aussi la naiotnalité sud-africaine.
Sofiane Ayache/AFP
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